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lineale, à la connoiffance de l'intervale qui eft entre deux objets, diverfement éloignez, s'il n'eft aidé du raifonnement qu'on tire de la Perfpective aerienne, qui confifte dans l'affoibliffement des couleurs..

CHAPITRE CCCL V. · De l'effet de la distance des objets.

DANS un objet la partie qui fe trouvera plus proche du corps lumineux, d'où il prend fon jour, en fera plus fortement éclairée, l'image des chofes dans l'éloignement, perd autant de degrez de force, qu'il y a de degrez d'éloignement; c'eft-à-dire, qu'à proportion que la chofe fera vûe de plus loin, elle fera d'autant moins fenfible à l'œil & moins connoiffable au travers de l'air.

CHAPITRE CCCLVI.

De l'affoibliffement des couleurs, & de la diminution apparente des corps. Il faut obferver que la teinte des couleurs s'affoibliffe & fe décolore, mefure que les corps que l'on peint diminuent par l'éloignement.

à

CHAPITRE CCCLVII.

Des corps tranfparents qui font entre l'œil & fon objet.

PLUS un corps tranfparent fitué entre l'œil & fon objet, eft grand, & plus il occupe d'efpace, plus auffi la ouleur de l'objet fera changée & ransformée en une couleur femblable

celle du corps tranfparent. Quand l'objet vient le rencontrer entre l'œil & la lumiere, vis-à-vis de la ligne centrale qui s'étend entre le centre de la lumiere & de l'œil, alors cet objet fe trouve entierement privé de lu

miere.

CHAPITRE CCCLVIII.

Des drapperies qui couvrent les figures, de la maniere de jetter les plis. LES drapperies, dont les figures font habillées, doivent être tellement accommodées dans leurs plis, autour des membres qu'elles couvrent, qu'on ne voie point de plis avec des ombres fort obfcures dans les parties de ces drapperies, qui font éclairées du plus grand jour, & que dans les lieux qui

font couverts d'ombre, il ne s'y rencontrent point auffi de plis qui prennent une lumiere trop vive, & que les contours & la maniere des plis fuive & reprefente en quelques endroits la forme du membre qu'ils coitvrent: prenez bien garde auffi de ne point faire de ces faux contours trop rompus, qui détruifent la forme du membre, en pénétrant dans le vif par des ombres trop cochées & plus profondes que ne peut être la fuperficie du corps qu'elles couvrent; mais qu'en effet la drapperie foit accommodee & jettée de telle forte, qu'elle ne paroiffe pas un habillement fans corps; c'està-dire, un amas d'éroffes,ou des habits dépouillez & fans foûtien: comme on le voit faire à plufieurs Peintres,qui fe plaifent tant à entaffer une grande quantité de plis, qui embaraffent leurs figures, fans penfer à l'ufage pour lequel ces étoffes ont été faites, qui eft d'habiller & de couvrir avec grace les parties du corps fur lefquelles elles font, & non pas de l'en charger & de l'en accabler, comme fi ce corps n'étoit qu'un ventre, ou que tous fes membres fuffent autant de veffies enées fur les parties qui ont du relief.

Je ne veux pas dire neanmoins que l'on doive negliger de faire quelques beaux plis fur les drapperies; mais il faut qu'ils foient placez & accommodez judicieusement aux endroits de la figure, où les membres, par la pofition ou par l'action qu'ils font entr'eux, ou par l'attitude de tout le corps, ramaffent cette drapperie; & fur tout qu'on prenne garde dans les hiftoires & dans les compofitions de plufeurs figures, d'y apporter de la varieté aux drapperies; comme fi l'on fait en quelques uns de gros plis, à la maniere des draps de laine fort épais, qu'on en faffe auffi en quelques autres de plus ferrez & de plus menus; comme font ceux d'une étoffe fine de foïe, avec des contours,les uns plus droits & plus tranchez, les autres plus doux & plus tendres.

CHAPITRE CCCLIX. De la nature, & de la varieté des plis des drapperies.

BEAUCOUP de Peintres fe plaifent à faire leurs drapperies fort cochées avec des angles aigus, & d'une maniere crue & tranchée; d'autres fuivent une

maniere plus douce, & leur donnent des angles prefque infenfibles; quelques-uns les font fans aucuns angles, fe contentant de donner aux plis quelque peu de profondeur.

CHAPITRE CCCLX.

Comment on doit ajuster les plis des drapperies.

LA partie d'une drapperie qui fe trouvera plus éloignée du lieu où elle eft contrainte de faire des plis,reviendra toûjours à fon état naturel. Toute chofe defire naturellement de fe conferver en fon être; par confequent une étoffe qui eft d'une égale force & d'uneégale épaiffeur au devant, & au revers tâche de demeurer plate; c'eft pourquoy lorfqu'elle eft contrainte par quelque pli de quitter fa forme platte, on remarque dans le lieu de fa plus grande contrainte, qu'elle s'efforce continuellement de revenir en fon état naturel; de forte que dans la partie la plus éloignée de cette contrainte elle fe trouve plus approchante de fon premier état; c'est-à-dire, plus étendue & plus dépliée. Soit, par exemple, A B. C. le pli de la drapperie, & A B. Dd iiij

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