POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES HOMMES ILLUSTRES DANS LA REPUBLIQUE des Lettres; Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages. GILBERT GENEBRARD. G ILBERT Genebrard G. GENE naquit vers l'an 1537. BRARD. à Riom en Auvergne. Il entra de bonne fit profession dans l'Abbaye de Man- A G. GENE- Le peu de secours qu'il trouvoit BRARD. dans ce pays pour se pouffer dans les sciences, l'engagea à venir à Paris, aidé en cela par les liberalités de Guillaume du Prat, Evêque de Clermont, qui étoit son Patron & fon bienfaiteur. Il y eut pour Maîtres, Adrien Turnebe dans la langue Gréque, Jaques Carpentier dans la Philofophie, & Claude de Sainctes dans la Theologie. Il y apprit aussi Hebreu. Après avoir reçu le bonnet de Docteur en Theologie le 10 Juin 1563. il fut nommé Professeur Royal en langue Hebraïque; poste qu'il remplit pendant plusieursannées avec beaucoup d'applaudiffement. Il fut auffi pourvu du Prieuré de Saint-Denis de la Chartre à Paris, qu'il a aussi conservé long-temps. Etant allé à Rome sous le Pontificat de Sixte V. ce Pontife & les Cardinaux, à qui il étoit connu par ses ouvrages, lui firent beaucoup de caresses. De retour à Paris, il se laissa entraîner par la faction de Ligueurs, & devint un des soutiens les plus violens & les plus emportés de la G. GENELigue. Prêchant fans cesse contre le BRARD. Roy Henri IV. avec la derniere fu-. reur, il vomiffoit, dit le Journal de L'Eftoile, autant d'injures contre lui, qu'une harengere en colere. Son attachement à la Ligue lui procura l'Archevêché d'Aix en Provence, que le Pape Gregoire XIV. lui donna à la requeste des Princes & des Seigneurs Ligueurs l'an 1592. & il en prit poffeffion le 9 Septembre de l'année suivante 1593. Il le gouverna pendant cinq ans, toujours plein de son entêtement pour la Ligue, & de fon aversion pour le Roi, contre lequel il ne cessoit de declamer. Mais voyant enfin que les affaires de ce parti alloient toujours de pis en pis, & que toutes les Provinces rentroient dans leur devoir, il se retira à Avignon, où il composa son livre de Sacrarum Electionum Jure. Le Parlement de Provence condamna aussitôt par ordre du Roy ce livre a être brulé, & bannit Genebrard hors du Royaume, avec défense d'y mettre le pied fous peine de la vie. L'Arrêt en fut G. GENE-donné le 26 Janvier 1596. BRARD. On lui permit cependant ensuite de se retirer à Semur en Bourgogne dans un Prieuré qu'il y possedoit. Il mourut en ce lieu le 16 Fevrier 1597. & non pas le 14 Mars, comme quelques Auteurs le marquent, âgé de 60 ans. Le Roi, qui ne le reconnoissoir pas pour Archevêque d'Aix, parce qu'il l'avoit été fait fans sa participation, avoit nommé à cette dignité en 1595. lorsqu'il fut maître de la ville, Paul Hurault de l'Hôpital, Seigneur de Vallegrand, mais ce nouvel Archevêque n'en prit possession qu'après la mort de Genebrard, c'està-dire le 23 Decembre 1597. Genebrard a été certainement un des plus savans hommes de fon temps; mais il n'a pas été des plus judicieux dans le choix de ses opinions, non plus que dans celui du parti qu'il avoit embrasfé. Il a été plus reglé dans sa vie particuliere, que dans sa conduite à l'egard de fon Souverain, & dans ses Ecrits, où il a fait paroître beaucoup d'aigreur & d'emportement, non feu 4 lement contre les Prétendus Refor-G. GENEmés, mais encore contre tous ceux BRARD. qui étoient oppofés à la Ligue. Au reste le grand nombre d'Ouvrages qu'il a composés montre combien il étoit laborieux. On y voît qu'il écrivoit facilement, & paffablement en Latin, quoique d'un stile un peu dur, & trop enflé de Synonymes & d'Epithétes. On dit que pendant treize ans il ne manqua pas d'étudier quatorze hores par jour, & qu'il avoit accoutumé un petit chien qu'il avoit, à le reveiller, lorsquil lui arrivoit de s'endormir fur le travail. Catalogue de ses Ouvrages. 1. Ifagoge Rabbinica ad legenda & intelligenda Hebræorum Orientalium fine punctis fcripta, cum Tabulis Ar tium & Scientiarum vocabula exhibentibus. Parif. 1563. & 1587. in-4°. It. dans un Recueil d'Adrien Reland, intitulé: Analecta Rabbinica. Ultrajecti 1702. in-8°. Genebrard fit une étude si particuliere de la langue Hebraïque, qu'il se trouva en état de l'enseigner aux autres. Du Verdier nous apprend dans sa Prosopographie |