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œuvres ; que nos actions les plus fainres ont befoin d'un fel qui les préferve de corruption; & que les ferviteurs de Dieu, quand ils fe font acquittez de leurs devoirs,fe doivent regarder comme des ferviteurs inutiles, qui n'ont rien dont ils fe puiffent glorifier, portant toujours dans eux un fond de corruption,qui les oblige, s'ils veulent le détruire, de confentir à tout ce que les hommes peuvent faire pour les

exercer.

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肉肉

DES

RAPPORTS

&de la conduite qu'y doivent tenir ceux à qui on les fait.

I

I.

Left neceffaire pour le

maintien de la difcipline

dans les maisons religieufes, que les fuperieurs foient informez de tout

ce qui s'y paffe, afin d'y mettre ordre puifqu'ils ne le peuvent faire, fi les particuliers ne les avertiffent de ce qu'ils voyent; c'eft pourquoi dans la plupart des ordres réformez, & furtout dans celui de Cîteaux, les religieux font obligez d'avertir l'abbé des fautes de leurs freres & des entretiens qu'ils ont eus avec eux. On s'engage à l'obfervation de cette regle, lorfqu'on entre dans la religion, & ainfi c'eft un relâchement & un defordre que d'y manquer; mais comme dans ces rapports il fe peut glif fer beaucoup de chofes qui, n'étant pas vraies, font capables de donner de

fauffes impreffions, il faut les écouter en forte qu'on ne fe prévienne point, & en ufer avec beaucoup de prudence: car fans cela ils peuvent caufer de grands maux,& avoir de très-fâcheu¬ fes fuites. Il eft donc bon de fe faire des regles fur un fujet fi important, & de les obferver.

I I.

Il faut que les fuperieurs pour ne fe point laiffer tromper par les rapports, fe rendent également acceffibles à tout le monde,& que chaque particulier fache qu'il fera bien venu auprès de lui, pour l'avertir des chofes qu'il croit lui devoir dire. Il eft même important de prévenir ceux qui par timidité n'auroient pas la liberté de lui parler; parce que s'il n'y a que certaines perfonnes qui puiffent entretenir le fuperieur, tous les autres s'en bleffent, fe perfuadant que ces particuliers fe rendent maîtres de fon efprit, qu'ils lui infpirent leurs fentimens, qu'ils le tournent comme il leur plaît, & qu'ils le préviennent contre ceux "qu'ils n'aiment pas; que s'il les reprend de quelque faute, dont ils ne convien

nent point; & s'il les traite avec plus de féverité qu'ils ne croyent meriter ils ne manquent pas d'attribuer ce mauvais traitement aux rapports peu favorables qu'on lui a faits, & ils dent peu à peu le refpect qu'ils lui doivent, fous prétexte que ce n'eft pas lui qui agit; mais ceux à qui il donne trop de créance.

III.

per

Un fuperieur donc qui n'écoute que de certaines perfonnes, fe fait un extrême tort, car il s'expofe à la haine & au mépris de toute la communauté ; il fe rend coupable des murmures & des revoltes que l'on fait contre lui; il met le trouble & la confufion dans fon monaftere; il expofe les ames qui font fous fa conduite à une mort prefque certaine, & il doit s'attendre que Dieu lui demandera compte de leur fang. Il nuit auffi beaucoup à ceux contre lefquels il fe laiffe préve nir, & encore plus à ceux qu'il prend pour fes confidens : car n'écoutant qu'eux, il leur donne lieu d'employer toute forte d'artifices, de menfonges & de calomnies, pour fe faire valoir B b iij

& fe maintenir dans la place qu'ils ont occupée; il les engage à fe rendre hypocrites, & à fe fervir de diffimulation, de tromperie, de flaterie & de complaifance, pour lui être de plus en plus agréables, en fouffrant qu'ils s'emparent peu à peu de fon autorité : il les met en état de fatisfaire leur paffion, de pouffer &de mortifier ceux qui ne leur plaifent pas, de fe rendre maîtres de toute chofe; & enfin, il eft caufe que ces perfonnes font dans les monafteres, les mêmes defordres que les favoris dans les états, où ils ruinent tout pour procurer leurs interêts.

IV.

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Afin d'éviter de fi grands malheurs, il faut n'avoir ni trop de familiarité,ni aucune attache pour perfonne en particulier;& afin d'en couper les premicres racines, il eft important qu'un fu perieur ne fouffre jamais qu'on le loue, qu'on l'admire, qu'on releve fes actions, qu'on le flate, qu'on s'empreffe à lui rendre des fervices fuperflus qu'on lui procure des foulagemens extraordinaires, qu'on le plaigne trop dans fes maladies, qu'on s'inquiete de

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