quoy le plus fubtil de la féve eft uniquement occupé à la production des fleurs & des fruits; ainfi ces fruits font plus gros, en plus grande quantité, & d'un gouft plus délicat que ceux des jeunes arbres. LE CURIEUX. Rien n'eft mieux penfé, & je doute qu'on puiffe apporter de raifon plus pofitive ni plus convaincante.Comment en ufez-vous dans le temps des neiges, & croyez-vous qu'il foit à propos d'en mettre au pied des arbres? ARTICLE IX. Si l'on doit mettre de la neige an pied des arbres. LE JARDINIER SOLIT. LA bonne dan's A neige peut eftre bonne à mettre au pied des arbres; mais il faut pour cela connoistre fon terrein, car il y a de certaines La neige terres où elle feroit plus de mal n'est pas que de bien. Par exemple, elle ne les terres convient point dans celles qui font plus froides plus humides que feches, & plus des. froides que chaudes; parce que pareilles terres n'ont aucun befoin des humiditez de l'hyver, & c'est pour cela qu'en parlant des labours d'automne, j'ay recommandé de les faire légèrement. que chau Il n'en est pas de mefme des ter- La neige eft res légères qui font chaudes; cel- bonne dans les là ont befoin des humiditez de l'hyver; c'est pourquoy j'ay dit que les terres légéres Go chaudes. afin les labours doivent eftre profonds, que ces terres foient pénétrées des neiges, parce qu'elles font pleines d'efprits nitreux qui fe fondant lentement au pied des arbres, augmentent la qualité de la terre; donnent aux racines une nourriture plus abondante; & par confequent plus de vigueur pour la végétation, en forte qu'au printemps les arbres pouffent d'une manière qui fait plaifir à voir. J'ay foin quand il tombe des neiges de les faire amaffer pour les mettre aux pieds des arbres; & je me suis toûjours bien trouvé de cette précaution.Je con feille d'en ufer de mefme dans les prez; car j'ay expérimenté par moy-mefme que l'herbe pouffe plus abondamment avec ce fecours, & qu'il ne faut pas le négli ger. Il eft aifé de faire ramaffer ces neiges dans les allées de vostre jardin avec un petit tombereau à bras, & de les faire mettre par tas au pied de vos arbres, auffi-bien que Vostre réflexion fur l'utilité des neiges eft tres judicieufe. J'ay remarqué que dans la premiere Partie de voftre Livre, Chapitre IV. vous dites qu'il faut préférer « l'expofition du Soleil levant à tou- « tes les autres, comme eftant la plus convenable, & la plus avantageufe pour y faire un efpalier de Pef- « chers; & vous adjoûtez que les « Pesches y réüffiffent en perfection. Dans un autre endroit de la mesme Partie vous dites au contraire que cette expofition du Soleil le- « vant eft fujette au vent de NordEft, qui eft un roux vent, & à une « bife féche, qui brouiffent les feuilles des Pefchers, les recoquillent, & font tomber beaucoup de fruits « dans le temps qu'ils commencent « à fe noüer: & que la mefme chofe » arrive aux fruits à pépins. Il me paroit que ce que vous avez avancé d'abord, fe détruit par les raifons que vous ajoûtez enfuite. En quoy faites-vous donc confifter l'avantage de cette expofition? ARTICLE X. Raifon pourquoy l'expofition du Soleil levant eft préferable à toutes les autres pour y faire un espalier, nonobftant les accidents qui peuvent arriver. LE JARDINIER SOLIT. L eft vray qu'au printemps les Pefches & les fruits à pépins & font quelquefois fujets aux accidents que vous m'objectez, & dont je fuis convenu. Je l'ay mefme expérimenté affez fouvent: mais j'ay obfervé auffi que pendant "les grandes chaleurs de l'efté, l'expofition du Soleil levant eft préfé |