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chez de fes interêts, & qui font autant détachez de la chair & du fiecle, que s'ils ne vivoient plus dans un corps mortel: ils n'entendent plus de bruit des creatures, tout eft en repos dans leur interieur & dans le profond filence où ils font : ils ne s'occupent que de Dieu; leur efprit eft continuellement attentif à fes veritez, & rien ne peut plaire à leurs yeux que la feule vertu ils ne fe nourriffent que de ce pain celefte : ils y trouvent de faints délices qui les dégoûtent de tous les plaisirs de la terre: & leur bouche ne peut parler que de la plenitude du faint Efprit qui habite dans leur cœur.

XLI.

Mais qui peut nous faire mourir de cette heureufe mort, finon la charité qui eft plus forte que la mort même, e'eft elle qui produit en nous tous les effets d'une mort fainte, qui nous détache de toutes les chofes vifibles pour nous unir à Jefus-Chrift, & qui nous fait mourir à tous les fentimens humains, pour ne vivre plus que de l'amour de celui qui nous a aimez jusqu'à mourir pour nous lorfque nous étions encore les ennemis.

XLII.

pour

Nos prieres pendant cette vie mortelle ne font l'ordinaire que que des gemiffemens de miferables pecheurs, qui connoiffent combien ils font coupables; qui fentent avec douleur les plaies de leur ame; qui tremblent devant le trône de celui qui eft prêt de les juger. Mais préferons ces larmes à toutes les joies du monde, puifque dans un moment Jefus-Chrift les effuyera & les changera en des confolations toutes divines. Lorfqu'il paroîtra dans fa gloire, ceux qui font veritablement aux pompes, aux plaifirs du monde : ceux qui ont été obéiffans à fon exemple jufqu'à la mort de la croix, feront avec lui revêtus d'une immortalité bienheureufe. Prions Dieu que nous foyions de ce nombre, afin que nous chantions des cantiques de louanges à l'honneur de l'agneau fans tache, & que nous mettions à fes pieds les couronnes qu'il nous a meritées.

morts aux vanitez

,

ZAS

492

Jefus Chrift aimant

les hommes, leur

donne

exemple

mour

DE L'OBLIGATION

DE DONNER

L'AUMOSNE.

J

ESUS-CHRIST n'est defcen

du fur la terre que pour y apporter un feu tout divin, & pour embrafer le cœur de fes difciples. Toute fa

de l'a loy n'eft que charité, & nous ne l'accompliffons que quand nous aimons doivent Dieu de tout notre cœur, & notre proavoir les chain comme nous-mêmes.

qu'ils

uns pour

les au

tres,

Ce divin fauveur, pour nous donner l'exemple de ce que nous devons faire les uns pour les autres, s'eft voulu affujetir lui-même à cette loi d'amour. Il nous a aimez les premiers, jufqu'à mourir fur la croix pour notre falut: Il nous a retirez de la mort en mourant pour nous: il a répandu fon fang pour nous en faire naître ; & par une faveur incomprehenfible, il nous a appellez fes freres, & a voulu que nous fuffions en effet les enfans de

Dieu; c'eft cette qualité qui nous donne droit de l'aimer comme notre Pere: & afin que nous lui parlions avec plus de confiance, il nous commande de lui donner ce nom dans la priere que nous faifons tous les jours: Pater nofter qui es in cœlis.

,

Quelles actions de graces lui rendrons-nous pour tous ces bienfaits? Il ne nous demande rien, finon que nous lui donnions amour pour amour, & que nous témoignions la verité de notre amour par celui que nous porterons à nos freres.Il nous preffe de nous aimer les uns les autres, comme il nous a aimez le premier: il desire que nous foyons tous ensemble un même cœur, & une même ame, comme il a voulu être une même perfonne avec nous; & comme il a toûjours été un même Dieu avec fon Pere. Saint Jean nous affure qu'il n'y a que cet amour de nos freres qui foit la veritable marque de merDieu l'amour que nous avons pour Dieu : n'aimons puifque celui-là eft menteur, qui ofe pas nos freres, & affurer qu'il aime Dieu,lequel il ne voit pas, pendant qu'il n'aime pas fon frere les aiavec lequel il converfe. Il n'y a que cet mons point fi amour qui nous puiffe faire connoître nous ne que nous fommes paffez de la mort du les affif

Nous

ne pou

vons ai.

fi nous

nous ne

tons dans

leur pau- peché à la vie de la grace, puifque c lui qui n'aime point fon frere eft encore dans la mort.

vreté.

C'eft conformément à ces maximes, que ce même apôtre dans fon extrême vieilleffe,ne pouvant prefque plus parler, fe contentoit de repeter fans ceffe à fes difciples cette parole: Aimez-VOKS les uns les autres ; & comme ils lui demanderent pourquoi il ne leur difoit toûjours que la même chofe, il leur répondit qu'il n'étoit pas befoin qu'il leur fit d'autre difcours, puifque tout leur falut dépendoit de l'accompliffement de ce feul précepte, qui eft l'abregé de toute la loi.

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Mais,comme dit le même apôtre, ne nous contentons pas de nous aimer feulement de parole & de la langue; aimons-nous par œuvres & en verité. Le premier mouvement que nous donne la charité quand nous aimons nos freres, c'eft de les affifter & de leur faire part des biens que nous avons. L'amour ne peut être avare, & même il eft tellement defintereffé, qu'il ne peut rien poffeder qu'en commun. C'eft pourquoi S. Jean nous affure qu'il eft impoffible, que la charité que Dieu donne, demeure en nous, fi ayant des biens de ce monde, &

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