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VII.

Mais rien ne peut mieux nous inftruire de ce qu'il faut faire dans l'obligation que nous avons de vivre avec les hommes, fans prendre part à leurs déreglemens; que l'exemple des faints, & fur-tout celui du faint des faints. Jefus-Chrift étant envoié de fon Pere pour le falut des pecheurs, étoit obligé de converfer avec eux, de fe trouver fouvent avec le peuple Juif, & de communiquer avec les Pharifiens, les Prêtres & les Docteurs de la Loi, quelques corrompus qu'ils fuffent. Iĺ étoit néceffaire que fa vie toute divine fût expofée à leurs yeux, afin qu'elle pût fervir à éclairer leurs tenebres, & à découvrir à tout le monde leurs crimes, leurs fuperftitions, leur orgueil, leur ambition, leur avarice & leurs autres vices : il falloit que le maître de tous les hommes vêcut en leur compagnie, pour leur enfeigner l'obéïffance qu'ils doivent à Dieu, avec la penitence, la patience, l'humilité, le renoncement à eux-mêmes, le défintereffement & la charité, fans quoi on ne fauroit s'acquitter d'un devoir fi indifpenfable.

16.

Mais il falloit auffi qu'il nous montrât par fon exemple, que pour fe conferver pur & exempt de la corruption du fiecle, il eft néceffaire de préferer la vie de l'ame à celle du corps; de méprifer même celle-ci, d'y renoncer, & de fe réfoudre avec une fermeté inébranlable à fouffrir plûtôt toute forte de maux, jufqu'à la mort même, que de confentir à aucun peché, ou de ne rendre pas témoignage à la véxité, quand la charité que nous devons à notre prochain, ou quelque autre ordre de Dieu nous y engage.

VIII.

Jefus - Chrift n'a vêcu parmi les hommes, que pour obéir à fon Pere, qui l'avoit envoié dans le monde, & qui lui avoit ordonné de leur rendre toute forte de bons offices. Il a rempli de fes bienfaits tous les lieux où il a été, en guériffant les malades

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en

reffufcitant les morts, en chaffant les
demons en convertiffant les ames.
Mais il a été dans le monde comme
s'il n'y eût pas été, puifqu'il n'a pris
aucune part à fes joies, à fes vanitez
à fes divertiffemens, à fes interêts, à

fes affaires, à fes pompes, à fes richeffes & à fes honneurs, non plus qu'à ses maux, à ses afflictions & à fes peines. Il nous a montré dans la maniere dont il s'eft conduit avec les méchans, combien il étoit féparé d'eux en efprit; & pour nous apprendre à nous en féparer en l'imitant, il les a plus aimez, qu'ils ne le haïffoient: il a gémi de leurs maux & il a offert fon fang pour le falut de ceux mêmes qui le répandoient.

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Tous les faints de l'ancien & du nouveau Teftament ont vécu dans le monde comme Jesus-Chrift, fans y être attachez; ils ne s'y font point engagez par leur propre choix, ni par leur inclination, ou par quelque paffion déreglée : ils s'y font tenus dans l'humiliation, dans la pauvreté, dans le mépris & dans la fouffrance; ou s'ils y ont poffedé des richeffes & des grandeurs, ils ont gémi de s'en voir chargez, & ont tâché de s'en fervir felon l'ordre de Dieu; ils ne prenoient de part au monde qu'autant que cela étoit néceffaire pour s'acquitter de leurs devoirs, & confervant toujours un défir fincere de s'en retirer, & s'en retirant en effet de tout leur cœur, auffi

tôt que Dieu leur en donnoit les moiens; enfin ils ne craignoient point de fe le rendre ennemi, parce qu'ils fouffroient les perfecutions avec autant de plaifir, qu'ils avoient d'averfion de fes faveurs.

IX.

Abraham avoit des richeffes, des parens, des amis & une patrie; mais il y étoit fi peu attaché, qu'au premier commandement de Dieu, il quitta tout avec joie pour entrer dans un païs inconnu : & lorfque Dieu lui eut ordonné d'offrir fon fils en holocaufte, il fe prépara très-volontiers à le lui facrifier, quoiqu'il lui facrifiât dans ce fils unique toutes fes confolations & fes efperances.

Jofeph a exercé une fouveraine puiffance dans l'Egypte, avec la même difpofition qui lui a fait fouffrir faintement les perfecutions de fes freres, la fervitude d'un païs étranger, & une très-injufte prifon.

de

Job poffedoit de grands biens, la fanté & des enfans; mais il benit Dieu quand il les perdit, comme il le beniffoit en les poffedant.

Moïfe fut établi juge & législateur

de

de fon peuple; mais ce ne fut ni fon ambition, ni fon avarice, ni aucune autre paffion humaine qui le mit en cette place. Ce fut le feul choix de Dieu, & il ne fe fervit de fon autorité que pour établir la vraie religion parmi ceux qui lui étoient foumis.

,

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Efther étoit reine, & vivoit en reine c'est-à-dire dans la magnificence d'une grande cour; mais dans fon cœur elle déteftoit les ornemens dont elle étoit revêtue, & ne rapportoit toute fa puiffance qu'au falut du ple Juif, pour lequel elle expofa fa vie à la colère d'un roi barbare.

peu

Daniel & trois autres faints Ifraelites ont été élevez à la cour d'un grand monarque; mais ils aimerent mieuxfouffrir d'être expofez aux feux & aux lions que de fe fouiller d'aucun crime, & de ne pas rendre tous les jours à Dieu le culte de leurs adorations, de leurs louanges & de leurs prieres.

X.

On fait pourquoi les apôtres & tant de faints évêques fe font mèlez parmi les hommes, & que le feul efprit de Dieu les y pouffoit, afin de convertir les peuples par leur minif Tome 11.

B

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