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qu'elle foit, qui ne trouve quelqu'un qui la recherche.

CHAPITRE XLV I.

De la faute que font les Peintres qui font entrer dans la compofition d'un tableau, des figures qu'ils ont deffeignées à une lumiere differente de celle dont ils fuppofent que leur tableau eft

éclairé.

UN Peintre aura deffeigné en parti culier une figure avec une grande force de jour & d'ombres, & enfuite par ignorance, ou par inadvertance, il fait entrer la même figure dans la compofition d'un tableau où l'action reprefentée fe paffe à la campagne, & de mande une lumiere qui fe répande également de tous côtez, & faffe voir toutes les parties des objets. Il arrive au contraire dans l'exemple dont nous parlons, que contre les regles du clairobfcur, on voit des ombres fortes, où il n'y en peut avoir, ou du moins où elles font prefque infenfibles, & des reflets où il eft impoffible qu'il y en

ait.

CHAPITRE XLVII.
Divifion de la Peinture.

LA peinture fe divife en deux parties principales: La premiere eft le deffein, c'eft-à-dire, le fimple trait ou le contour qui termine les corps & leurs parties, & qui en marque la fi gure: La feconde, eft le coloris, qui comprend les couleurs que renferme le contour des corps.

CHAPITRE XLVIII,
Divifion du deffein.

LE deffein fe divife auffi 'en deux parties, qui font la proportion des parties entr'elles, par rapport au tout qu'elles doivent former, & l'attitude qui doit être propre du fujer, & convenir à l'intention, & aux fentimens qu'on fuppofe dans la figure qu'on re prefente.

CHAPITRE XLIX.

De la proportion des membres.

IL faut obferver trois chofes dans les proportions, la jufteffe, la conve-nance, & le mouvement. La jufteffe

comprend la mesure exacte des parties confiderées par rapport les unes aux autres, & au tout qu'elles compofent. Par la convenance on entend le caractere propre des perfonnages felon leur âge, leur état, & leur condition; en forte que dans une même figure on ne voïe point en même tems des membres d'un jeune homme & d'un vieillard, ni dans un homme ceux d'une femme qu'un beau corps n'ait que de belles parties. Enfin le mouvement qui n'eft autre chofe que l'attitude & l'expreffion des fentimens de l'ame demande dans chaque figure une dif-. pofition qui exprime ce qu'elle fait, & la maniere dont elle le doit faire; car il faut bien remarquer qu'un vieillard ne doit point faire paroître tant de vivacité qu'un jeune homme, ni tant de force qu'un homme robufte, que les femmes n'ont pas le même air que les hommes ; qu'enfin les mouvemens d'un corps doivent faire voir ce qu'il a de force ou de délicateffe.

CHAPITRE L.

Du mouvement, & de l'expreffion des figures.

TOUTES les figures d'un tableau

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doivent être dans une attitude convenable au fujet qu'elles reprefentent,de forte qu'en les yoïant on puiffe connoître ce qu'elles penfent, & ce qu'elles veulent dire. Pour imaginer fans peine ces attitudes convenables, il n'y a qu'à confiderer attentivement les geftes que font les muets, lefquels expriment leurs pensées par les mouvemens des yeux, des mains, & de tout le corps. Au refte vous ne devez point être furpris que je vous propofe un Maître fans langue pour vous enfeigner un Art qu'il ne fçait pas luy-même; puifque l'experience peut vous faire connoître qu'il vous en apprendra plus par les actions que tous les autres avec leurs paroles & leurs leçons. Il faut donc qu'un Peintre, de quelque école qu'il foit , avant que d'arrêter fon deffein, confidere attentivement la qualité de ceux qui parlent, & la nature de la chose dont il s'agit, afin d'appliquer à propos à fon fujet l'e, xemple d'un muet que je propose.

CHAPITRE LI.

Qu'il faut éviter la dureté des contours? Ne faites point les contours de vos

figures d'une autre teinte que de celle du champ où elles fe trouvent c'eft-àdire, qu'il ne les faut point profiler d'aucun trait obfcur qui foit d'une couleur differente de celle du champ, & de celle de la figure.

CHAPITRE LII.

Que les défauts ne font pas fi remarquables dans les petites chofes que dans Les grandes.

On ne peut pas remarquer dans les petites figures auffi aifément que dans les grandes, les défauts qui s'y rencontrent; cela vient de la grande diminution des parties des petites figures, qui ne permet pas d'en remarquer exactement les proportions: de forte qu'il eft impoffible de marquer en quoy ces parties font défectueules. Par exemple, fi vous regardez un homme éloigné de vous de trois cens pas, & que vous vouliez examiner les traits de fon vifage,&remarquer s'il eft beau, ou mal fait, ou feulement d'une apparence ordinaire, quelque attention que vous y apportiez, il vous fera 'impoffible de le faire: cela vient fans doute de la diminution apparente des

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