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tomme en Languedoc, elle eft fouventt assez feche lorfqu'on la recueille; mais dans les pays tempérés, comme la Normandie, la Picardie, &c. il eft effentiel de la faire fécher exactement. Il faut encore observer de ne la point couper qu'elle ne foit mûre, & d'empêcher qu'elle ne fe mouille quand elle eft cueillie: en la cueillant il faut la couper à fleur de terre.

Les Teinturiers regardent la gaude la plus menue & la plus rouffette comme la meilleure ; ils la font bouillir pour teindre les laines & les étoffes en couleur jaune & en couleur verte; favoir, les blanches en jaune d'un bon teint, & en verd les étoffes qui ont été préalablement mifes au bleu. Suivant les Réglements de France les céladons, verd de pomme, verd de mer, verd naiffant & verd gai, doivent être alunés, enfuite gaudés & puis paffés fur la cuve d'Inde : voyez INDE & INDIGO. La gaude eft eftimée en médecine pour réfifter au venin. Sa racine eft apéritive prife en décoction: on l'applique aux bras des fébricitants pendant le paroxifme, pour chaffer la fievre.

GAUDRON ou GOUDRAN. Voyez à l'article PIN. GAYAC ou BOIS SAINT, gayacum, aut guajacum, feu lignum fan&tum. Arbre qui donne un bois très-compacte & très-dur, & qui croît naturellement à la Jamaïque, dans prefque toutes les Ifles des Antilles, & généralement dans la partie de l'Amérique qui eft fituée, fous la Zône torride. Il y a deux efpeces de gayac; l'un à fleurs bleues, l'autre à fleurs blanches dentelées. La premiere efpece de gayac devient un arbre très-grand, sorfqu'il eft dans un bon terrein. Le tronc de cet arbre a peu d'aubier, qui eft pâle; le cœur eft de couleur verte d'olive, foncée & brune: fon bois eft très-folide, huileux, pefant, d'une odeur qui n'eft pas défagréable, d'un goût amer & un peu âcre. Ses branches ont beaucoup de nœuds, ainfi que les petits rameaux qui en portent. Ses feuilles font compactes, d'un verd pâle, & ont en desfous cinq petites nervures: elles n'ont point de queue, fi ce n'eft la côte commune, fur laquelle elles font arrangées. Ses fleurs bleues font en rofe: il leur fuccede un fruit charnu, de la grandeur de Fongle, qui a la fi H. N. Tome III.

gure d'un cœur, un peu creufé en maniere de cuiller; & qui eft de couleur de vermillon. Ce fruit contient une feule graine de la forme d'une olive,

L'arbre du gayac à fleurs blanches croît moins haut que le précédent; fon bois eft auffi folide, mais de couleur de buis. Les fruits de cet arbre font quadrangulaires, comme ceux de notre fufain, & de couleur de cire. Cette feconde efpece de gayac eft très-fréquente dans l'Ile faint Domingue, aux environs du Port de Paix.

Le gayac à fleurs blues & le gayac à fleurs blanches, fleurifient au mois d'avril, & donnent des fruits murs au inois de juin. On ne peut les élever que dans nos ferres; encore faut-il que la graine ait été femée dans leur pays natal, & qu'on tranfporte ici le jeune plant. Le gayac ne croît qu'avec une extrême lenteur, même dans fon pays natal: il ne donne point de réfine dans nos climats. Ses racines font jaunes & fortent beaucoup hors de terre,

Le gayac a été connu en Europe à-peu-près dans le même temps que la maladie vénérienne, par les fecours que l'on en tira contre cette maladie, avant que l'on eût trouvé le fecret de la traiter plus efficacement par le mercure. On affure que dans l'Amérique Méridionale le gayac eft un fpécifique auffi éprouvé contre la vérole , que le mercure l'eft dans nos climats. Nous ne nous fervons de la décoction du bois ou de l'écorce de gayac rapé, que dans le traitement des maladies véné riennes légeres, qui font cenfées n'avoir point infecté la maffe entiere des humeurs, ou du moins n'y avoir répandu qu'une petite quantité de virus qui peut être évacué par les couloirs de la peau : alors ce remede eft un fudorifique très-actif; il convient auffi dans les traitements de diverses maladies chroniques, comme dartres tumeurs froides, adêmes, fleurs blanches, rhumatif me, vieux ulceres humides & fanieux.

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& contient une

Le bois de gayac eft très-réfineux petite quantité d'extrait proprement dit, que l'on peut retirer par décoction; ce qui rend ce bois un excellent fudorifique. L'extrait qu'il donne eft en petite quantité, en comparaifon de la réfine qu'il contient; car à l'aide

de l'efprit-de-vin, on peut retirer deux onces de réfine par livre; au lieu qu'il ne donne qu'un ou deux gros d'extrait.

La réfine que l'on retire ainfi par le moyen de l'efpritde-vin, est toute femblable à celle qui découle naturellement ou par incision de cet arbre dans le pays, & que l'on nomme improprement gomme de gayac. Cette réfine doit être luifante, transparente, brune en dehors, blanchâtre en dedans; tantôt roussâtre, tantôt verdâtre; d'une odeur agréable quand on la brûle, d'un goût âcre: elle excite puiffamment la transpiration infenfible, & eft très-utile dans les maladies de la peau.

Le bois de gayac réduit en copeau & diftillé à feu nud, donne beaucoup d'air, qui briferoit le récipient, fi l'on n'avoit foin de lui donner iffue; par cette opération on obtient une huile empyreumatyque, devenue fameufe, comme étant une des premieres qu'on ait enflammées par le moyen de l'efprit de nitre. Cette huile, qui eft auffi fort âcre, eft recherchée pour faciliter l'exfoliation des os cariés. Voyez l'analyfe du gayac dans le Dictionnaire de Chymie.

GAZELLE, ANTILOPE OU ANIMAL DU MUSC, en latin gazella. C'eft un joli quadrupede à pied fourchu, d'une taille fine, bien prife, & des plus légers à la courfe. Il fe trouve communément en Afrique & aux Indes Orientales. Il y en a de plufieurs efpeces, qui ont des différences entr'elles. Il y a des gazelles d'Afrique qui approchent du chevreuil pour la taille & pour la figure. Ces gazelles ont les oreilles grandes & pelées en dedans, où la peau eft noire & polie comme de l'ébene. Leurs cornes font noires, cannelées en travers, creufes jufqu'à la moitié de leur longueur: elles fe rapprochent, par le bout, comme les branches d'une lyre. Les cornes des femelles font rondes ; mais un peu applaties dans les mâles, & plus recourbées en arriere. On remarque à l'origine de ces cornes une touffe de poil plus long que celui du refte du corps, qui eft court & de couleur fauve. Les Arabes donnent à ces animaux le nom de chevre.

Le gazelles ruminent: elles n'ont point de dents incifives à la mâchoire fupérieure: elles n'ont que deux ma

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melles. En général ces animaux ont les yeux noirs grands, très-vifs & en même-temps fi tendres que les Orientaux en ont fait un proverbe, en comparant les beaux yeux d'une femme à ceux de la gazelle. Les jambes de devant de cet animal font moins longues que celles de derriere, ce qui lui donne, comme au lievre, plus de facilité pour courir en montant qu'en descendant. La plupart font fauves fur le dos blanches fous le ventre, avec une bande brune qui fépare ces deux couleurs au bas des flancs; leur queue eft plus ou moins grande & toujours garnie de poils affez longs & noirâtres. On va à la chasse de ces animaux avec une gazelle mâle & apprivoifée, qu'on mene dans les lieux oùil y a des gazelles fauvages; on lui entrelaffe, dans les cornes, une corde lâche, dont les bouts font attachés fous le ventre; auffi-tôt que cet animal approche d'un troupeau de gazelles, le mâle s'avance pour faire face à ce rival, il préfente fes cornes pour l'attaquer tête contre tête; mais dans les divers mouvements qu'il fait il ne manque pas de prendre fes cornes dans les cordes dont la tête de fon rival eft garnie ; le Chaffeur arrive à l'inftant & s'en faifit fans peine. On prend à-peu-près de même les gazelles femelles.

On voit au Sénégal & fur la Gambra de grands troupeaux de gazelles. Ce font, dit Bofman, les plus charmantes créatures du monde: elles ne font guere plus grandes qu'un lapin; leurs jambes font de la groffeur d'un tuyau de pipe: leurs cornes font auffi très-petites, & d'un noir luifant: elles font fi légeres qu'elles paroiffent voltiger au milieu des buiffons; cependant les Negres en prennent quelquefois pour en manger la chair, qu'ils trouvent affez bonne. Ces animaux, qui ne font que des chevrotins, font trop délicats pour pouvoir être tranfportés dans ce pays-ci : lorsqu'on veut les faire venir on les couvre avec du coton; mais ordinairement à peine ont-ils paffé la ligne qu'ils meurent ; on dit cependant qu'il y en a eu deux vivants au PalaisRoyal à Paris, il y a quelques années. Voyez CHE

VROTIN.

La gazelle des Indes, celle qui donne le bézoard, eft de la grandeur de la chevre domeftique, ou, fuivant

d'autres Auteurs, de la grandeur du cerf: fon poil eft court, & d'un gris mêlé de roux : elle a une barbe fous le menton comme notre chevre : fes cornes font rondes, affez longues, droites, comme garnies d'anneaux prefque du haut en bas, excepté le bout qui eft liffe. Les femelles ont les cornes beaucoup plus courtes que les mâles. On trouve ces gazelles dans la Province de Laar en Perse. Quant à la nature des bézoards que l'on retire de ces animaux, voyez BÉZoard.

L'animal qui donne le mufc, & qui a été regardé par plufieurs perfonnes comme une gazelle, a des caracteres qui lui font particuliers. Cet animal a le poil rude & long, le mufeau pointu & des défenfes à-peu-près comme le cochon ; mais ce qui le distingue de tous ces animaux, c'est une espece de petite bourse placée près du nombril, & qui contient la fubftance appellée mufc. Cette bourse a près de trois pouces de long & deux pouces de largeur, & s'éleve au-deffus du ventre d'environ un pouce: elle eft garnie de poils extérieurement, & intérieurement d'une pellicule qui renferme le mufc, & qui eft garnie de glandes, qui, felon les apparences, fervent à faire la fécrétion : chaque veffie pefe depuis deux gros jufqu'à quatre gros.

Le meilleur mufc eft celui que donnent les mâles, car les femelles ont auffi une poche femblable près le nombril, mais l'humeur qui s'y filtre n'a pas la même odeur; il paroît de plus que cette tumeur du mâle ne fe remplit de mufc que dans le temps du rut; dans les autres temps la quantité de cette humeur est moindre & l'odeur en eft beaucoup plus foible. Le mufc le plus pur & le plus estimé par les Chinois eft celui que l'animal laiffe couler fous une forme grainelée & onctueufe fur les pierres ou le troncs d'arbres contre lefquels il fe frotte, lorfque cette matiere devient irritante ou trop abondante dans la bourfe où elle fe forme. Le mufe qui fe trouve dans Ja poche même eft rarement auffi bon, parce qu'il n'est pas encore mûr, ou bien parce que ce n'eft que dans la faifon du rut qu'il acquiert toute fa force & toute fon odeur, & que dans cette même faison l'animal cherche fe débarraffer de cette matiere trop exaltée qui lui caufe

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