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CHAPITRE XXXVIII.

Moien pour deffeigner avec jestesse d'après le naturel quelque figure que ce foit.

par

Il faut tenir de la main un fil avec un plomb fufpendu pour voir les ties qui fe rencontrent fur une même ligne perpendiculaire.

CHAPITRE XXXIX.
Mefure ou divifion d'une ftatuë.

DIVISEZ la tête en douze degreż, & chaque degré en douze points,chaque point en douze minutes, & les minutes en fecondes, & ainfi de fuite: jufqu'à ce que vous aïez trouvé une melure égale aux plus petites parties de vôtre figure.

CHAPITRE XL.

Comment un Peintre fe doit placer à l'égard du jour qui éclaire fon modele.

Que A. B. foit la fenêtre par où vient le jour, & M. le centre de la lumiere: je dis que le Peintre fera bien placé en quelque endroit qu'il fe me:te,

pourvu que fon œil fe trouve entre la partie ombrée de fon modelle & celle qui eft éclairée, & il trouvera ce lieu en fe mettant entre le point M. & le point du modele, où il ceffe d'être éclairé & où il commence à être ombré.

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B

CHAPITRE XLI.

Quelle lumiere eft avantageuse pour faire paroître les objets.

UNE lumiere haute répandue égafement, & qui n'eft pas trop éclatante & trop vive,eft fort avantageufe pour faire paroître avec grace jufques aux moindres parties d'un objet..

CHAPITRE XLII.

D'où vient que les Peintres fe trompent fouvent dans le jugement qu'ils font de la beauté des parties du corps, & de la jufteffe de leurs proportions.

UN Peintre qui aura quelque partie de fon corps moins belle & moins bien proportionnée qu'elle ne doit être pour plaire, fera fujet à faire mal la même partie dans fes ouvrages: cela fe remarque principalement dans les mains que nous avons continuellement devant les yeux. Il faut donc qu'un Peintre corrige par une attention particuliere l'impreffion que fait fur fon imagination un objet qui fe prefente toûjours à luy; & lorfqu'il a remarqué dans fa perfonne quelque partie défectueufe, il doit fe défier de l'amour propre, & de l'inclination naturelle qui nous porte à trouver belles les chofes qui nous reffemblent.

CHAPITRE XLIII. Qu'il eft neceffaire de fçavoir l'anatomie, & de connoître l'affemblage des parties de l'homme.

UN Peintre qui aura une connoif

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fance exacte des nerfs, des mufcles & des tendons, fçaura bien dans le mouvement d'un membre, combien de nerfs y concourent,& de quelle forte, & quel muscle venant à s'enfler, eft caufe qu'un nerf fe retire, & quels tendons & quels ligamens fe ramaffent autour d'un muscle pour le faire agir, & il ne fera pas comme plufieurs Peintres ignorans, lefquels dans toutes fortes d'attitudes, font toûjours paroître les mêmes muscles, aux bras, au dos, à l'eftomach, & aux autres parties.

CHAPITRE XLIV.

Du défaut de reffemblance & de répés ⚫tition dans un même tableau.

C'EST un grand défaut, & nean moins affez ordinaire que de repeter dans un même tableau les mêmes attiIndes, & les mêmes plis de draperies, & faire que toutes les têtes fe reffemblent, & paroiffent deffeignées d'après le même modele.

CHAPITRE XLV.

Ce qu'un Peintre doit faire pour ne fe point tromper dans le choix qu'il fait d'un modele.

Il faut premierement qu'un Peintre deffeigne fa figure fur le modele d'un corps naturel, dont la proportion foit generalement reconnue pour belle; enfuite il fe fera mefurer luy-même pour voir en quelle partie de fa perfonne il fe trouvera different de fon modele, & combien cette difference eft grande, & quand il l'aura une fois obfervé, il doit évirer avec foin dans fes figures les défauts qu'il aura remarquez en fa perfonne. Un Peintre ne fçauroit faire trop d'attention à ce que je dis; car comme il n'y a point d'objet qui nous foit plus prefent ni plus uni que nôtre corps, les défauts qui s'y rencontrent ne nous paroiffent pas être des défauts, parce que nous fommes accoûtumez à les voir, fouvent même ils nous plaifent, & nôtre ame prend plaifir à voir des chofes qui reffemblent au corps qu'elle anime. C'eft peut-être pour cette raifon qu'il n'y a point de femme, quelque mal faite

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