à ne rien oublier pour fon inftruc- A. G. DE
tion, & à le faire legitimer par BUSEEQ
un Refcrit de l'Empereur Charles-
Quint.

Il l'envoya étudier dans les plus
celebres Univerfités, à Louvain, à
Paris, à Venife, à Boulogne & à Pa-
doue, & le jeune Busbeq fit de grands
progrès dans toutes ces villes fous
les fameux Profeffeurs qu'il y fui-

vit.

En 1554
il fut en Angleterre à la
fuite de Pierre Laffe, que Ferdinand
Roy des Romains, y envoyoit en
Ambaflade, pour
, pour affifter aux Nôces
de la Reine Marie avec Philippe fils
de l'Empereur Charles-Quint, qui
fe celebrèrent le 25 Juillet 1554.

De retour en Flandres, il reçut à
Lille le 3 Novembre fuivant une
Lettre de Ferdinand, par laquelle ce
Prince lui marquoit de fe rendre à
Vienne, pour aller en Ambassade à
Conftantinople.

3 Il ne differa de partir qu'autant de
temps qu'il lui en fallut pour aller
dire adieu à fon pere, que
Valere
André, peu exact fur fon Chapître,
* fuppofé mal à propos mort en ce

BUSBEQ.

A.G. DE temps-là, auffi bien qu'à ses amis. Arrivé à Vienne, il en partit auffitôt pour Conftaminople, où il arriva le 20 Janvier 1555. Soliman II. étoit alors à Amafie à la tête de fon armée, & ayant fçu son arrivée, il lui fit dire de le venir trouver.

I fortit de Conftantinople le 9 Mars, & arriva auprès du grand Seigneur le 7 Avril; mais il n'eut pas grande fatisfaction de lui. Il avoit été envoyé à la Porte, pour y demeurer en qualité d'Ambaffadeur ordinaire; cependant il y fit trèspeu de féjour. Il ne put obtenir de Soliman qu'une Tréve de fix mois; & on jugea à propos qu'il retournât promptement vers Ferdinand, pour lui porter la lettre de l'Empereur

Turc.

Il partit donc d'Amafie le 2 Juin, & eut prefque toujours la fievre jufqu'au 24. qu'il arriva à Conftantinople, d'où après quatorze jours de repos, il reprit le chemin de Vienne.

Le Roi des Romains le renvoya au mois de Novembre à Conftantinople, où il arriva en Janvier 1556: Cette feconde Ambaffade fut plus

longue

longue & plus heureufe que la pre- A. G. DE miere; car elle dura fept ans, & BUSBEQ, finit par un Traité, contenant une Tréve de huit ans.

Busbeq, quoiqu'appliqué aux affaires de fon Ambaffade, ne laiffa pas de travailler pendant fon féjour en Turquie, pour la République des Lettres. Il ramaffoit des Infcriptions, achettoit des Manufcrits, recherchoit les Plantes rares, & s'informoit de la nature des Animaux. A ce fecond voyage il avoit mené avec lui un Peintre, pour deffiner les Plantes & les Animaux, qui nous font inconnus; & il communiqua dans la fuite ces deffeins à Pierre André Mathiole, qui en fit ufage dans les livres qu'il donna au Public.

Quelques-uns fe font imaginés que Mathiole avoit été à fon fervice, fondés fur la 4e Lettre de Busbeq écrite en 1562. où il eft dit : Nihil pene ftirpium neque herbarum retuli nifi depictarum, quas Mathiolo fervo mandaram & alia pleraque &c. Mais il est visible que la ponctuation eft vicieufe dans cet endroit,. & qu'il faut lire, quas Mathielo fervo.. Tome XXII

Gg

n'a

A. G. DE Mandaram & alia pleraque BUSDEQ. C'est-à-dire, qu'il gardoit ces deffeins pour Mathiole. Ajoutez à cela que Mathiole dit dans l'Epître dedicatoire de fon Commentaire fur Diofcoride, écrite l'an 1568. qu'il y avoit dix-fept ans de fuite qu'il étoit Medecin de Ferdinand d'Autriche fecond fils de Maximilien, I. Il a donc commencé à l'être en 1551. & pu durant ce temps fervir Busbeq. Busbeq eut pendant fon féjour en Turquie un Medecin, dont il est bon de dire quelque chofe. Il s'apr pelloit Guillaume Quacquelben, & étoit natif de Courtray, en Flandres. Il fut appellé en 1548. de Louvain pour profeffer la Medecine à Vienne en Autriche. Il paffa de-là à Conftantinople en 1552. & y mourut en 1561. C'étoit un homme de Lettres, & curieux en Medailles, & Busbeg affure dans fes Lettres que la République des Lettres perdit par fa mort quantité de Remarques curieufes qu'il vouloit mettre au jour. Mathiole dans fes obfervations fur Diofcoride reconnoît qu'il lui en avoit envoyé plufieurs qu'il avoit inferées dans fon Ouvrage. Ce Medecin avoit pour

principe qu'il ne falloit pas craindre A.G. D la Pefte, parce que la crainte feule BUSBEQ pouvoit la donner; cependant il la gagna, & en mourut, fans vouloir prefque demordre de fon premier fentiment. Busbeq le croyoit capable de tenir fa place à Conftantinople, quand il en feroit parti.

Busbeq ayant terminé les affaires, qui l'avoient amené en Turquie partit de Conftantinople à la fin du mois d'Août de l'an 1562. avec Ebrahim Strotfchen, Polonois, que Solyman II. envoyoit à l'Empereur Fer dinand II. & arriva en Autriche au commencement d'Octobre; mais comme l'Empereur étoit alors à la Diete de Francfort, il s'y tranfp orta par fes ordres pour lui rendre com pte de fes Negociations.

Son deffein étoit de paffer après cela le refte de fes jours dans une vie privée; mais il fallut qu'il fe rem barquât plus que jamais à la Cour.

On lui, confia le Gouvernement des jeunes Princes, fils de MaximiLien II. que ce Prince devenu Empereur par la mort de Ferdinand I. fon pere, arrivée le 25 Juillet 1564.