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embarqué pour l'Espagne. On veut l'empoifonner en chemin & comment il s'en garantit. Le Navire eft accueilli d'une grande tempête, & ce qu'elle produit. Les Officiers demandent pardon à D. Alvare, & lui ôtent fes fers. Ils veulent le faire arrêter aux Açores. Il arrive en Espagne. Mort funefte des deux Officiers roïaux. D. Alvare eft déclaré innocent, & ce qu'il devint. Découverte du Capitaine Fernand de Ribera. Action indigne de Irala à l'égard de Dom Alvare. Son adreffe pour fe maintenir en place. Les Indiens fe révoltent, & ce qui en arrive. Irala continue fes découvertes, & ce qui l'oblige de retourner au Paraguay. D. François de Mendoze décapité à l'Af fomption. Ce qu'il déclare fur l'échafaut.

DOM

1542.

à rétablir le Port de Bue

OM ALVARE n'apprit qu'à l'Affomption que le Port de Buenos Ayres Le Gouverétoit évacué, & fon premier foin fut de neur fonge prendre des mesures pour le rétablir. Il férieufement y envoia deux Brigantins, qui furent bientôt fuivis de deux autres, & il n'oublia nos Ayrès. rien de tout ce qui étoit néceffaire pour son zele pour mettre hors d'infulte un Pofte, dont il la converfion connoiffoit l'importance. Il donna enfuite des Infideles. fa principale attention à s'attacher les Indiens, au milieu defquels il fe trouvoit; & perfuadé que le moien le plus infaillible pour y réuffir & de les retenir dans l'alliance des Efpagnols, étoit de les unir enfemble par les liens d'une même Religion, il y donna tous fes foins. Il commença par affembler tout ce qu'il y avoit à l'Affomp

1542.

Il réforme

bus.

tion d'Eccléfiaftiques & de Religieux, pour leur déclarer de la part de l'Empereur, que Sa Majefté chargeoit leur confcience de tout ce qui regardoit la propagation de la Foi dans ces Terres infideles; il leur fit enfuite diftribuer des ornemens d'Autel & des Vafes facrés, dont il avoit fait une ample provifion, & il leur donna fa parole de fes foutenir de toute fon autorité dans les fonctions de leur Miniftere, & de ne les laiffer manquer de rien, lorfqu'il feroit queftion du Ĉulte divin.

On lui avoit fait de grandes plaintes des plufieurs a- Officiers roïaux, qui fous prétexte de lever les Droits de l'Empereur, vexoient les Naturels du Païs. Pour remédier à cet abus, il convoqua une Affemblée des plus Nota bles de la Province, tant du Clergé féculier & régulier, que du Corps militaire & des Officiers roïaux, & les Caciques des Guaranis, qui y vinrent avec leurs Miffionnaires, & il y déclara que l'intention de l'Empereur étoit, que les Indiens portaffent un grand refpect à ceux qui avoient bien voulu renoncer à leur Patrie, & fe réduire à vivre parmi eux, pour leur apprendre le chemin du Ciel; que comme ce grand Prince n'avoit rien plus à cœur, que de les rendre heureux pendant cette vie, & de leur procurer un bonheur éternel après la mort, il lui avoit donné des ordres précis de tenir la main à ce qu'ils fuffent bien traités de tous ceux à qui ils auroient à faire, & qu'il étoit bien réfolu d'en faire la regle de fa conduite; mais qu'il exigeoit d'eux qu'ils en usassent de même avec les

Efpagnols, & qu'ils renonçaffent à l'ufage, où il avoit appris avec horreur qu'ils étoient, de fe nourrir de chair humaine. Ils lui répondirent qu'il feroit obéi, & tous fe retirerent également charmés de fes manieres & de fes promeffes.

rompre

1542.

Il fongea enfuite à réprimer l'infolence Il réprime les Agazes,& de quelques Nations Indiennes, qui com- leur pardonmettoient de continuelles hoftilités contre ne. les Efpagnols, & il commença par les Agazes (1), qui habitoient à l'Orient du Paraguay, au-deffous de l'Affomption. Ces Barbares, de tout tems Ennemis déclarés des Guaranis, étoient de la plus haute taille, voleurs, perfides, d'une féro-, cité & d'une cruauté, qui paffent tout ce qu'on en peut dire. Avant l'arrivée de D. Alvare on leur avoit fait la guerre avec fuccès, & on les avoit réduits à demander la paix, qu'ils fe promettoient bien de à la premiere occafion favorable qu'ils en trouveroient. Ils recommençoient même déja leurs courfes; mais aïant appris l'arrivée d'un nouveau Gouverneur avec des Trouppes, ils lui députerent trois de leurs Caciques, pour lui promettre une obéiffance parfaite & fans bornes. Le premier Cacique ajoûta que ce n'étoit point la Nation qui avoit recommencé la guerre; mais de jeunes gens fans aveu, qui en avoient été févérement punis. Dom Alvare voulut bien faire femblant de l'en croire fur la parole, & de recevoir les excufes de la Nation, mais à condition qu'ils laifferoient les Guaranis tranquilles, & (1) Op Algazes.

1542.

Il s'oppofe

qu'ils ne molesteroient aucuns des autres Vaffaux de l'Empereur; finon qu'il les perfécuteroit à toute outrance. Il exigea d'eux qu'ils rendiffent tous les Prifonniers qu'ils avoient faits fur les Guaranis, & qu'ils n'empêchaffent point ceux de leur Nation, qui voudroient être Chrétiens, de fe faire inftruire de ce qu'ils devoient favoir avant d'embraffer cette Religion.

que

Le Gouverneur, en travaillant ainfi à aux vexations établir la fùreté de la Province contre les des Officiers Nations infidelles, ne perdoit point de vue

roïaux.

de

Il reçoit

la néceffité preffante, qu'on lui avoit fait connoître, de s'oppofer aux vexations des Officiers roïaux, qui mettoient des Impôts fur tout, & par-là réduifoient quantité de Particuliers à une fi extrême mifere, que plufieurs n'avoient pas de quoi fe couvrir. Il commença par fournir du fien aux plus indigens ce qui leur manquoit du néceffaire; il fupprima enfuite les Impôts, qui avoient été établis fans une autorité légitime; & aïant appris que les Officiers roïaux cabaloient contre lui, il les fit mettre en prifon, & donna ordre qu'on informât contr'eux dans les regles.

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Sur ces entrefaites les Guaranis & grandes quelques autres Nations, qui s'étoient fou plaintes des mifes aux Efpagnols, lui firent de gran→ Guaycurus. des plaintes de Guaycurus. Il les écouta

avec bonté mais avant que de rien résou

:

dre, il voulut favoir fi ces plaintes étoient fondées ; & il chargea deux Eccléfiaftiques & les deux Religieux, qui étoient venus avec lui de l'Ile de Sainte-Catherine, de cet examen. Leur rapport fut conforme à

ce qu'avoient dit fes Alliés; fur quoi il renvoïa les deux Eccléfiaftiques, avec cinquante Soldats, pour déclarer de fa part aux Guaycurus, qu'il étoit très difpofé à vivre en bonne intelligence avec eux, & à les recevoir même au nombre de fes Amis, s'ils vouloient fe reconnoître Vaffaux de la Couronne d'Espagne, & laiffer en repos les Indiens qui avoient déja pris ce parti; finon, qu'il étoit en état de les forcer à demeurer tranquilles.

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Il ordonna même à fes Envoïés de leur Il leur déclafaire cette fommation jufqu'à trois fois re la guerre. mais les Barbares ne leur en donnerent pas le tems. Après avoir répondu à la premiere, qu'ils ne reconnoîtroient jamais le Roi d'Efpagne pour leur Souverain, & qu'ils étoient bien réfolus de ne point difcontinuer de faire la guerre à leurs Ennemis, ils ajouterent qu'ils euffent à fe retirer au plutôt, & décocherent même contr'eux quelques fleches, dont plufieurs Soldats. furent bleffés. Dom Alvare ne crut pas devoir laiffer cette infolence impunie; & le douze de Juillet il s'embarqua fur deux Brigantins avec quatre cens Espagnols, fuivis de dix mille Guaranis fur deux cens Radeaux, pour paffer à la Côte occidentale du Fleuve. Le quatorze tout le monde étoit paffé, & le Gouverneur envoïa une Trouppe de Guaranis, pour favoir où, & en quelle posture, étoient les Guaycurus. Ils lui rapporterent qu'ils étoient en marche avec toutes leurs Familles pour regagner leurs Bourgades, en chaffant felon leur coutume, ce qui les empêchoit de faire de

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