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extrême foin: Tu mandafti mandata tua cuftodiri nimis. Ce faint prophete ne pouvoit fe fatisfaire dans ce foin; & il voyoit toujours que quelque grand que fût celui qu'il y apportoit, il étoit encore beaucoup au-deffous de celui auquel il fe fentoit obligé.

III.

La pieté veritable & folide confiftant. donc dans cette fidelité à accomplir la loy de Dieu, il en faut tirer la regle fur laquelle il faut examiner tout état interieur, toute maniere de devotion & toute forme de vie; car tous les états, toutes les devotions, toutes les pratiques qui nous éloignent de l'obfervance de nos devoirs font mauvaifes. C'est Dieu même qui le décide expreffément dans l'apôtre faint Jean: Celui, dit-il, qui fe vante de me connoître, & qui n'obferve point mes commandemens, eft un menteur, & la verité n'eft point en lui. La charité de Dieu, dit encore cet apôtre, c'est d'obferver les commandemens: Hac enim caritas Dei ut mandata ejus cuftodiamus.

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IV.

C'eft pourquoi ce faint ne dit pas; que celui qui eft bien recueilli, bien confolé, bien appliqué & qui a de grands fentimens de devotion est juste; il dit que c'eft celui qui accomplit la juftice. De même Fapôtre faint Pier re ne nous renvoye point pour affurer notre vocation c'eft-à-dire, pour nous affurer que nous fommes folidement à Dieu, au fentiment de devotion, au recueillement que nous avons dans nos priores; mais il nous renvoye à nos bonnes œuvres : Ayez foin, ditil, de rendre votre vocation certaine par vos bonnes œuvres.

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V.

Enfin, Jefus-Christ en nous avertiffant dans fon Evangile, qu'il n'y aura que ceux qui auront accompli la volonté de fon Pere, qui entreront dans le royaume de Dieu; & qu'il y en aura plufieurs qui lui diront: Seigneur Seigneur, n'avons-nous pas prophetifé, chaffé les démons & fait des miracles en votre nom; à qui il répon

dra, qu'il ne les connoît pas; nous donne lieu de conclure le même de toutes les autres graces, qui peuvent être feparées de cette fidelité & de cette exacte obéiffance à fes loix, & nous oblige ainfi à ne juger que par-là du véritable état de notre ame.

V I.

Il s'enfuit de là, qu'on ne doit jamais oppofer, ni mettre en balance ce qu'on appelle attrait, avec ce qui eft de devoir; & lorfqu'ils font contraires, il faut renoncer à l'attrait pour fuivre le devoir. Cela ne fe doit pas feulement obferver à l'égard des devoirs generaux & des commandemens communs de Dieu ou de l'Eglife, mais auffi à l'égard des devoirs particuliers qui naiffent de notre conduite & de notre état. Une femme mariée doit préferer ce qu'elle doit à fon mari à tous fes attraits, inftincts, & fentimens. Une mere de famille doit faire de même à l'égard de ce qu'elle doit à fes enLans & à fes domeftiques.

VII.

Gela n'a pas lieu feulement quand
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on a fujet de croire que ces attraits || font purement naturels, & que ce ne font que des fantaisies; mais lors même que l'on a fujet de les prendre pour des mouvemens de Dieu; car ce n'eft pas une confequence neceffaire ni juste. Que fi un état ou un attrait font de Dieu, il les faille fuivre, & n'avoir point de défiance de ce que l'on fait enfuite de cet attrait & de cet état : la raifon en eft, que comme il fe fait dans nos actions un mélange de charité & d'amour propre, il s'en fait un d'attraits de Dieu & de fantaisie ; la fantaisie portant plus loin l'attrait, que la lumiere de Dieu ne le porte.

VIII.

Pour entendre cela, il faut favoir que la lumiere veritable de la foi, par laquelle nous devons regler nos actions, doit comprendre tous nos devoirs: car ce n'eft pas affez de fatisfaire à une vertu particuliere, fi l'on ne fatisfait à toutes; & fouvent ce qui feroit bon en foi, eu égard à une certaine vertu, eft mauvais, parce qu'il choque quelque devoir qui ne nous permet pas en cette occafion de pra

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tiquer cette vertu. Il fe peut donc bien faire que Dieu nous donne un attrait pour une vertu; & que l'amour que nous en avons foit de Dieu; & que neanmoins ce foit un peché de la pratiquer, parce que nous ne le pouvons faire fans manquer à notre devoir; mais il eft vrai alors que ce n'eft pas l'attrait de Dieu qui nous fait pecher, c'eft notre fantaisie & notre précipitation: car la volonté de Dieu dans cette rencontre, étoit que nous confervaffions cet attrait dans le cœur, & que nous en remerciaffions Dieu comme d'une grace qu'il nous faifoit, & que nous agiffions neanmoins felon cet autre devoir qui nous marquoit fa volonté.

IX.

Des exemples éclairciront ce que je viens de dire. Saint Pierre avoit, felon faint Auguftin, un veritable amour de Dieu, lorfqu'il difoit: Quand il faudroit mourir avec vous, je ne vous renoncerai pas; cependant il péchoit par cette promeffe préfomptueufe:l'amour qu'il portoit à Jefus-Chrift étoit bon ̧ fa préfomption étoit mauvaife: la vo

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