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tage: de plus la preuve d'un témoin pofitif & irreprochable qui déclare ce qu'il a vû, étant jointe avec d'autres conjectures fortes, devient abfolument convaincante même felon la rigueur des loix humaines ; & c'eft ce qui fe rencontre : donc cette preuve étoit humainement convaincante.

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Il faut encore remarquer, qu'à proportion que les jugemens font impor tans, ils demandent auffi une plus grande certitude dans ceux qui les portent; car s'il s'agit de foupçonner un homme d'un grand crime, il faut y prendre plus garde, non feulement, parce qu'il eft plus important, mais auffi parce qu'il eft moins vrai-femblable.

Or dans l'occafion préfente, il s'agiffoit d'une chofe très-legere. Ces fortes de jeux par lefquels on prend plaifir à faire chercher les gens, ou à les mettre en peine paffagerement,font ordinaires dans le monde; & les dames croyent avoir plus de droit que les autres d'en ufer: il y a même des perfonnes très-pieufes qui ne fe les interdifent pas;enfin on les compte pour arien, & en effet, s'ils ont quelque chofe de mauvais, ils ont auffi quelque chofe de bon.

Une perfonne qui fe divertit ainfi, témoigne qu'elle n'eft pas poffedée ni de haine, ni de colere; ni des autres paffions, que le monde appelle, malignes; & quoique ce plaifir naiffe d'un fond & d'une racine contraire à une entiere bonté, il exclut neanmoins la grande malignité.

On ne fe divertiroit pas des maux paffagers du prochain, fi l'on étoit parfaitement bon, & l'on ne s'en divertiroit pas auffi fi l'on avoit des paffions entierement mauvaises,comme fi on avoit de la haine pour lui: car la haine & le jeu font incompatibles. La haine eft une paffion ferieule, qui tend triftement à faire du mal. Le jeu témoigne au contraire, une certaine confiance & une envie de fe divertir, dont on n'a pas lieu de craindre beau coup de mal. Il n'étoit donc pas befoin de preuves fi exactes pour foupçonner une perfonne d'un tel défaut : donc ce foupçon dans ces circonstances n'a pas été témeraire:

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Aune perfonne fur le renouvellement des promeffes du batême.

L

A fainteté de l'état of nous fommes entrez par le batême eft fi grande, qu'il n'y avoit que l'efprit de Dieu, qui eft l'auteur de cette divine naiffance, qui nous la pût reprefenter telle qu'elle eft, & nous en marquer toutes les conditions. C'est ce qu'il a fait par la bouche de faint Paul, dans le fixième chapitre de fon épître aux Romains ; & ainfi nous n'avons qu'à bien confiderer fes paroles pour connoître tous les devoirs d'une perfonne batifée, qui font tous renfermez dans le myftere qui l'a confacrée à Dieu. C'est pourquoi tout ce que je ferai, fera de les divifer en quelques points, pour vous les rendre plus intelligibles, & vous donner plus de moien de vous les appliquer dans Ccc

les difpofitions préfentes où Dieu vouṢ a mife.

PREMIERE CONSIDERATION.

Nous tous, qui avons été batisez en JesusChrift, nous avons été batisez en fa mort. Rom. 6. 13.

Cd'un batife d'être mort avec Je'Eft donc la premiere obligation

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fus-Chrift, c'eft-à-dire, de fe confiderer dans toutes les chofes de la terre comme une perfonne morte, qui n'y a plus de part, & qui n'en doit plus avoir de fentiment, regardant indifferemment les biens & les maux du monde, & n'en étant non plus touchée qu'un mort, du bien & du mal qu'on voudroit faire à fon corps. C'eft pourquoi dans la penfée que Dieu vous donne de renouveller les promeffes de votre batême, & d'entrer dans une vie tout-à-fait chrétienne; vous confidererez premierement combien cette infenfibilité à toutes les chofes du monde, eft une haute perfection; & combien il y a peu de perfonnes qui foient vraiement mortes à tout ce qui n'eft point

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Dieu. Cependant c'est une perfection à laquelle generalement doivent tendre tous les chrétiens, comme étant -effentielle au chriftianifme, puifque c'eft le premier engagement où l'on eft entré par le batême, & auquel on doit avoir pour le moins un vrai defir de fatisfaire autant qu'on le peut, fi on ne le peut pas faire autant qu'on le doit.

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Vous confidererez en fecond lieu, que s'il eft difficile en foi de pratiquer cette vertu à laquelle notre batême nous oblige; combien il l'est plus de le faire dans la corruption du monde, qui n'a de vie & de fentiment que pour les chofes aufquelles on doit être mort, & qui regarde comme des ftupides & des infenfez, tous ceux qui font infenfibles à ce qui touche les hommes charnels, & à ce qui fait le fujet de toutes leurs joies & de toutes leurs trifteffes. Sur quoi vous pourrez faire cette proteftation & cette priere à Jefus-Chrift.

On

PRIERE.

Mon fauveur, puifque vous m'a

vez fait la grace d'être batifée

en votre mort, je reconnois l'obliga

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