leur Nation, l'avoient entre les mains, & il feroit encore enfeveli dans la pouffiere de quelque cabinet, fi les François ne l'avoient fait imprimer; il le fut en 1651, en Italien & en François. M. du Frêne joignit à l'édition en Italien qu'il en fit, la Viede Leonard qu'il avoit compofée en Italien: celle que je donne en François n'eft pref que que la traduction de cette autre qui eft en Italien, j'y ay feulement ajoûté ce qui fe trouve fur Leonard dans Vafari, dans M. Felibien, & dans ceux qui ont écrit fur la Vie & lés Ouvrages des Peintres. J'ay tiré beaucoup de chofes d'un

manuscrit qui m'a été prêté par un Curieux : ce font des Memoires en Italien pour fervir à l'hiftoire de Leonard de Vinci. L'Auteur de ces Memoires eft le Pere Mazzenta, Barnabite Milanois, qui a eu entre les mains les papiers de Leonard, c'està-dire, les Traitez qu'il a compofez, & les deffeins qu'il a faits.

Les figures de l'édition que je donne au Public font gravées d'après les deffeins originaux du Pouffin, qui font à la fin du Manufcrit dont je viens de parler. J'ay crû que ces figures ne devoient être qu'au fimple trait, on en voit mieux le

contour; des deffeins finis auroient rendu le Livre plus cher, & n'auroient été d'aucun fecours; ils ne font neceffaires que lorfqu'il faut donner du relief aux figures, ou lors qu'on veut exprimer par la gravûre la diminution des teintes, la nature des corps qu'on reprefente, & la qualité des étoffes qui forment les drapperies, & je n'ay donné des deffeins finis qu'en ces occafions.

On doit regarder cette édition comme une réïmpresfion de la Verfion en François que M. de Chambray avoit donnée en 1651. du Traité de laPeinture de Leonard de Vinci: j'avoûë ce

pendant que j'ay été obligé d'y changer beaucoup de chofes ; il y a plus de foixante & dix ans qu'elle est faite, & en bien des endroits elle ne feroit pas aujourd'huy fupportable. D'ailleurs, foit méprise de la part de l'Auteur de la Traduction, foit inadvertance de la part l'Imprimeur, il y a quelquefois dans la Verfion en François de 1651. des chofes differentes de ce qui eft dans l'original Italien, & ces differences établiffent des chofes fauffes & contraires à la pensée & au dessein de Leonard de Vinci.

de

Les deux éditions de 1651. n'étoient que pour les Bi

bliotheques & le Cabinet ; elles étoient en grand volu me in folio, celle-cy eft d'un volume commode, les Peintres & les Curieux peuvent toûjours l'avoir avec eux,les uns pour étudier en toute occafion les regles de leur Art, & les autres pour fe former un goût feur, capa ble de juger fainement des beautez & des défauts des ouvrages qu'ils verront.