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foc, qui porte des baies rougeâtres, & d'un goût peu favoureux: Juniperus major bacca rubefcente. On diffille fon bois dans la cornue, & on en retire une huile fétide, que les Maréchaux emploient pour la galle & les ulceres des chevaux. On la nomme Huile de cade; Cedraleum. Cetre forte d'huile effentielle eft ufitée dans plufieurs de nos Provinces méridionales pour les maladies extérieures des beftiaux, & fur-tout dans la maladie éruptive des moutons, appellée Petite-vérole ou Picot. Voyez CADE & CEDRIA. Cette huile eft véritablement cauftique ; fi l'on en touche l'intérieur d'une dent creuse, elle cautérife le nerf & calme la douleur ; mais fi l'on continue à l'appliquer, elle fait bientôt tomber la dent en pieces. Quelques-uns ont ofé la donner intérieurement, contre la colique & les vers; mais on ne peut avoir recours à ce remede fans témérité.

Le GENEVRIER D'ASIE A GROSSES BAIES, Juniperus Afiatica latifolia, arborea, cerafi fructu, n'est qu'une variété du genevrier précédent.

On cultive, avec fuccès, en Angleterre, les genévriers de Virginie & des Bermudes: ils s'élevent jufqu'à vingtcinq pieds de haut, & croiffent fort vîte, lorfque les quatre premieres années font paffées, & qu'on en a pris bien foin. Ces arbres réfiftent au plus grand froid de ce climat. On les multiplie de graine qu'on retire de la Caroline. Le bois de ces efpeces de genévriers tire fur le rouge, & abonde en réfine d'une odeur exquife.

On honore communément le bois de genévrier, furtout celui des Bermudes, du nom de Bois de cedre, quoiqu'il y ait dans la Grande-Bretagne d'autres bois de ce même nom, qui viennent d'arbres bien différents & originaires des Indes occidentales; cependant c'eft du bois de ces efpeces de genévriers, qu'on fait en Angleterre des boiseries, des efcaliers, des lambris, des commodes & autres meubles. La durée de ce bois l'emporte fur tous les autres, ce qu'il faut peut-être attribuer à l'extrême amertume de fa réfine, qui le défend contre l'attaque des vers. On l'emploie en Amérique à la conftruction des vaiffeaux marchands; c'eft dommage qu'il ne convienne pas à la bâtiffe des vaiffeaux de guerre, parce qu'il eft fi caffant qu'il fe fendroit au premier coup de canon.

GENICE ou GENISSE, Juvenca. Eft la petite & jeune vache, qu'on appelle ainfi jufqu'à deux ou trois ans, ou jufqu'à ce qu'elle foit livrée au taureau: voyez for article au mot TAUREAU.

GENIEVRE: voyez GENÉVRIER.

GENIEVRE DOUX, est une espece de camarigne :

voyez ce mot.

GENIPANIER : voyez JANIPABA.

GENISTELE, Geniftella. Plante qui differe du genêt, en ce que fes feuilles naiffent l'une de l'autre, & font comme articulées ensemble: voyez GENÊT.

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GENS-ENG, ou GINS-ENG ou GING-SENG. Les Naturaliftes & les Botaniftes n'ont point encore décidé fi le gens-eng & le ninzin font deux plantes différentes, ou une feule & la même: peu des Voyageurs qui ont été en Chine & au Canada, où ces plantes croiffent, fe trouvent d'accord entr'eux. M. Geofroi, dans fa Matiere Médicale, Tome II, pag. 192, dit que ces plantes font de différent genre, & qu'elles ne fe reffemblent que pour la figure & les vertus. Il dit auffi que les Médecins de l'Europe font peu d'ufage de ces plantes ; & que la racine du gens-eng coûte beaucoup plus que celle du ninzin. Nous avons confulté tout ce qu'on a écrit à ce fujet, & nous préfenterons au Lecteur l'extrait de ce qu'on lit dans les Lettres édifiantes & curieufes, Tome X, pag. 172 ; dans le petit Ouvrage du P. Lafiteau, adreflé au Régent de France en 1718; & dans la Thèse de Médecine de M. Vandermonde, foutenue dans les Ecoles de la Faculté de Paris en 1736. Nous joindrons donc, à la fuite du genseng, la defcription du ninzin, afin que le Lecteur puiffe les comparer & en porter fon jugement. Nous y ajouterons la maniere d'en préparer les racines, les lieux où elles croiffent, l'ordre & la méthode qu'obfervent ceux qui vont les ramasser.

Defcription du Gens-Eng.

Cette plante, que les Chinois nomment Pet-Si, & les Iroquois Garentoguen (ces mots fignifient dans les deux Langues cuiffes d'homme), eft connue en France depuis que les Ambaffadeurs de Siam en appporterent à Louis XIV. Le gens-eng a une racine de deux pouces de

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fongueur, & à peu près de la groffeur du petit doigt, un peu raboteuse, brillante, & comme demi-tranfparen te, le plus fouvent partagée en deux branches, quelquefois en un plus grand nombre, fibreuse vers la base rouffeâtre en dehors & jaunâtre en dedans; d'un goût légerement âcre, un peu amer & aromatique ; d'une odeur d'aromate, qui n'eft pas défagréable. Le colet de la racine est un tissu tortueux de noeuds où font imprimés obliquement & alternativement, tantôt d'un côté & tantôt de l'autre, les veftiges des différentes tiges qu'elle a pouffées chaque année. La tige du gens-eng eft haute d'un pied: elle eft unie, & d'un rouge noirâtre. Au fommet de la tige naiffent trois ou quatre queues creusées en gouttiere, & difpofées en rayons, chargées chacune de cinq feuilles inégales & dentelées; la côte qui partage chaque feuille jette des nervures qui s'entrelacent. Du lieu où les feuilles prennent naiffance, s'éleve un pédicule fimple, nud, d'environ cinq à fix pouces de long, terminé par un bouquet de petites fleurs, dont le calice eft très-petit; les pétales & les étamines font au nombre de cinq; le style de la fleur eft furmonté d'un ftygmate, & pofé fur un embrion arrondi, qui, en mûriffant, devient une baie fphérique, cannelée, couronnée & partagée en trois ou quatre loges, qui contiennent chacune une femence applatie & en forme de rein.

Si l'on en croit l'ouvrage Chinois intitulé, Pen-SauKam-Mou-Li-Tchi-Sin, les vertus de la racine du genséng font admirables: les Afiaftiques croient qu'elle est une panacée fouveraine, & les Chinois y ont recours dans toutes leurs maladies, comme à la derniere reffource: leurs Médecins ont écrit des volumes entiers fur ce fpécifique, qu'ils décorent du titre de Simple spiritueux d'Efprit pur de la terre, & de Recette d'immortalité. Mais citons quelques-unes des propriétés de cette racine : point de diarrhée, de foibleffe d'eftomac, de dérangement d'inteftins, d'engourdiffement, de paralyfie, de convulfions, qui ne cedent au gens-eng : cette racine, felon eux, eft merveilleuse pour réparer, d'une maniere furprenante, les forces affoiblies, augmenter la refpiration, ranimer les vieillards, & même les agonifants, retarder la mort, affermir la moëlle des os & tous les membres,

enfin, pour réparer dans un instant la perte que procua rent les plaisirs de l'amour, & les infpirer auffi-tôt -pourvu qu'on mange & boive fobrement: cette reftriction nous paroît affez judicieufe & être de tous les pays. Il est étonnant qu'on n'ait pas auffi ajouté à ce panégyrique du gens-eng la propriété de guérir les maladies vénériennes. Les Médecins Hollandois le recommandent dans les convulfions, la fyncope, les vertiges, & pour fortifier la mémoire: mais il faut prendre garde d'en faire trop d'ufage, car il allume le fang: c'eft pourquoi on l'interdit aux jeunes gens & à ceux qui font d'une conftitution chaude: au refte la cherté & rareté de cette racine font qu'on en ufe peu.

Defeription du Ninzin.

Le ninzin differe du gens-eng en ce qu'il naît au Japon & dans la Corée, qu'il eft plus épais, plus mol, creux en dedans, & beaucoup inférieur en propriétés.

Kæmpfer dit que la plante du ninzin étant encore jeune, n'a qu'une petite racine fimple, femblable à celle du panais, de trois pouces de long, de la groffeur du petit doigt, garnie de quelques fibres chevelues, charnue blanchâtre, entrecoupée de petits anneaux, & partagée quelquefois en deux branches, d'où lui eft venu le nom de Nin-zin, qui fignifie plante, dont la racine a dans la terre la figure des cuiffes d'un homme : cette racine a le goût du chervi & l'odeur du panais. Cette plante devenue plus forte, eft haute d'un pied; fa racine eft fouvent double, bien nourrie: du colet de fes racines naiffent des bourgeons qui par la fuite deviennent des tiges, & des tubercules qui fe changent en racines: la tige s'éleve à la hauteur de deux pieds ou environ, & eft prefque groffe comme le petit doigt, cannelée, géniculée & pointillée tout au tour comme dans le rofeau; de chacun de fes nœuds, il fort des rameaux. Cette tige eft folide dans sa bafe; mais elle eft creuse dans le reste ainfi que fes rameaux : les feuilles qui embraffent les nœuds font légerement cannelées & creufées en gouttiere, fort semblables à celles de la berle & du chervi: dans le dernier ac

croiffement de la plante elles font découpées en trois lobes. Les bouquets de fleurs qui terminent les rameaux

font

font garnis à leur bafe de petites feuilles étroites & difpofées en parafol. A chaque fleur fuccede un fruit qui, en tombant, fe partage en deux graines cannelés applaties d'un côté, nues, femblables à celles de l'anis d'un roux foncé dans leur maturité, ayant le goût de la racine, avec une foible chaleur. Dans les aiffelles des rameaux naiffent des bourgeons arrondis, de la groffeur d'un pois, verdâtres, charnus, d'un goût fade & douceâtre, lefquels, lorfqu'on les plante ou qu'ils tombent d'eux-mêmes fur la terre, produifent des plantes de leur genre.

Le ninzin eft, après le gens-eng & le thé, la plus célebre de toutes les plantes de l'Orient, à caufe de fa racine qui a beaucoup d'utilité. La plante ninzin, qu'on a apportée de Corée dans le Japon, & que l'on cultive dans les jardins de la Ville de Meaco, y vient mieux que dans fa propre patrie, mais elle eft prefque fans vertu : il en eft à-peu-près de même du gens-eng. Le ninzin qui naît dans les montagnes de Kataja (dans la Province de Siamfai) & dans celles de Corée, où l'air eft plus froid, dure plus long-temps; fa racine eft vivace, mais les feuilles tombent en automne : dans le Japon elle produit plu tôt des tiges chargées de graines, & elle meurt le plus fouvent en un an. Dans le Canada, où elle eft appellée Garent-ogen, elle eft affez nourrie. Les Japonois & les Chinois prétendent que les principales vertus de la racine ninzin font de fortifier & d'engraiffer; ils en font entrer dans tous leurs remedes au défaut du gens-eng, principalement dans tous les cordiaux; mais avant que d'en faire ufage, on le prépare comme le gens-eng.

Récolte du Gens-Eng, & fon débit en Chine, &c.

On ramaffe le ninzin & le géns-eng au commencement de l'hiver. Lorfque ces temps approchent, on met des gardes dans toute l'entrée de la Province de Siamfai, pour empêcher les voleurs d'en prendre..

Les lieux où croiffent les racines du gens-eng font entre le trente-neuvieme & le quarante-feptieme degré de latitude feptentrionale, & entre le dixieme &ie vingtieme degré de longitude orientale, en comptant depuis le méridien de Pekin: c'est dans ce vaste intervalle qu'on déH. N. Tome III;

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