Imágenes de páginas
PDF
EPUB

feffer les Langues Orientales à Ley- J. DRU de. Pendant fon féjour en cette ville sius. il fongea à fe marier, & époufa le 18 Octobre 1580. Marie van der Varent, native de Gand, qui avoit commencé à prendre du goût pour les nouvelles Opinions, & qui les embraffa entierement après fon Mariage.

Vers ce temps il alla à Oudenarde pour quelques affaires; & ce voyage penfa lui être funeste, car pendant qu'il y étoit, le Duc de Parme y vint mettre le Siege, & la prit par Capitulation au bout de trois mois. Drufius eut le bonheur de n'être reconnu, & d'en fortir avec la garnifon.

pas

La modicité de fes gages & les pertes qu'il avoit fouffertes dans fa patrie, engagerent à fon retour les Curateurs de l'Univerfité de Leyde à lui faire une gratification de cent Florins, & à augmenter fes gages d'une pareille fomme.

Malgré cette augmentation, ils n'étoient pas encore fuffifans pour

l'entretien de fa famille; ainfi il fit entendre à fes amis, que fi on lui

[ocr errors]

J. DRU- offroit ailleurs une meilleure condi

SIUS.

tion, il l'accepteroit. Le Prince d'Orange l'ayant appris, écrivit aux Magiftrats de Leyde de faire enforce qu'un homme de ce merite ne leur échappât point.

Ils ne laifferent pas cependant de le laiffer échapper: Drufius les ayant quitté peu de temps après pour aller remplir à Franequer en Frife, une Chaire de Profeffeur en Hebreu. Il en fut mis en poffeffion le 10 Juin 1585. & il en remplit glorieufement les fonctions pendant tout le refte de fa vie. Ses gages étoient d'abord de cinq cens Florins, mais on les augmenta en 1587. de cent Florins & d'une autre pareille fomme en 1595.

L'année fuivante 1596. les deputez des Etats de Frife lui expedierent la Commiffion de travailler avec Philippe de Marnix de Sainte Aldegonde, & quelques autres, à une nouvelle Verfion Flamande de la Bible; mais cette commiffion n'eut point de lieu à fon égard, apparemment parce qu'il avoit été recommandé par Arminius & Vytenbogard,

dont le parti n'étoit pas alors le plus J. DRO

fort.

Les Etats Generaux le chargerent auffi en 1600. par la même recommandation de faire des notes fur les endroits les plus difficiles du Vieux Teftament, & lui aflignerent pour cela une penfion de 400 Florins. Pour le mettre plus en état de travailler à cet Ouvrage, ils écrivirent le 18 May 161. une Lettre aux Etats de la Province de Frife, pour les prier de difpenfer Drufius de tous les travaux qui feroient capables de retarder celui-ci. Cette Lettre ayant été lue, les Deputés de ces Etats dechargerent Drufius de toutes fonctions Academiques, lui permirent de mettre un autre à fa place pour les Leçons ordinaires, & lui payerent un Copifte. Quoiqu'ils le reduififfent par-là au fimple titre de Profeffeur, ils fe firent une gloire de le retenir dans leur Univerfité, & lui refuferent même fon congé qu'il demanda en 1603. parce que fa reputation attiroit à Franequer un grand nombre d'Etrangers.

Drufius, conformement aux Or

SIUS.

SIUS.

J. DRU-dres des Etats Generaux, travailla fur la Genefe, fur l'Exode, fur le Levitique, fur les 18 premiers chapitres des Nombres, & en particulier fur les endroits les plus difficiles du Pentateuque, du livre de Jofué, du livre des Juges, & des deux premiers livres des Rois; mais il ne put jamais rien faire imprimer de tout cela de fon vivant; On ne vit paroître ces Ouvrages qu'après fa mort.

Il mourut le 12 Fevrier 1616. âgé de 65 ans. Sa femme étoit morte dès l'année 1599. puifque l'on a une Lettre d'Arminius du mois de May de cette année, où il lui fait un compliment de condoleance fur fa mort.' Il eut trois enfans de fon Mariadeux filles & un garçon.

ge,

La premiere fille, nommée Agnés naquit le 22 Mars 1582. à Leyde, & fut mariée en 1604. avec Abel Curiander, qui a publié la vie de fon beau-pere.

La feconde, appellée Jeanne, naquit à Franequer le 1 Avril 1587. époufa le 29 May 1608. Abraham Walkius, & mourut à Gand le 12 Novembre 1612.

Le

Le fils, nommé Jean, comme J. DRUfon pere, naquit le 26 Juin 1588. SIUS. & mourut de la pierre à l'âgé de 21 ans en Angleterre, chez Guillaume Thorne (a) Doyen de Chichester, qui lui donnoit une groffe penfion. A en juger par ce que fon pere dit de lui dans la Preface d'un de fes Ouvrages (b) il feroit devenu un prodige d'erudition, s'il eût vecû plus longtemps. Il commenca dès l'âge de cinq ans à apprendre la langue Latine & l'Hebreu; à fept ans il expliquoit le Pfeautier Hebreu d'une maniere fi exacte, qu'un Juif qui enfeignoit l'Arabe à Leyde ne put l'entendre fans en témoigner beaucoup d'étonnement. A neuf ans il favoit lire l'Hebreu fans points, & ajouter les points où il falloit felon les regles de la Grammaire. Il parloit alors auffi aifément en Latin qu'en fa langue maternelle; il favoit même affez d'Anglois, pour fe faire entendre en cette langue. Il a laiffé plu

(a) Ce Doyen eft mal appellé Guillaume Thomas dans le Dictionnaire de Bayle; c'eft apparemment une faute d'Impreffion. (b) Lib, 10. Prateritorum,

Tome XXII.

F

« AnteriorContinuar »