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que

amour, parce qu'il avoit encore quelchofe d'humain, nous a fait des plaies que nous n'avons pû fouffrir fans d'extrêmes douleurs,mettons tout notre foin à purifier cet amour, & à l'élever jufqu'au degré d'une parfaite charité: car alors il ne fera pas plûtôt dans notre cœur, que comme un baume divin, il guerirà toutes nos plaies, & nous fentirons par experience que la charité parfaite ne chaffe pas moins la douleur que la crainte. Quand nous ferons arrivez à cet état, tout ce que nous avons autrefois remarqué dans nos freres, de pieté, d'humilité, de patience, de mortification, fera en nous une impreffion toute nouvelle ; parce que dans le ciel où ils réfident, ces vertus ne font plus mêlées avec les foibleffes & les ombres qui leur ôtoient une partie de leur éclat.

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Il eft vrai que les veritables vertus font toujours les ouvrages de JefusChrist, mais elles ne peuvent être en des hommes mortels, qu'elles ne se reffentent de la foibleffe humaine': notre amour propre s'y mêle infenfible

ment; & quelque foin que nous prenions, pendant toute notre vie, de les préferver de la malignité de ce poifon, nous ne pouvons empêcher qu'elles' n'en reçoivent quelques atteintes; mais les vertus des ferviteurs de Dieu qui vivent en Jefus-Chrift, font remplies de fon incorruption, de fa fainteté & de fa gloire, & elles nous deviendront infiniment plus utiles qu'elles ne nous ont jamais été, fi la foy nous en occupe ferieufement.

IX.

2.1

slamb blup st Il eft certain que la prefence fenfible des perfonnes, mêmes les plus vertueuses ne nous fert de rien; ou parce. qu'ils ne font pas toujours affez appliquez à notre falut pour nous infpirer la pieté; ou parce qu'ordinairement nous ne les regardons que d'une ma niere trop humaine, mais quand ils jouiffent de la préfence de Jefus Chrift,

& que rien ne peut interrompre les defirs ardens & continuels qu'ils ont de notre parfaite converfion; fi nous avons foin de ne les regarder plus fes lon la chair, mais felon l'efprit, & fi nous nous tenons avec eux en la préfence de Jefus-Chrift, nous fentirons

l'efficace de leurs prieres à proportion que nous nous efforcerons de prier.Au lieu donc de nous occuper du regret & de la douleur de ce que nos freres & nos amis ne vivent plus avec nous, ayons foin de mourir à leur exemple à toutes les choses visibles, afin de роцvoir dire comme ces heureux morts, que nous ne vivons plus, mais que Jefus-Chrift vit en nous. Mourons à toutes les foibleffes & à toutes les imperfections qu'ils n'ont plus : ayons les mêmes fentimens du monde & de tout ce qui eft dans le monde qu'en conçoivent les faints; n'ayons comme eux aucune joie, ni aucune trifteffe humaine: acceptons de tout notre cœur, tous les maux & toutes les humiliations que Dieu nous choifit: ne defirons de bien ni de confolation que de la main de Jefus-Chrift: vivons d'une vie toute de foy, toute d'efperance & de charité, & alors nos proches & nos amis qui font morts chrétiennement nous ferons unis d'une maniere toute fainte. Quelque efpace qu'il y ait entr'eux & nous, nous aurons avec eux une focieté plus étroite que lorfqu'ils vivoient avec nous fur la terre; ils ne nous diront dans le fecret entretien

des

que nous aurons avec eux, que paroles de Dieu; & leur langue toute ardente du feu du faint Efprit, n'imprimera dans notre cœur que les mêmes fentimens de verité & de grace, dont ils font remplis.

Qq iiij

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REFLEXIONS

fur ces paroles de l'Ecclefiaftique Souvenez-vous dans toutes vos actions de votre der niere fin, & vous ne pecherez jamais. Ecclef. 7.

I.

Lya un grand nombre de perfonnes dans le monde, qui voyent fouvent des mourans, fans faire réflexion fur euxmêmes & qui vivent comme s'ils étoient affurez de ne mourir jamais : ils regardent dans les autres une vive image de ce qui leur doit bien-tôt arriver, & ils n'en tirent aucune conféquence pour eux-mêmes. La mort des méchans quelque terrible qu'elle foit, ne leur donne point de crainte; & la mort des juftes, qui eft prétieuse devant les yeux de Dieu, ne de Dieu, ne les porte point à les imiter.

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