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gr. 8. ad uf Ser.

amy

cor fera-ce d'un style assez Laconique. Ces trois mots que vous voyez Styra 1. au bas de la figure de Juvénal,Facit In dignatio verfum, n'éxpriment déja pas mal fon caractère. Ce Poëte ètoit d'Aquin, Ville d'Italie, d'af L.z.Epi- fez baffe naiffance; peu accommodé, du moins Martial fon Delph, nous l'infinue, & nous le dépeint dans un affez triste équipage, s'en allant tout inquièt de côté & d'autre, tantôt dans le marché de Suburre, tantôt au Mont Aventin, tantôt enfin parcourant les portes & les veftibules des Grands fes patrons; & fiant beaucoup fous une robe de client, dont les coins luy fèrvent d'éventail. Il paffa fes plus bèlles années dans les clameurs de l'Ecolle & du Barreau: mais s'ennüyant dans cès occupations ftériles & infructueufes pour luy,il y renonça: ce ne fut pas fans fe reffen, tir de l'air qu'on rèfpire en cès lieux, car fes vèrs font remplis de figures de Rhétorique, il y en a fans

fin, & l'hypèrbole y domine par deffus toutes. Le dépit qu'il eut de n'avoir pas fait fortune dans cès fortes d'employs, luy fit prendre le party de la Satyre: il commença par cèlle où il fe plaint de la dureté des tems, & du peu de confidération que les Romains diftinguez par leur naiffance, leurs dignitez & leurs richèffes, avoient pour les Seavants de profeffion; c'est-àdire, de cette confidération folide & éffective, qui produit de bonnes penfions, & qui mèt les beaux éfprits à couvèrt de l'indigence, car toute autre que coute-t-elle ? Cètte Satyre n'est pas la moins bonne que Juvenal ait compofée. Pâris, fameux Comédien & Favori de l'Empereur, s'y fentit joué; il s'en vangea, & obtint fans peine un Ré giment pour Juvénal, à la tête du. quèl convint au Poëte de fe mèttre pour le conduire par ordre de Domitien, dans la Pentapole au fond de la Lybie,près de l'Egypte.

Il paffa dix ans dans cet éxil, & n'y compofa que deux Satyres, dont le ftyle & le tour marquent un éfprit chagrin : il plaifante affez froidement dans l'une, fur les priviléges d'un homme d'épée, pour fe confoler de fon fort; & raporte exprès dans l'autre une horrible hiftoire arrivée en Egypte pour fai re enrager Crifpin qui en ètoit. Je ne fçay quèls Commentateurs prétendent que Juvénal mourut dans fon éxil,âgé de 80 ans,accablé d'ennuis, mais fe moquent-ils? Sa IV. Satyre, qui eft d'une grande beauté, fut compofée à Rome; & il est évident,à la peinture qu'il fait de la Cour de Domitien, que ce Prince n'étoit plus: autrement,où ce Poëte auroit-il eu l'éfprit, d'aller faire, du vivant de l'Empereur, un caractère si affreux de fa pèrfonne? De plus, l'Epigramme de Martial eft dattée d'Espagne,où il ne fe retira qu'à la feconde année de l'Empire de Trajan: & remar

quez

quez qu'en plaifantant fur les occupations ordinaires de fon ami, il ne luy fait nul compliment fur fes Satyres, & n'en dit pas un feul mot, ne fçachant point qu'il fe mèlât d'en faire. Juvénal étoit donc plein de vie, Monfieur, après la mort de Domitien, & la VII. XV, & XVI. Satyres ne furent pour luy que des coups d'effay: il comença fes coups de maître, âgé d'environ 43 ans, & fit les treize autres dans le cours de 20. années, c'est-à-dire, jufqu'à la 3. du règne de l'Empereur Adrien; & fe repofa enfuite, ou mourut. Jules Scaliger décide dans fa Poetique, que rien n'eft plus clair & plus châtié que la vèrfification de fus verJuvénal: ce grand critique ad- bus Juvejoûte pourtant: Qu'il veut absolu- propter ment, ou que du moins il fouhaitte que infolentout homme d'honneur & de probité jufferim, s'abstienne de rien lire des Ouvrages im toto de ce Poëte, parce qu'ils font trop li- opere abcentieux. Ce feroit pourtant do- virum mage qu'on n'en deût rien lire; car

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Poct. 1.gi

c. 98.

Quid e

nim ter

nalis

quorum

ciam, vel

vel optan

ftinere

probum.

quoiqu'on ait un fujèt légitime de prendre des précautions en lifant cet Auteur; & que les couleurs qu'il employe pour peindre le libèrtinage, foient trop fortes & trop vives, pour ne pas allarmer la pudeur,& luy donner de dangereufes atteintes; il y a néanmoins dans fes Satyres mille beaux traits qui intèrèffent, qui frappent, qui faififfent, & qu'il ne faut pas perdre. C'est par cette raifon que j'en ay ôté tous les vèrs & tous les mots obfcènes & groffiers, suivant l'idée que le Pere de Jouenvcy Jéfuite nous ena laiffé. Če fage & fçavant Intèrprète a jugé à propos de remettre das fa dernière édition,cer. tains endroits un peu délicats que renfèrmoit la VI.Satyre,& qu'il en avoit fupprimez dans fa première; comme je l'ay pris pour guide dans toute cette Traduction, j'ay fuivi fes pas; j'ay tourné en François les 35 ou 40 vèrs qu'il a remis à leu place. La véhémence & l'indign:

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