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» noncé au monde par les vœux de » notre batême, & que nous n'y demeurons plus que comme des étrangers & des voyageurs. Recevons donc avec joie le jour qui nous déli» vrant de cet exil & nous dégageant » des filets du fiécle, nous rétablit dans notre propre demeure & dans le » royaume du ciel. Quel eft l'homme éloigné de fa patrie qui ne fe hâte pas d'y retourner & de recevoir fes amis & fes parens? Nous regardons » le paradis comme notre patrie, & > nous commençons d'avoir les pa» triarches pour nos peres: pourquoi

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ne courons-nous pas pour les aller » faluer au plûtôt, & pour nous rendre inceffamment en notre pais? Un grand nombre de nos amis, de nos proches & de nos freres nous y at» tend & nous y fouhaite, d'autant » plus qu'étant déja affurez de leur im» mortalité, ils font en peine de no» tre falut? Combien fera-ce pour eux » & pour nous un commun fujet de > joie de nous voir & de nous embraf» fer les uns les autres ? Combien eft grand le plaifir & le bonheur dont on jouit dans ce royaume celefte, où » l'on ne craint plus de mourir, & où l'on eft affuré de vivre éternellement.

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C'est-là qu'on voit la glorieufe fo- «< cieté des apôtres, un grand nombre « de prophetes comblez de fatisfaction & & de joie; une armée innombrable de a martyrs couronnez, pour avoir rem- « porté la victoire dans leurs combats c & dans leurs fouffrances; des vierges triomphantes, pour avoir dompté & a • affujetti les paffions de la chair par « une continence forte & vigoureuse; « des perfonnes charitables récompenfées, pour avoir exercé leur liberalité « envers les pauvres,& avoir tranfporté par les mains des mêmes pauvres < les biens de la terre dans les tréfors « du ciel, felon l'ordre de notre Sci« gneur. Hâtons nous,mes chers freres « avec un defir ardent d'aller trouver a cette fainte & heureufe compagnie; fouhaitons de nous joindre bien-tôt à » elle, auffi-bien qu'à J. C. même ; & ∞ prenons d'autant plus føin de faire « voir cette penfee,& ce mouvement à « Dieu dans notre cœur,qu'il accordera » plus de récompense & de gloire à ceux qui auront plus defiré d'aller à « lui. «

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Voilà les inftructions que faint Cyprien donnoit à fon peuple dans le temps d'une grande mortalité; & nous

avons tout fujet de les prendre pour nous, en appliquant aux prétextes de vouloir faire penitence, & aux dangers perpetuels de cette vie, ce qu'il oppofe au prétexte de vouloir confef. fer Jefus-Chrift devant les ennemis de la foi, & ce qu'il reprefente des dangers où étoient les chrétiens durant la perfecution des idolâtres.

SUR LA

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MORT

chrétienne de nos proches & de

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nos amis.

I.

Es plus heureux jours de la vie des faints font ceux qui finiffent leurs combats, & qui les font entrer dans une profonde paix où ils font comblez de tous biens. Comme cela a porté l'Eglife à choifir ces mêmes jours pour en faire des fêtes, que les fideles celebrent avec des cantiques de joie & des actions de graces, ne fommes-nous pas obligez d'entrer dans cet efprit ? Et fi Dieu a fait la grace à quelques-uns de nos freres de fortir de ce monde par une mort chrétienne, loin de nous abandonner à la trifteffe, ne devonsnous pas la moderer, en forte qu'elle nous laisse la liberté de prendre part à la joie de ceux qui font enfin arrivez au ciel pour y poffeder l'heritage que

le pere celefte leur a préparé dès le 'commencement du monde ? Nous ne pouvons affez concevoir quelle eft leur confolation, d'avoir enfin quitté le féjour de cette Babylone, qui eft la mere de toute forte d'abominations, & où ils vivoient dans une crainte continuelle de fe perdre, pour entrer dans la celefte Jerufalem,où ils font admis à une parfaite focieté avec Dieu, & à la jouiffance de tous fes biens. Ils gemiffoient dans un monde, dont ils ne pouvoient éviter la corruption, qu'en haiffant fes tenebres & en s'éloignant de fes pieges, en fuyant fes careffes, en fouffrant fes perfecutions, en veillant fur toutes leurs actions, & en fe faifant une continuelle violence. Ne font-ils pas heureux de voir maintenant ce monde fous leurs pieds, & de jouir de la victoire que Jefus-Christ en a remportée ? N'eft-ce pas un grand gain d'être délivré d'un corps de peché & de mort, qui porte les perfonnes les plus appliquées au foin de leur falut, à faire le mal qu'ils haiffent, & qui les empêche, quelque grande que foit leur vertu, de faire tout le bien qu'ils defirent? Eft-ce donc un malheur de n'être plus malheureux, & de

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