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GIBOULÉE. On appelle ainfi une ondée de pluie froide & très-agitée. Voyez PLUIE.

GIBOYA. C'eft le plus grand de tous les ferpents du Brefil; il a jufqu'à vingt pieds de longueur, & eft fort beau il a fous le ventre & fous la queue des bandes écailleufes, la tête couverte de petites écailles, & lạ queue fans appendices : ce ferpent eft fi grand qu'on lui a yu engloutir d'affez gros animaux entiers; fes dents font fort petites, eu égard à la grandeur de fon corps, Lorfqu'il veut furprendre des bêtes fauvages, il se tient à l'écart & auprès des fentiers, puis fe jettant fur celles qui paffent, il les entortille de maniere qu'il leur caffe les os; après quoi, à force de les mâcher, il les amollit affez pour pouvoir avaler l'animal tout entier. Ce ferpent n'eft point venimeux. On foupçonne que ce ferpent differe peu du Boiguacu de Marcgrave, du Conftrictor ou Etouffeur de Kempfer, du Jaboya de Laët, & peut-être du Pimperah de Seba, & même de ceux défignés fous les noms de Reine des Serpents, d'Anacandaia & de Serpent Stupide.

GIFT-MEHL. Nom que les Mineurs Allemands donnent à la farine empoisonnée (fubftance arfenicale) qui se dégage du cobalt, lorfqu'on le grille pour en faire du fafre. Voyez ARSENIC & COBALT

GINGEMBRE, Gingiber. Dans le commerce de l'épi, cerie on donne ce nom à une racine feche que les Indiens appellent Zingibel, & qui eft tuberculaire, noueu¬ fe, branchue, un peu applatie, longue & large comme le petit doigt; la fubftance en eft réfineufe, un peu fibrée, recouverte d'une écorce grife, jaunâtre ; la chair de Ja racine eft rouffâtre, brune, d'un goût très-âcre, brûlant, aromatique comme le poivre, d'une odeur forte, affez agréable. On nous l'apporte feche des Ifles Antilles, où elle eft préfentement cultivée ; mais elle eft originaire de la Chine, du Malabar, & de l'Ile de Ceylan : le gingembre de la Chine paffe pour le meilleur.

La plante que cette racine porte, a, felon le P. Plumier, une efpece de rapport avec le rofeau; elle pousse ttois ou quatre petites tiges rondes & groffes comme le petit doigt d'un enfant, renflées & rouges à leur bafe verdâtres dans le refte de la longueur. Parmi ces tiges.

les unes font garnies de feuilles, les autres fe terminent en une maffe écailleufe; celles qui font feuillées ont environ deux pieds de hauteur, & ne font formées que par la partie des feuilles qui s'embraffent; les feuilles font en grand nombre, alternes, épanouies en tout fens, & femblables à celles du rofeau, mais plus petites. Les petites tiges qui fe terminent en maffe, ont à peine un pied de hauteur: elles font entourées & couvertes de petites feuilles verdâtres, & rougeâtres à leur pointe. La masse qui termine chaque tige, eft d'une grande beauté ; car elle est toute compofée d'écailles membraneufes, d'un rouge doré, ou verdâtres & blanchâtres; de l'aiffelle de ces écailles, fortent des fleurs qui s'ouvrent en fix pieces aiguës, en partie pâles, & en partie d'un rouge foncé & tacheté de jaune : les fleurs durent à peine un jour, & s'épanouiffent fucceffivement l'une après l'autre. Le piftil qui s'éleve du milieu, fe termine en maffue, ce qui a donné lieu à quelques Botanistes d'appeller la plante du gingembre, petit rofeau à fleur de maffue. La bafe du pistil devient un fruit coriace, oblong, triangulaire & trois loges remplies de plufieurs graines.

Les maffes ont une vive odeur. Cette plante ne vient en Europe que dans les jardins, où on la cutive. Elle naît également par la culture dans les deux Indes. Nous avons déjà dit qu'elle n'eft point naturelle à l'Amérique ; elle a été apportée des Indes Orientales ou des Ifles Philippines dans la Nouvelle Espagne & dans le Brefil: ceux qui la cultivent en laiffent toujours quelques rejettons, afin qu'elle multiplie de nouveau : au défaut de ces rejettons, on en feme la graine dans une terre graffe, humide & bien cultivée.

On ramaffe tous les ans une immenfe quantité de racines de gingembre, fur lefquelles les fleurs ont feché, ou quatre mois après qu'on a planté des morceaux de fa racine ; & en ayant ôté l'écorce extérieure, on les jette dans une faumure, pour y macérer pendant une ou deux heures (on les fait bouillir dans les environs de Cayenne :) on les retire de cette leffive, & on les expose autant de temps à l'air & à l'abri du soleil; enfuite on les place à couvert fur une natte, jufqu'à ce que toute l'hu

midité foit diffipée ; quelquefois on les met à l'étuve. -^ Les Indiens rapent la racine de gingembre, dans leurs bouillons, leurs ragoûts & leurs falades ; ils en font une pâte pour le fcorbut. Les Madagascariens, les Hottentots & les Philippiniens en mangent en falade les racines vertes, coupées par petits morceaux, avec d'autres herbes affaifonnées de fel, d'huile & de vinaigre. A Cayenne, ces racines fraîchement cueillies fe fervent fur table comme des raves: il n'y a d'autre apprêt que de les bien laver. Les Brefilois en ufent en mafticatoire, comme d'un puiffant prolifique : ils ont auffi coutume de les confire avec du fucre, lorfqu'elles font fraîches, pour les fervir an deffert, & fur-tout pour réveiller l'appétit aux convalefcents. On en fait aujourd'ui des marmelades & des pâtes. On nous en envoie en Europe de préparées ainfi ; leur couleur eft jaune, & le goût en eft affez agréable. Cette confiture eft d'ufage fur mer.

Les Indiens regardent le gingembre récent, comme un fpecifique pour les coliques, la lienterie, les vieilles diarrhées, les vents, les tranchées, & les autres maux de cette nature: ils en mâchent pour faciliter le crachement, quand les rhumes font opiniâtres. Il eft reconnu que cette racine réchauffe les vieillards, donne ce que les Médecins appellent pudiquement la magnanimité fortifie l'eftomac, aide la digeftion, & qu'elle fortifie la mémoire & le cerveau. C'eft un bon carminatif & alexipharmaque, qui excite puiffamment à l'amour; mais il faut en modérer l'ufage, lorfqu'on a le fang trop bouillonant, car il allume plutôt le fang que de l'appaiser.

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Le gingembre eft la bafe des épices: on dit que plufieurs Epiciers s'en fervent pour falfifier le poivre. On donne le nom de Gingembre sauvage à la Zédoire. Voyez

ce mot.

En général, les plantes de la famille des gingembres, telles que le coftus, le curcuma, le pacoceroca, le karatas, Fananas, le mufa, &c. font toutes, comme les palmiers, étrangeres à l'Europe, & particulieres aux climats les plus chauds elles font vivaces feulement par leurs ra-cines, qui font charnues, traçantes, fibreufes, comme géniculées ou annelées. Les jeunes pouffes forment aux

Extrémités des racines une espece de tubercule conique, touvert d'écailles imbriquées, & qui ne font, comme dans les palmiers & les gramens, que des appendices de feuilles imparfaites. Leur tige eft ordinairement fimple & fans ramifications, leurs feuilles fans dentelures. Leurs fleurs font hermaphrodites, difpofées en ombelle ou en épi, ou en pannicule, portées fur un pédicule écailleux, accompagnées d'écailles fort différentes de la fpathe ou graine des palmiers. Leur pouffiere fécondante eft compofée de globules affez gros, blanchâtres & luifants. GINGLIME: voyez à la fuite de l'article COQUILLE. GINS-ENG: voyez GENS-ENG.

GIRAFFE, Giraffa. La plupart des Auteurs ont donné ce nom au Caméléopard & au Panthere. Voyez ce que nous en difons à l'un & à l'autre articles.

GIRARD-ROUSSIN : voyez CABARET.

GIRASOL, Solis gemma. C'est une pierre précieuse, demi-transparente, toujours laiteufe ou calcédonieufe, plus ou moins refplendiffante, donnant un éclat foible de bleu & de jaune, ou des couleurs de l'arc-en-ciel, ou de jaune doré; réfléchiffant, lorsqu'elle eft taillée en globe ou demi-globe, les rayons de la lumiere de quelque côté qu'on la tourne, mais plus foiblement que l'opale. On eft incertain fi la pierre girafol eft une espece de Cristal laiteux, ou une efpece d'Opale, ou une efpece de Chalcédoine. Voyez ces mots.

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Les pierres de girafol varient par la dureté & par la beauté des couleurs qu'elles chatoient. Les plus belles dont la teinte eft d'un blanc laiteux, mêlé de blanc & de jaune bien diftribués, font réputées Orientales: elles font auffi plus dures que l'opale. Celles qui font tendres, inégales & foibles en couleur, font Occidentales.. Ces fortes de pierres précieuses fe trouvent en Chypre, dans la Galatie, dans la Hongrie & dans la Bohême. On les trouve quelquefois, avec les opales, dans une pierre ten dre, rouffâtre & tachetée de noir. On a nommé cette pierre Girafol, des mots Italiens Girare (Porter) & Sol (Soleil), comme qui diroit Pierre qui porte les rayons du Soleil. La Pierre du Soleil des Turcs (Gufguneche), eft ane efpece d'Eil de chat, chatoyant, d'une couleur verpatre & foncée. Voyez IL DE CHAT.

GIRAUMONT : voyez CALALOU.

GIRAUFIAGARA ou AVALEUR D'ŒUFS. Ôn donne ce nom à un ferpent des Indes Occidentales, noir, long, & dont la poitrine eft jaune : il faute très-leftement fur les arbres, & y dépeuple les nids des oifeaux.

GIRELLA ou POISSON DEMOISELLE, Julia. Ort le nomme auffi Poiffon gourmand. C'eft un poiffon faxa tile, qui vit en troupe, & dont il eft parlé à l'article DONZELLE. Voyez ce mot.

GIROFLADE DE MER. Rondelet dit que c'est une efpece de Zoophyte, qui vient dans les rochers : il eft d'une fubftance dure; ;fa peau eft rouge, trouée comme un crible, & imitant les feuilles frifées de la laitue pom mée. Gefner penfe que c'est une Efcare.

GIROFLE ou GEROFLE, ou CLOU DE GÉRO FLE, Cariophyllus aromaticus. Ce font de petits fruits aromatiques de l'Inde, ou plutôt ce font les embryons des fleurs defféchées du giroflier. Ces efpeces de fruits font longs de fix à huit lignes, prefque quadrangulaires, ridés, d'un brun noirâtre, ayant la figure d'un clou ; leur fommet eft garni de quatre petites pointes en forme d'étoiles, ou répréfentant une espece de couronne à l'antique: il s'éleve, au milieu de ces pointes, une tête de la groffeur d'un très-petit pois; cette tête eft formée de petites feuilles appliquées les unes fur les autres en maniere d'écailles, qui, étant écartées & ouvertes, laiffent voir plufieurs fibres rouffâtres, au centre defquelles il s'éleve dans une cavité quadrangulaire un style droit, de même couleur, qui n'eft pas toujours garni de fa petite tête, parce qu'elle fe détache fouvent lorfqu'on tranfporte les clous de girofle : c'eft ce bouton que quelquesuns appellent le fuft du clou de girofle. On apperçoit facilement toutes ces particularités en laiffant macérer pendant quelques heures un clou de girofle dans de l'eau tiede alors on reconnoît que les clous de girofle font tout à la fois le calice, le bouton des fleurs, & les embrions des fruits.

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Les clous de girofle font pefants, gras, d'une odeur excellente, & d'une faveur fi mordicante qu'elle brûle les papilles nerveufes & la gorge. Si on les met en preffe il en fort une humidité huileufe,

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