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qu'ils ont au moins confervé l'impreffion des anciennes traditions; telle eft en effet celle des bonnets pointus qu'ils nous présentent, & que l'on voit également fur la pierre gravée. Ce genre de coëffure pourroit encore augmenter les preuves de la communication de l'Egypte avec les anciens Peuples de l'Italie, dont les coëffures préfentent affez souvent une forme pareille, c'est-à-dire, terminée en pointe.

Hauteur du plus grand des deux Flûteurs, deux pouces quatre lignes.

N. V. & VI.

Le travail de ce Jafpe marqué de rouge, & gravé en creux des deux côtés, ne peut être attribué à un tems fort ancien dans l'Egypte. On voit fur une des faces de la pierre le Phénix en pied, dont la tête eft rayonnante, & tel qu'on le voit repréfenté au revers de plusieurs médailles; & l'on fçait combien cet oifeau, confacré au Soleil, étoit révéré dans la ville d'Héliopolis. L'autre face de la pierre repréfente le Serpent Agathodémon, également radieux. L'autel fur lequel il eft pofé, & le travail du Phénix indiquent un tems plus moderne que l'Egypte proprement dite; mais on ne peut placer ces Monumens dans aucune autre claffe, indépendamment du témoignage que donnent les objets du culte de cette Nation. Et quand on fuppoferoit, avec affez de vraisemblance, que la gravûre fut exécutée par un Grec, il fera toujours certain qu'il étoit plus inftruit que nous des ufages Egyptiens.

On voit fur la tranche de cette pierre le mot XPOYBIC, Chroubis, que l'on doit conftamment regarder comme le nom d'un des Dieux particuliers ou fubalternes de l'Egypte ; & cette dénomination est toujours une petite acquifition. Peut-être auffi feroit-ce une faute du Graveur qui au lieu de mettre une N, auroit mis un P.

PLANCHE XXIV.

No. I. & II.

Je croirois que cette Figure pourroit repréfenter Horus lui-même, à caufe de fa nudité qui n'eft interrompue que par une unique parure de col: cette Figure pourroit cependant nous faire voir un de fes Prêtres; la plante Perfea, dont le menton eft orné, paroiffant toujours l'attribut de la Prêtrife. Il eft même vraisemblable que l'un ou l'autre, Prêtre ou Dieu, tenoit de la main droite le fceptre qui pouvoit être furmonté de la hupe. Quelle que foit la repréfentation de ce Monument, elle est si commune, qu'après avoir dit qu'il a été fondu avec fa plinthe, on ne peut parler que de fa coëffure; elle pré-fente non-feulement quelque fingularité, mais elle me rend indécis entre la Divinité ou le Sacerdoce.

On voit, en premier lieu, une calotte ornée de points, ce qui n'eft pas ordinaire, fur laquelle eft placée, & au milieu du front, la pointe ou l'extrémité de la plume qu'on a déja vûe plufieurs fois. L'efpèce de bourlet ou de rétable, foutient le croiffant pur & fimple, dans lequel. le difque eft enclavé. Ce difque eft uni, & tel qu'on le voit ordinairement; mais il fe trouve ici furmonté par une parure de tête, que l'on connoît d'ailleurs, & qui. s'apperçoit plus généralement au premier étage, s'il eft permis de parler ainfi. Elle eft établie ici parallèlement fur deux grandes cornes de bélier qui retournent fur elles-mêmes: la forme d'une caraffe ou d'un baluftre fait le montant du milieu; ce corps eft foutenu par deux plumes arrondies, & l'on voit à leurs côtés deux bouts ou extré mités de plumes plus fortes, mais pareilles à celle du front. Cette feconde parure eft terminée par un plus petit difque. La tête & le col d'une Ibis, traités avec toute la faillie qu'ils peuvent avoir, paroiffent au milieu de cette parure fupérieure. Je crois qu'on ne peut expliquer cette

Planche VII. No. II. & III.

fingularité que par le culte particulier d'un Nome, d'autant que la Figure d'Horus paroît donner la preuve d'un culte général, & que les attributs dont cette Figure eft ornée, témoignent des diftinctions particulières auxquelles elle étoit foumife.

Cette réflexion fur les Monumens Egyptiens fait fentir combien il feroit néceffaire de retrouver des détails fur lės Nomes. Ce feroit un point de vûe nouveau pour étudier ces fortes de Monumens.

Il m'a paru que le profil de cette Figure étoit plus capable que la face, de faire fentir les petites fingularités de cette coëffure. Le N°. II. préfente ce profil. Hauteur fix pouces trois lignes: hauteur de la plinthe, quatre lignes.

No. III.

CE Prêtre d'Ofiris, de bronze, doit paroître répété au Lecteur ; & il faut convenir qu'on pourroit le croire, fans un examen attentif: mais indépendamment de la fingularité de fa coëffure, plus large & plus augmentée d'ornemens que celles que j'ai rapportées à cette intention dans le Vol. III. cette Figure présente un autre objet de réflexion. Je me fuis étendu, avec une vérité prouvée par tous les Monumens Egyptiens, fur la proportion jufte, conftante & dépendante d'un certain âge, c'eft-à-dire, de celui qui eft fait & formé, que cette Nation a toujours obfervé. Ce Monument, plus court d'une tête au moins qu'il ne devroit être, fans même admettre d'élégance, nous apprend que l'on trouve quelquefois chez les Nations les plus fages, des hommes qui veulent se distinguer & s'écarter des loix reçûes en tous les genres. Cette erreur eft un des malheurs de l'humanité; mais la Nation la plus fage eft celle où les Novateurs, inévitables par les fuites de l'amour-propre, font le plus promptement réprimés; ainsi je ne doute pas qu'une Nation, auffi éclairée que l'Egyptienne, n'ait critiqué l'Auteur de cette Figure, quant à sa proportion;

proportion, car on peut dire qu'elle étoit bien traitée dans Tes autres parties de détail. J'ajouterai qu'elle fait voir plus clairement, qu'aucun autre Monument de cette efpèce, que les mains fortoient de deffous la robe par deux ouvertures fimples & longues, & que les poignets paroiffent ici ornés par des franges.

Hauteur quatre pouces & demi: largeur d'un coude à Pautre, un pouce dix lignes.

N. IV.

N'AYANT point les mêmes critiques à faire fur le défaut de proportion, je ne rapporte que la coëffure de cet autre Prêtre d'Ofiris, de bronze. Les ornemens font du même genre. Ils ont la même intention. Ils paroiffent avoir le même objet : mais ils different, à plusieurs égards, & cette différence est digne au moins d'une légère curiofité.

N. V.

Ce petit Bronze préfente un Harpocrate. Le mouvement & la pofition de cette Figure prouvent que le goût Egyptien étoit altéré dans le tems de fon exécution, par la communication des goûts étrangers & venus de l'Europe. Cependant je crois d'autant plus ce Monument travaillé en Egypte, qu'il conferve tout le Costume de ce pays, & que la plume que ce petit Dieu tient dans une main, confirme la confidération qu'on avoit pour cette parure. L'ufage fréquent que les Egyptiens faifoient des plumes de l'autruche, eft prouvé de plus en plus par l'examen des Monumens. Au refte, ce petit Bronze eft d'un très-mauvais travail, & n'est point mal confervé. Hauteur un pouce dix lignes plus grande largeur quatorze lignes.

Tome V

K

PLANCHE XXV.

No. I. & II.

Le petit couronnement pointu que présente la coëffure de ce Prêtre d'Ofiris, n'eft pas ordinaire ; mais il n'auroit pas fuffi pour m'engager à répéter un Monument des plus communs. L'attitude différente du côté de la difpofition, & l'altération du côté des usages Egyptiens qu'on remarque dans cette Figure,font trop fingulières pour ne pas donner au Lecteur un exemple que je crois unique.

Le premier coup-d'oeil m'avoit perfuadé que, pour quelque raifon de badinage ou de plaifanterie, quelque Moderne avoit foudé adroitement le bas de cette Figure au fragment fupérieur d'un Monument authentique, dans l'efpérance de tromper & de fe moquer de quelque Antiquaire. Mais, quoique depuis la ceinture jufqu'à l'extrémité des pieds, le travail foit fort inférieur, je puis affûrer que la totalité a été fondue du même jet, & qu'autant que je puis avoir de connoiffances, ce Monument eft antique dans toutes fes parties; j'avancerai même qu'elles ont été travaillées dans le même tems. Je vais en donner une preuve convaincante. La gaîne qui, felon l'ufage Egyptien, auroit dû terminer la figure de ce Prêtre, devoit toujours aller en diminuant vers fa bâse, & n'auroit jamais affez fourni de matière, fur-tout en largeur, pour former les jambes dans la difpofition où ce No. les préfente. Pour donner une forte d'explication à cette bifarrerie, je croirois que le médiocre talent d'un Artifte Egyptien, ou fon peu d'habitude à préfenter une Figure dans une attitude fi peu ordinaire à fon pays, peuvent rendre raifon de la mauvaife forme & de la foible exécution des cuiffes & des jambes. Je voudrois pou voir donner au Lecteur une conjecture auffi vraisemblable fur le motif de cette difpofition & fur le choix de cette attitude; mais le fait eft peu important. Un Mo

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