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Les avantages qu'on reçoit de la Saignée non-feulement dans L'operation de la taille, mais encore dans plufieurs autres MaLadies.

J

'A dit que le grand appareil n'avoit rien de dangereux lorfque l'operation eft bien faite & bien conduite ; c'eft une verité conftante, dont je pourrois être caution, puifque dans le grand nombre de malades qui fe font reinis entre mes mains, on ne peut pas dire de ceux qui font morts, & qui ont été ouverts, qu'il y en eut un feul dans le corps duquel il ne fe foit pas trouvé une cause de perte bien averée, foit dans les parties, foit dans les humeurs; ni la manoeuvre, ni les inftrumens n'avoient contribué en

rien à l'évenement. Il n'y a donc rien à apprehender que des parties ou des humeurs. Quant au premier obstacle, l'efperance est toûjours peu fondée; la fubftance d'un vifcére affecté ne fe rétablit pas facilement, au contraire il s'en fait une déperdition; quand une fois elle a commencé, la partie touchée peut fubfifter quelque tems, pourvû qu'on la conduife doucement & qu'on fe précautionne. Mais pour foutenir le bouleverfement qu'une telle operation produit dans des fujets qui ont une mauvaise conftitution, il faudroit des fecours que nous n'avons pas.

Pour ce qui eft du fecond obftacle, il faut fe fouvenir que les humeurs & le fang font la même chofe: pour préparer le malade & pour le bien conduire enfuite, il ne faut pas épargner ce qui peut

contribuer à purifier le fang, à moderer fes ardeurs, & à rallentir sa trop grande activité.

Il est aifé de juger quel est mon fentiment la faignée plus ou moins frequente fuivant les circonftances eft l'unique moïen d'affurer un heureux fuccès.

Je fçai que la faignée eft décriée prefque par tout, & qu'on a beaucoup plus de penchant pour les fudorifiques, parce qu'on estime, mais avec peu de fondement, qu'ils affoibliffent moins les malades; mais qu'importe que l'évacuation fe faffe par la tranfpiration ou par l'ouverture qu'a fait la lancette, c'est toûjours la même chose, la quantité eft la même, le foutien & la foibleffe des parties fe trouveront toûjours dans l'égalité,

Il eft certain cependant qu'il y a bien moins à rifquer dans l'usage de la faignée que dans l'ufage

des fudorifiques. Ce n'eft pas fans difficulté qu'on proportionne les fontes du centre à la capacité des pores de la circonference: fi les matieres fondues font trop abondantes, & que la transpiration ne réponde pas à leur quantité, les dépôts que forme l'excès de ces matieres, caufent plus ou moins d'accidents felon la force ou la foibleffe des parties. Je puis ajoûter que par les fudoriques le fang fe trouve denué de fa ferofité qui lui fert de vehicule pour circuler librement, & qu'il ne s'en écoupar l'ouverture des veines qu'à proportion de la quantité du sang qu'on tire.

le

Voilà ce qui m'a paru avoir plus de folidité, & c'eft l'experience qui me l'a appris. Il eft vrai que la faignée a toûjours favorifé mes operations; bien plus, s'il m'eft arrivé quelquefois de ne les avoir

pas pouffées affez loin, c'est alors que les hémorragies font venuës au fecours; les plus abondantes ont contribué à la plus prompte & à la plus parfaite guérifon. C'est ce qu'on va voir par les obfervations fuivantes.

Un Marchand de Dieppe étoit venu à Paris exprès pour se faire tailler le quatriéme Avril 1681. je lui tirai une pierre affez groffe; je l'avois préparé par quatre faignées & par quelques purgations; j'avois employé d'autres remedes que demandoit fon état. Trois heures après cette operation, il lui furvint un tranfport au cerveau avec une fiévre des plus ardentes; il ne connoiffoit plus perfonne, non pas même fa propre femme qui ne l'abandonna pas d'un moment; à toute heure il fe vouloit jetter par les fenêtres ; on le gardoit à vûë, & on fut obli

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