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Vous

tion que j'ai d'entrer avec vous dans un état de mort, en mourant pour à toutes les chofes de la terre. Je la reconnois, je l'aime & je l'accepte de tout mon cœur. Je vous demande pardon de m'en être jusqu'à prefent fi mal acquittée; je ne défire rien tant que de m'en acquitter mieux à l'avenir: mais je ne fens que trop que j'en fuis entierement incapable fans le fecours particulier de votre grace toute-puiffante. Et je fai bien auffi que le meilleur moien pour fatisfaire à cet indifpenfable, mais très-heureux engagement, feroit d'ajoûter une seconde mort à cette premiere mort du batême, & de quitter effectivement tout ce qui me peut faire prendre quelque part à la vie du monde, à daquelle j'ai renoncé en qualité de chrétienne. Mais vous n'appellez pas tout le monde à une vie fi avantageufe pour le falut. Faites-moi donc connoître-fi vous m'y appellez, ou plûtôt mettez-moi vous-même dans l'état où vous voulez que je fois ; & imprimant dans mon ame le caractere de -votre mort, qui eft le caractere de mon batême, faites que le premier effet de cette mort fpirituelle foit de

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refifter aux mouvemens de votre efPrit faint, qu'un corps mort aux imPreffions de celui qui le remue.

SECONDE CONSIDERATION,

Nous avons été enfevelis avec lui par le batême, pour mourir au peché. Rom. 6. 4.

C

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E myftere enfermé dans le batême, étoit plus clairement mar qué par l'ancienne ceremonie de plonger trois fois dans l'eau ceux que Fon batifoit, pour reprefenter par l'im+ merfion la fepulture de Jefus Chrift avec lequel ils doivent être enfevelis; & par les trois fois qu'on la faifoit, on marquoit les trois perfonnes de la fainte Trinité, & les trois jours que Jefus-Chrift eft demeuré dans le tombeau.

Cela nous apprend, ce me femble, que ce n'eft pas affez à un batifé d'ê tre mort avec Jefus-Chrift, s'il n'est de plus enfevoli & renfermé dans le fepulcre avec Jefus-Chrift. Or la dift ference qu'il y a entre une perfonna morte & celle qui eft dans le fepulcre; c'est que l'une eft encore en quel que forte parmi les vivans, & l'autre

en est entierement feparée ; que l'une n'a plus de part avec le monde, mais que le monde en a encore avec elle, en ce que l'on s'occupe auprès d'elle pour lui rendre les derniers devoirs ; au lieu que l'autre est tellement retranque chée du commerce des hommes,qu'on n'a plus rien à lui faire, & qu'on ne pourroit plus même la regarder fans horreur. Ainfi l'état où doit être une personne batisée, est d'être non-seulement morte au monde, n'aiant aucun fentiment de fes biens & de fes maux, mais encore de vouloir bien que le monde la traite comme une perfonne morte & enterrée, qu'il a mife en oubli, dont il s'eft entierement féparé, & qu'il a rejetté de lui comme une chofe qu'il ne peut fouffrir. C'est l'état où étoit faint Paul, lorfqu'il dit, que le monde étoit crucifié pour lui, & qu'il étoit crucifié pour le monde: mihi mundus crucifixus eft, & ego mundo.

Et c'eft ce qui nous oblige premierement de ne nous plaindre jamais fi le monde nous méprife, puifque c'eft orgueil, & non pas vertu, de vouloir bien méprifer le monde, & de ne vouloir pas être méprifé du monde.

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Secondement de n'exiger jamais qu'on s'applique à nous, comme fr on y étoit obligé ; puifque les perfonnes qui font dans le tombeau ne font plus en état que d'être mifes en oubli; mais demander feulement à Dieu, que comme il eft auffi incapable d'oublier ceux qui font enfevelis avec JefusChrift, qu'il l'a été d'oublier JefusChrift même dans fon fepulchre, il ait foin de nous dans le fond de ce tombeau, & qu'il nous affifte, non par le monde qui eft au-dehors, mais par ceux qui font enfevelis avec nous, & de qui même nous ne devons pas défirer qu'ils nous regardent dans le foin qu'ils auront de nous; mais qu'ils y regardent Dieu feul qu'ils fervent en nos perfonnes.

Troifiémement, cela nous engage à une grande retraite & à une grande folitude pareille à celle d'un mort dans fon tombeau.

Après avoir bien pefé ces chofes, vous pouvez dire à notre Seigneur.

J

PRIERE.

part

E vous rends graces, mon Dieu, de ce que le batême m'a donné non-feulement à votre mort, mais enCcc iiij

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core à votre fépulture; je confens &
je vous promets moiennant votre fain-
te grace, de ne me plus confiderer au
regard du monde, que comme une
perfonne morte & enterrée; mais où
trouverai-je le tombeau dans lequel je
pourrai avoir ce bonheur de m'enseve-
lir avec vous? Je fçai qu'il n'y en a
point de plus affuré que ces heureuses
retraites où s'enferment comme dans
des fepulcres les plus fideles de vos
époufes, qui ne fe croiroient pas affez
mortes au monde, fi elles n'en étoient
autant féparées que les morts le font
des vivans; mais il faut une grande
réfolution pour s'enfevelir ainsi toute
vivante, & il n'y a que votre grace qui
la donne. Donnez-m'en donc le défir,
fi vous m'en voulez donner l'effet; &
j'efpererai que vous m'en donnerez
l'effet après m'en avoir donné le
défir.

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