Ay lû par l'ordre de Monfeigneur le Chancel er, cet excellent Traité de la Peinture, & je fuis perfua. dé que l'impreffion en fera tres-utile & tres agreable au Public Fait à Paris ce 19. Janvier 1716.

RAGUET.

L

PRIVILEGE DU ROT.

:

OUIS par la grace de Dieu Roy de France & de Navarre: A nos amez & feaux Confeillers les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maitres des Re quê es ordinaires de nôtre Hôtel, Grand Confeil, Prevót de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra Salut. Nôtre bien amé le fieur GIFFART le fils, Gra-veur & Libraire à Paris, Nous ayant fait remontrer qu'il luy auroit été mis en main un Manuscrit qui pour intre:Traité de la Peinture par Leonard de Vinci, revû corrigé; nouvelle edition augmentée de la Vie de l'Auteur; & defireroit le donner au Public, s'il Nous plaifoit luy accorder nos Lettres de Privilege fur ce neceffaires: Nous avons permis & permettons par ces Presentes audit Giffart de faire imprimer ledit Livre en telle forme, marge & caractere, conjointement ou feparément, & autant de fois que bon luy fembleza, & de le vendre, faire vendre & debiter par tout nôtre Royaume pendant le temps de HVIT années confecutives, à compter du jour de la date desdites Prefentes. Faifons défenses à toutes fortes de personnes, de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de nôtre obeïffance; & à tous Libraires, Imprimeurs & autres, d'imprimer, ou faire imprimer, vendre, faire vendre, debiter ni contrefaire ledit Livre en tout ni en partie, ni d'en faire aucuns extraits, fans la permiffion expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits, & de quinze cens livres d'amende contre chacun des contrevenans,dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hô el-Dieu de Paris, l'autre tiers audit Expofant, & de tous dépens, dom

mages & intefets à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur le Regiftre de la • Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, & ce dans trois mois de la date d'icelles; que l'impreffion dudit Livre fera faite dans nôtre Royaume, & non ailleurs, en bon papier & en beaux caracteres, conformément aux Reglemens de la Librairie; & qu'avant que de l'expofer en vente, il en fera mis deux Exemplaires en nôtre Bibliotheque publique, un dans, celle de nôtre Château du Louvre, & un dans celle de notre tres- cher & feal Chevalier Chandelier de France le freur VOISIN, Commandeur de nos Ordres, le tout à peine de nullité des Prefentes; du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant, ou fes ayans caufe, pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu il luy fit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie defdites Prefentes, qui fera imprimée au commencement ou à la fin dudit Livre, foi tenuë pour duëment figni fée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amez &feaux Confeillers & Secretaires, foy foit ajoûtée comme à l'original. Commandons au prem er nôtre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'i celles tous actes requis & neceffaires fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro charte Normar de, & Lettres à ce contra res Car tel eft nôtre plaifir. DONNE' à Paris le onzième jour du mois de Fevrier, l'an de grace mil fept cens feize, & de rôtre Regne le premier. Par le Roy en fon Confeil, FOUQUET..

Regiftre fur le Regiftre N. 3. de la Communauté des Imprimeurs Libraires de Paris,page 1034. N. 136 8. conformément aux Reglemens, & notamment à l'Arreft du Confeil du 13. Aauft 1703. A Paris le 14. FeBrier 1716, DE LAULNE, Syndic,

xix

LA VIE

DE

LEONARD DE VINCI.

EONARD de Vinci nâquit au château de Vinci, fitué dans le Val d'Arno, affez près & au deffous de Florence. Son pere Pierre de Vinci, qui étoit peu accommodé des biens de la fortune, l'aïant vû fouvent deffiner lorsqu'il n'étoit encore qu'enfant, refolut d'aider l'inclination qu'il avoit pour la Peinture; il le mena à Florence, & le mit fous la conduite d'André Verocchio fon ami, qui avoit quelque réputation parmi les Peintres de Florence. André

il

promit d'élever avec foin, & de former fon nouveau Disciple, & y fut engagé autant à cause des belles difpofitions qu'il remarqua dans le jeune Leonard, que par l'amitié qu'il avoit

pour fon pere: En effet, Leonard faifoit déja paroître une vivacité & une politeffe fort au dessus de fon âge & de fa naiffance. Il trouva chez fon Maître de quoi contenter la forte inclination qu'il avoit pour tous les Arts qui dépendent du defsein:car André ne travailloit pas feulement de Peinture, il étoit auffi Sculpteur, Architecte,Graveur & Orfévre. Leonard profita fi bien des leçons de Verocchio, & fit de fi grands progrès fous fa conduite qu'il le furpaffa luiy-même. Cela parut pour la premiere fois dans un tableau du Bâptême Nôtre-Seigneur, qu'André avoit entrepris pour les Religieux de Valombreuse, qui font hors

de

que

de la ville de Florence; il voulus fon Eleve l'aidât à le faire & il luy donna à peindre la figure d'un Ange, qui tient des draperies; mais il s'en repentit bientôt car la figure que Leonard avoit peinte effaçoit toutes les autres du tableau. André en eut tant de chagrin, que quittant dés lors la palette & les couleurs, il ne fe mêla plus de peinture.

Leonard crut alors n'avoir plus befoin de Maître, il fortit de chez André, & se mit à tra, vailler feul, il fit quantité de ta bleaux qu'on voit à Florence. Il fit auffi pour le Roy de Portugal un carton pour des tapifferies,où il avoit reprefenté Adam & Eve dans le Paradis terreftre; le païfage étoit d'une grande beauté & les moindres parties en étoient finies avec beaucoup de foin. Son pere luy demanda dans le même tems un tableau pour un de fes amis du bourg de Vincis