Suite du jet. La branche à bois eftant coupée mefme fu- en talus, ou à l'épaiffeur d'un écu, fa féve ne trouve plus de branches à remplir. Que fait-elle pour lors? elle perce prefque toûjours pour donner une ou deux branches à fruit; fi elle ne perce point, (ce qui arrive rarement) cette taille ne gâte aucunement l'arbre. Quand on taille un LE CURIEU X. Je fuis tres-content de ce que vous venez de me dire de ces nouvelles tailles, elles méritent d'eftre mifes en pratique. Revenons à la taille ordinaire pour noftre jeune plant. Combien faut-il que mes arbres que mes arbres ayent de tail les pour qu'ils foient formez en LE JARDINIER SOLIT. it' quatre ans, il faut fuppofer qu'ils arbre, auront de bonnes branches à bois faut fe con & à fruit à la troifiéme taille; ainfi former à fa il faudra examiner la vigueur de vigen. l'arbre pour tailler les branches plus ou moins courtes: c'est à dire, depuis quatre jufqu'à neuf pouces, en obfervant de laiffer l'œil le plus haut de chaque branche à bois, en dehors de l'arbre pour former fon arrondiffement je vous confeille encore de mettre un cerceau atta- Précaution ché avec de l'ofier à trois ou qua- donner une utile pour tre échalas pour paliffer les bran- belle figure ches à bois autour de ce cerceau, à un jeune cela donnera une belle figure à l'arbre: Au refte, n'ayez point d'égard au croiffant ni au decours de la lu ne pour tailler vos arbres. LE CURIEUX. Vous me furprenez de me dire, qu'il ne faut point avoir égard au cours de la Lune quand on taille arbre. En matiere 2 les arbres; j'ay oüy dire à des anciens Jardiniers, qu'il falloit toû jours obferver le decours de la Lune pour tailler les arbres vigoureux, & le croiffant pour tailler ceux qui pouffent peu en bois : leur raifon eftoit que la taille n'eft pas avantageufe pour donner bientoft du fruit, fi on ne la fait en decours. Ils adjouftoient, que ce qui fait que quelques arbres font fi long-temps à donner du fruit, c'est parce qu'ils ont efté ou plantez, ou greffez en croiffant, ou en pleine Lune. LE JARDINIER SOLIT. La plus grande partie des ande jardina- ciens Jardiniers ont efté dans cette geil eft inutile d'obfererreur, & il & il y en a quelques-uns ver la lune. qui y font encore: mais l'expérience m'a fait connoiftre que les Ceux qui uns ni les autres ne raifonnent point jufte: puifque fans obferver confeil s'en le cours de la Lune, je me fuis toû voudront Suivre ce jours bien trouvé de ne point m'ar- trouveront refter à cette efpece de fuperfti- bien. toûjours tion en matiére de jardinage; c'est un fait dont chacun peut faire l'expérience. Cependant je veux qu'on ne s'en rapporte pas à ce que j'en dis; M. de la Quintinie pourra en cftre plûtoft crû que moy. Voicy fes paroles, je vous prie d'y faire attention. de M. de Lunai fu pitre 22. Je protefte de bonne foy que «Sentiment pendant plus de trente ans, j'ay eû "la Quinti des applications infinies pour re-nie au su marquer au vray fi toutes les Lu-jet des naifons devoient eftre de quelque «fons, tiré confideration au jardinage, afin de du Chafuivre exactement un ufage que je "de fes Rétrouvois eftabli, s'il me paroiffoit «fléxions. bon; mais qu'au bout du compte ce que j'en ay appris par mes ob- « fervations longues & frequentes, éxactes & finceres, a efté que ces « difcours ne font fimplement que de vieux dires de quelques Jardi- « niers mal-habiles. сс Saite du, Et plus bas, il dit : J'ay donc meme fu-,, fuivi ce qui eftoit bon &j'ay conjet pour les" greffes. damné ce qui m'a paru ne l'eftre » pas: les decours ont efté du nom»bre des reprouvez : & en effet, greffez en quelque temps de la Lu» ne que ce foit, pourvû que vous le faffiez adroitement, & dans les greffes propres pour chaque greffe, & fur les fujets convenables à chaque forte de fruit, vous réüffi Sur le mefme fu دو رو " » rez. Il continuë ainfi : Tout de mef» me femez toutes fortes de graines jet pour toutes les » ou de plant, en quelque quartier de graines la Lune que ce foit, je vous réponds potageres. du fuccés égal de vos femences & " de vos plants; le premier jour de la Lune comme le dernier eft également favorable. Voilà le fentiment de cet Autheur, qu'on peut dire avoir efté le plus habile de noftre fiècle. |