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jours raifonnables. Il faut tâcher de les édifier en nous accommodant à leurs foibleffes, & entrer dans les def3. Reg. feins de Dieu, qui comme parle l'E16. 10. criture,leur a commandé de nous traiter avec dureté. Au lieu de nous en bleffer, il ne faut penser qu'à en tirer du profit, & imputer tellement leurs fautes au démon feul, que nous tournions toute notre colere contre cet auteur des diffenfions, & que nous n'ayons que de la charité, & de la douceur pour nos freres.

C'eft à quoi nous engage très-particulierement le befoin que nous avons, que Dieu ufe d'une femblable indulgence à notre égard, & la bonté qu'il a d'en ufer effectivement.

Combien de fois lui avons-nous refufé, ce qu'il nous demandoit par la voix même de fon propre fang, quoique nous ne puiffions douter que cela ne fût très-conforme à la bonne rai fon & à la fouveraine juftice? Que feroit-ce, s'il s'irritoit contre nous pour ces refus, jufqu'à nous abandonner entierement, s'il ne nous traitoit avec mifericorde, s'il n'attendoit avec patience que nous retournions à notre tœur, & s'il ne nous donnoit le loifig

de faire penitence? Il nous preffe de l'aimer de tout notre cœur, de tour notre efprit, de toute notre ame de toutes nos forces; & non feulele foin que

ment nous n'avons pas nous devons de travailler à nous acquitter d'une obligation fi neceffaire fi indispensable & fi avantageuse pour nous; mais encore nous donnons tous les jours au monde, qui eft fon ennemi, ce que fa divine majesté nous demande, & à quoi les faveurs infinies que nous en avons reçûes, & que nous en recevons fans ceffe, nous engagent de plus en plus. Puifque après nous avoir commandé de l'aimer de tout notre cœur, il nous commande encore d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Pourquoi ne fupportons-nous pas les fautes de nos freres avec la même patience, que nous defirons qu'ils fupportent les nôtres,? Et comment la déclaration qu'il nous a faite de nous traiter, comme nous les traiterions, ne nous engage-t-elle pas à exercer envers eux la charité que nous fouhaitons obtenir de lui? Outre qu'elle ne nous permet pas d'y

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ni en

manquer en aucune maniere aucune rencontre, cela nous est enco

re moins permis en des occafions où nous manquerions à ce que nous leur devons d'ailleurs. Lorfque Dieu nous a liez à eux par l'ordre & par la conduite de fa grace, il faut regarder comme des tentations dangereufes, tout ce qui nous porte à rompre de fi facrez liens. On n'abandonne pas une paroiffe où il y a des ames qu'on eft obligé de fervir, & qui profitent de nos foins, parce qu'il y en a d'autres qui décrient notre conduite, ou qui en abusent on ne doit pas même quitter la moindre perfonne en parti culier, fi on eft utile à fon falut, fous prétexte que les gens qui lui appartiennent,n'ont aucun égard pour nous, ni ne font pas difpofez à nous accorder les chofes les plus raifonnables. La regle de Dieu nous oblige d'avoir pour les ames qu'il nous a confiées, une charité élevée au-deffus de tout le bien & de tout le mal que les créatures nous peuvent faire.

S'il étoit permis de fuir en ces occafions, il ne demeureroit aucun bon pasteur dans l'Eglife; mais loin d'abandonner les brebis de Jefus-Christ,' pour quelque ca fe que ce puiffe être, nous devons donner notre vie pour

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elles auffi-bien que nous facrifier aux plus grandes peines en leur faveur. L'avantage de fervir une ame eft fi grand, que le démon ne manque jamais d'exciter des tempêtes, des tra "des tra verfes, des perfecutions & des dégoûts pour nous détourner de cette bonne œuvre; mais il ne faut pas fouffrir qu'aucune tentation interieure où exterieure nous arrache du lieu où la providence divine nous a mis, & où elle veut que nous demeurions avec une fermeté immobile, jufqu'à ce qu'elle nous en retire elle-même. C'est fouvent une marque de fa vocation, quand l'employ dont nous tâchons de nous acquitter nous attire les perfecutions & la haine des perfonnes charnelles : que fi à l'exemple de l'Apôtre, nous portons les ames dans notre cœur, jufqu'à ce que Jefus-Chrift foit formé en elles, & qu'elles foient animées de fon efprit,nous n'aurons garde de nous décharger d'un fi prétieux fardeau, pour quelque confideration que ce foit ; comme auffi nous ne le faurions faire fans mettre notre falut en danger, ni fans trahir notre ministere.

La grace de Jefus-Chrift étant de fa nature ferme, forte, ftable & conf

Eccl. 11.

22.

tante, & tenant quelque chofe de l'immutabilité de fa fource; il faut aussi que les deffeins & les réfolutions qui en viennent, tiennent de sa stabilité; & qu'au lieu de changer en toute rencontre,nous réfiftions aux plus grands orages. Lors donc que dans ces occafions on fent que les paffions fe remuent, & qu'elles font beaucoup de bruit, on ne doit ni les écouter, ni leur répondre, ni raifonner avec elles, mais il faut feulement écouter Diet dans l'entier filence du cœur & de l'efprit : & fi nous fommes bien attentifs à sa voix, nous entendrons fans doute, qu'elle nous ordonnera par les paroles de l'Ecriture fainte, de nous confier en lui, & de demeurer dans la place où il lui a plû de nous met

tre.

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