Imágenes de páginas
PDF
EPUB

le même tribut de loiianges à ces habiles Historiens qui dans leurs Annales nous mettent devant les yeux & nous rendent comme préfens les faits & les événemens les plus éloignés; n'ayons pas moins d'égard pour ces fçavans Philofophes qui nous découvrent les merveilles & les fecrets de la nature. Reverons ces profonds Théologiens, qui par la folidité de leurs preuves & la force de leurs raifonnemens, diffipent l'erreur, confondent l'héréfie & rendent la Réligion respectable aux impies même & aux libertins. Mais ne craignons pas de donner la préférence aux Miniftres de l'Evangile. Quel homme de lettres, quel Orateur nous eft plus nécessaire & plus utile que celui qui nous annonce les vérités du falut? Nous fommes redevables à cette espèce de foudre qui part de sa bouche de nous reveiller de cette mortelle léthargie où les embarras & les amusemens du fiécle nous plongent.

fa

Les Prédicateurs font les organes de cette

voix forte qui brite les cédres, qui ébranle les déferts, qui retient la mer dans fes bornes; de cette voix puiffante qui fend la nuée & fait partir l'éclair, qui commande au néant & appelle les chofes qui ne font pas, comme elle annéantit celles qui font. Ils font la lumière du monde qui diffipe les illufions, qui éclaircit les doutes, qui écarte les fuperftitions. Ils font ce fel sacré dont parle l'Ecriture, que Dieu oppose par les foins de fa providence à toutes les corruptions qui ont cours fur la terre.

On ne finiroit point fi l'on vouloit rapporter tous les avantages que la Religion & la focieté retirent de ces hommes que Jefus-Chrift a choifi pour être les Ambaffadeurs auprès des peuples, & qu'il a rendu les dépofitaires de fa parole. Ce font eux qui inftruifent les ignorans, qui fortifient les foibles, qui confolent les affligés, qui excitent les lâches, qui encouragent les timides, qui foutiennent le peuple de Dieu dans la foi & dans la

qui

vertu. Ce font eux qui étonnent, épouvantent, qui troublent les confciences trop raffurées, qui rappellent les prévaricateurs à leur cœur, qui nous ramenent dans la bonne voye, qui nous tirent des portes de l'abyfme pour nous faire aspirer à une éternelle félicité. Ce font eux qui nous apprennent nos obligations, non seulement envers Dieu, mais encore envers les hommes; l'amour, le refpect, la fubordination que nous devons à nos Supérieurs, les attentions & les égards que nous devons à nos égaux, la charité & la bonté nous devons avoir pour nos inférieurs. En un mot, ce font eux qui nous apprennent à vivre en parfaits Chrétiens & en bons citoyens. C'est ce qui a fait dire à l'Abbé faint Pierre, que fi la Prédication n'étoit pas établie parmi nous, il feroit de la bonne politique & du bon gouvernement de l'établir. (a)

que

(a) Voyez les Reflexions fur l'Eloquence par M. l'Abbé Trublet, à la tête de fes Panégyriques, Page 79.

Toutes ces raifons feroient affés fortes. pour faire connoître au public des hommes à qui il eft fi redevable; des hommes qui ont été honorés d'un emploi des plus effentiels & des plus glorieux, & dont plufieurs s'en font fi dignement acquités. Mais. ce n'est point pour de femblables motifs, quelques juftes & quelques raisonnables qu'ils foient, qu'on a entrepris de donner ce Dictionnaire. On l'a entrepris uniquement pour mettre à portée ceux qui se, . destinent au miniftère de la Chaire de, profiter des Ouvrages des Prédicateurs quiles ont précédés. Le XVII & le XVIIL fiécle nous en ont fourni d'excellens, qui peuvent fervir de modéles. Les Sermons des Bourdalouës & des Maffillons, ont, de l'aveu de tout le monde, ce caractère;, mais ils ne font pas les feuls à mériter les fuffrages. Si l'on ne trouve guéres dans les difcours des autres Prédicateurs la même élévation, la même force, la même folidité, la même éloquence, on

trouve dans ceux du plus grand nombre de quoi s'édifier & s'instruire.

Il n'eft pas à fouhaiter pour le bien des Fidéles que tous les Sermons foient d'un mérite égal. Il faut en avoir dans tous les genres, & fi l'on peut s'exprimer ainsi, pour toutes les différentes trempes d'efprit. La parole de Dieu doit être du pain pour les forts, du lait pour les enfans & du mieł pour les foibles. On veut des Fléchiers & des Bourdalouës à la Cour & dans les grandes Villes; mais dans les Campagnes il faut des Pasteurs charitables qui aient égard aux foibles lumières des peuples qui leur font confiés. Et quand même un Miniftre de l'Evangile feroit obligé de fournir fa carrière dans les premières Chaires du Royaume, il ne lui sera pás peut-être donné de marcher fur les traces d'un Bourdalouë & d'un Maffillon. Il faudroit avoir la vivacité, l'imagination, l'étendue des lumières du premier, pour imiter fes raifonnemens fuivis & con

« AnteriorContinuar »