fe fauver. Après quelques voïages en Angleterre As. 1582.& en France, Govea, Portugais, l'attira à Bordeaux, où il enfeigna les humanitez dans le college de Guienne, & y harangua l'empereur Charles V. lorfque ce prince paffa par la France pour aller en Flandres. Il revint enfuite à Paris, où il profeffa dans le college du cardinal le Moine, mais. peu après Govea l'emmena en Portugal. XXXVIII. Buchanan enfeignoit la jeuneffe à Conimbre, lorfqu'il s'attira une perfécution violente de la part des Cordeliers, contre lefquels il avoit compofé une fatyre, ingénieuse à la verité, mais outrée. Il l'intitula Francifcanus, & il y en joignit une autre fous le titre de Fratres Fraterrimi; ce qui le fit encore mettre en prifon, où il demeura un an & demi. On dit qu'il avoit compofé ces fatyres par l'ordre de Jacques V. qui vouloit fe venger des Cordeliers qui étoient entrez dans une conjuration tramée contre lui par la nobleffe d'Ecoffe. Quoi qu'il en foit, Buchanan revint à Paris, où il fut précepteur de Timoleon de Coffé, fils du maréchal de Briffac, avec lequel il demeura cinq ans. En 1560. voïant toute la France troublée par les guerres civiles, il retourna en Ecoffe, où il embraffa la religion Proteftante: il devint précepteur de Jacques VI. fils de Marie Stuart, aprés que les Ecoffois eurent dépouillé cette reine de fes états. Ce fut alors qu'il compofa fon histoire d'Ecoffe en vingt-deux livres, dans laquelle il abufe de la liberté naturelle à fa nation, & ne mé. nage pasaffez la majefté roïale. Il mourut à Edimbourg le 28. de Septembre de l'an 1582. âgé de foixante-dix-fept ans. Outre fon histoire d'Ecoffe, on a de lui quelques autres écrits & plufieurs poëfies latines: entre lefquelles on a toûjours eftimé la paraphrafe des cent cinquante pfeaumes de David, qu'il fit dans fa prifon en Portugal. Comme le pape Gregoire XIII. avoit demanLa faculté dé à la faculté de théologie de Paris fon fenti de théolo ment tre les Do ment fur la réformation du calendrier, il parut fous le nom de cette faculté une réponse à ce pape, dont le ftile eft fi mauvais & les raifonsgie de Paris li frivoles, que l'on ne croit pas qu'elle foit de fur la réforce corps: il paroît fûr au moins qu'elle fut pu- mation du bliée fans fon aveu. culté ne délibera point fur cette matiere, & l'on in col. jud. On croit même que la fa- calendrier. D'Argentré n'en trouve rien dans les actes de fes affemblées. t. 2.p.453. Dans l'année précedente, Prudence de Mon- xxXIX. te-Major, Jefuite, aiant foutenu dans l'univer- Commenfité de Salamanque, une thefe qu'on nomme cement des majeure, dans laquelle il combattoit l'opinion difpures endes Dominicains touchant la prédétermination minicains des actes libres & futurs; Dominique Bannez, & les Jefuide l'ordre des freres Prêcheurs, & fes confre- tes. res, s'éleverent contre ce théologien, & dénon. D' Argentré cerent feize propofitions qu'ils prétendoient avoir in eadem tirées de fes thefes. Plufieurs docteurs de la fa-" coll. t. I. culté de theologie de cette ville qualifierent ces pendice. P. 39. in ap propofitions, telles qu'elles étoient expofées, de témeraires & d'erronées; mais le grand inquifiteur de Valladolid aïant reconnu qu'elles étoient fauffement attribuées à Monte Major, refufa de les condamner. Tel fut le commencement & Porigine des difputes qui s'éleverent entre les Do. minicains & les Jefuites, & qui eurent de filongues fuites. XL. Il y avoit long-tems qu'on travailloit à corriger les défauts qui fe trouvoient dans le décret Le pape de Gratien. Comme cet auteur n'avoit pas pui- Gregoire fé dans les fources mêmes des conciles, des dé- XIII. fait crets des papes & des ouvrages des peres, on le décret de imprimer connut qu'il s'étoit trompé en bien des endroits, Gratien. qu'il prenoit fouvent un canon d'un concile, D'Argentre ou un paffage d'un pere pour un autre, qu'il fup. t. 2. rapportoit pour certaines toutes les épitres des Doujat hift. du droitpapes, qui avoient été inferées dans le corps des canon. canons d'Ifidore Mercator, fous le nom de faint Ba'uz in Clement & des pontifes Romains, qui ont vêcupref. Ant. Y dans Auguft. XXXV. Tome. dans les trois premiers fiécles: differens auteurs AN. 1582. avoient travaillé fur cet ouvrage, principalement Antonius Auguftinus dans le livre intitulé, de emendatione Gratiani. Trois docteurs François, Antoine de Mouchi, Antoine le Comte & Pier're du Moulin, avoient travaillé fur le même fujet, & les papes Pie IV. & Pie V. emploïerent encore pour la correction de ce décret divers fçavans hommes. Mais Hugues Buoncompagno.qui y avoit travaillé, n'étant que profeffeur en droit, ne fe vit pas plutôt élevé fur le fiége de faint Pierre, qu'il s'appliqua à donner une édition correcte & exacte du décret de Gratien, augmentée de notes très-fçavantes avec des glofes: il la publia à Rome dans cette année 1582. & Sixte Faber, religieux Dominicain, & maitre du facré palais, l'enrichit auffi de notes marginales fort utiles. XLI. On conti nuë d'in. quiéter le docteur Baïus étoit toujours foupçonné d'attachement aux opinions profcrites par la bulle de Pie V. on l'accufoit même hautement de refufer de faire prêter aux candidats le ferment de foumiffion à cette bulle, & d'avoir ofé propofer qu'on biffât Baiana in- cet article du ferment qu'on exigeoit d'eux, ter opera lorfqu'ils fe préfentoient aux grades. Cés accu Baij t. 2. p. fations furent envoiées au pere Tolet, Jefuite, 42.46. à qui on adreffa en même temps plufieurs pro Baïus. XLII. pofitions qui concernoient la doctrine & la con- I Toute peine eft peine du peché: c'eft pour Cenfure de quoi tout ce que les faints ont fouffert & foufneuf propo- frent, comme Job, Tobie, la bienheureufe les univer- Vierge, tous les martyrs & autres faints, ils le fitez d'Al- fouffrent pour leur peché. La cenfure de cette cala & de propofition porte que le mot peché, peut s'en firions par tendre " tendre du peché originel & du peché actuel; que AN. 1582. fi l'auteur parle du peché originel, duquel il croit Salamanque la fainte Vierge même n'a pas été exempte, que. on ne taxe point d'erreur fa propofition: mais Baina ut que s'il a entendu auffi que la fainte Vierge a été sup• fujette au peché actuel, fa propfition eft erronée & contraire à la décifion du concile de Trente. 2. Les indulgences font tirées du tréfor de l'églife; mais ce tréfor, ce font les mérites de Jefus-Chrift, & non ceux des faints, qui fe fuf fifent à peine à eux-mêmes, & qui reçoivent tout de la grace de Jefus- Chrift. La cenfure dit, que fi l'auteur fe fût contenté de dire, que le tréfor des indulgences n'eft appuïé que fur les mérites de Jefus Chrift, on ne pourroit pas le condamner: mais que de ce qu'il dit que les faints fe fuffifent à peine à eux mêmes, & reçoivent tout de la grace de Jefus-Chrift, il s'enfuit qu'ils ne peuvent avoir une fatisfaction furabondante, qui après avoir fervi pour eux, puiffe être communiquée & départie aux autres; ce qui eft erroné & fent l'hérefie. 3. L'endroit de faint Jean, chapitre 6. ma chair eft vraiement viande, &c. doit s'entendre proprement de la manducation fpirituelle, & non de la facramentelle. Cenfure: parce que l'auteur eft très- fufpect, fa propofition femble applaudir à Luther, qui enfeignoit que dans cet endroit de faint Jean, il n'y a pas une fyllabe qui parle de l'eucharifte: c'est pourquoi elle fent l'hérefie. 4. Expofant cet endroit de faint Luc: j'ai prié pour vous, Pierre, &c. Pauteur dit, que faint Pierre en ce même endroit, repréfentoit la perfonne des élus, comme Judas celle des réprouvez La cenfure dit, que cette propofition, rend l'auteur fufpect d'hérefie; en ce qu'il paroît marquer par là, ou que faint Pierre eft feulement le chef des prédeftinez,com. me Judas l'eft des réprouvez, ou bien que ces paroles ne contiennent aucune prérogative en faY 2 year veur de faint Pierre & de fes fucceffeurs, qui ne AN. 1582.leur foit commune avec chaque prédestiné: ce qui eft héretique, & paroît être le fentiment de l'auteur. 5. Le pape ne doit point être appellé univerfel, parce que faint Gregoire a eu ce titre en horreur, & l'a réprouvé. La cenfure dit, que cette propofition fent l'hérefie, parce que l'on voit bien, dit-elle, que le fentiment de l'auteur eft, que le pape n'a point un pouvoir universel fur toute l'églife; & qu'il n'a fauffement cité l'autorité de faint Gregoire, que pour mieux couvrir fon erreur. 6. L'homme peut être justifié devant Dieu fans aucun égard ou rapport aux merites de Jefus - Chrift. La cenfure convient, que fi l'auteur parle du pouvoir abfolu de Dieu, on ne peut l'en reprendre, mais que fa propofition eft héretique, s'il l'entend du pouvoir prefcrit par la loi. 7. Certaines chofes ont été mifes inconfiderément dans le concile de Trente. Cenfure. Si la propofition s'entend des canons & des décrets qui concernent la foi, elle eft héretique; s'il s'agit de la réformation, elle eft injurieufe & témeraire. 8. Depuis la publication de la bulle du pape, qui condamne les articles dénommez ailleurs, ce docteur n'a ceffé de répandre, d'enfeigner & de foutenir fes nouveaux dogmes dans fes leçons & dans les difputes, avec d'autres erreurs qui lui étoient interdites. Cenfurg. L'auteur fait voir en cela fon opiniâtreté, & rend fa perfonne fufpecte. 9. Les fouffrances des martyrs & leurs tourmens, font des moïens de fe purifier de leurs pechez, & non pas des couronnes. Cenfure. Cette propofition eft impertinente & infenfée, fi par le mot de couronne on entend la récompenfe; elle est tout-à-fait héretique, fi ce terme eft pris pour le mérite. La cenfure de Salamanque condamne les mêmes propofitions, à peu près dans les mêmes termes, & avec les mêmes qualifications: l'une & l'autre cenfure eft fans date. Lc |