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J. D'Au- teurs, qui avoient fait des livres, » où ils rapportent les Conciles & » les Peres fort agréablement. Mais » à tout cela ils me dirent qu'ils triomphoient de tout ce que je » leur avois dit, parce que leurs » Dieux étoient anciens, & avoient » des facrificateurs, Bonzes, Talapoins, & autres ordres de l'Antiquité; & parmi les Infideles, des » Ordres Mendians, des Dervis, » Geomaliers (a) Cadis, Imans Santons, Alfaquis, Skeils, Hogis, Murdens, & autres perfon»nages fort eftimés par leurs Mufulmans. Je rencontrai même des perfonnes, qui étoient les plus >> eftimées de leur Loy, avec lefquels » je difputai deux jours entiers, qui » croyoient me perfuader par leur Prophete Aly & leurs Philofophies de fuivre leur Religion,

(a) Les Geomaliers, ou Germaliers fe difent Religieux d'Amour. Ils vont courant le Monde, portant quelques livres & difcours Amoureux qu'ils vont chantans, & ne different gueres des autres en habits. J. Palerne p. 113. Il eft furprenant que M. Ricault n'en parle point dans fon Etat de Empire Ottoman.

étant furpris d'apprendre leur J. D'Av maudite intention, puifque je BRY. » n'avois traverfé les mers que pour les convertir. Ce qui m'étonna davantage, eft, qu'il ne fe trou» voit point de nos Prélats, Prêtres, » & Religieux, qui font parmi eux,

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qui leur fiffent voir la verité de » notre Religion; puisque la liber»té de la difpute eft permife en Perfe, dans le defir qu'ils ont de nous perfuader le Mahometifme; ce qui » me faifoit conclure une des deux confequences, ou que ces Religieux Catholiques, qui font par» mi eux, étoient fort ignorans, ou qu'ils étoient des hypocrites. Après » toutes ces conteftations, je me plongeai en une profonde melan» colie, voyant que notre Religion,' » qui eft la feule veritable, ne pou» voit être prouvée (utilement) aux » Docteurs Payens, aux Athées & » aux Infideles, foit pår l'Ecriture » Sainte, le rapport des Miracles, » l'Histoire, les Peres de l'Eglife, & >> nos Docteurs.

Notre Miffionnaire s'en revint en Europe fort mécontent, & après

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J. D'Au- plufieurs reflexions, il conclut qu'il ne devoit pas fe décourager. >>> Je » me refolus, ajoute-t-il, de quitter la bigoterie, la devotion à la mode » & la belle hypocrifie, pour re» tourner vers les Mecréans. » En cette refolution il me vint en penfée qu'il n'y avoit que deux » moyens pour affurer ma propofition (fur la verité de la Religion Chrétienne) envers les Mecréans » entendus. Le premier étoit par les »Miracles, lefquels étant attachés » à la Sainteté de l'amour, il eft inutile d'en écrire, & une temerité que d'y prétendre. Le fecond que Dieu nous avoit donné » la mémoire, l'entendement, & la volonté, & que je ne m'étois fervi » que de la mémoire; puifque je » n'avois rapporté que des témoi»gnages, des hiftoires, & des cho» fes écrites, ne m'étant point fervi

étoit

de la raifon & du jugement, pour » perfuader la volonté à l'amour du » Bien-aimé. Alors je conçus en mon entendement de faire une métho»de pour prouver que la Religion Chrétienne étoit la feule veritable;

aidé de ce raifonnement, que puif J. D'AUqu'elle étoit la veritable, elle étoit BRY. » la plus raisonnable, & par ainsi » que la raifon, qui étoit commu»ne à nous & à eux, feroit le moyen » & l'instrument, pour faire voir la verité de ma propofition. Ce qui me confirma davantage en cela, fut ce qu'a écrit le très R. P. Cauffin de la Comp. de Jefus au 4° tome de la Cour Sainte, qu'il veut découvrir en France un tréfor caché, dont on parle diverfement, qui eft la vie de S. Raymond Lulle, Martyr du tiers-ordre de S. François, la Trompette des Miffions Evangeliques, que S. Ignace a accompli du depuis fort heureufement, comme il a écrit; & encore ce qu'un Portugais me dit que » livre des Articles de Foy de S. Raymond Lulle, Martyr, étoit celui » que S. François Xavier emporta en fon voyage, pour s'en fervir en fes Miffions, avec le livre du même » S. Raymond Lulle, qui a pour ti»tre la Philofophie d'Amour, le quel a été l'étude perpetuelle de S. François de Sales, & le Maître du

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J. D'AU-,, Bienheureux Vincent de Paul, Inftituteur des RR. PP. Miffion

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naires... Toutes ces confiderations m'ayant fait concevoir ma méthode, alors plein d'amour ,, pour le Bien-aimé, j'ai traverse les Mers & les Pays éloignés, & ai commencé ma difpute avec vi,, gueur, en faifant voir par la rai,, fon, dont je fis des demonftrations fi veritables & fi admirables, qu'ils confefferent librement & de leur volonté, que la Religion Chrétienne étoit la feule veritable, leur étant impoffible de réfifter à des raifons fi puiffantes & fi excellentes ; ces raifons les rendant fi contens & leur donnant de fi grandes fatisfactions, que les plus fubtils de ces Idolâtres, Athées, & Infideles, fe mirent les ,, genoux en terre, les larmes aux yeux, pour remercier l'Eternel d'une connoiffance qu'ils eftimoient plus que tous les Empires & tous les Tréfors du Monde. C'est ce qui eft contenu en la fuite de ce livre, (c'est-à-dire de fa Trompette de l'Evangile.)

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