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De cette Gent fans honneur & fans foy
Par cet exploit l'audace eft réprimée :
Pour la réduire à fuivre nôtre loy
Befoin fera d'Apôtres comme toy;

Telle œuvre veut qu'on prêche à main armée,
On te verra fans doute ravager

Dans autre année, autre infidelle plage,
Dont on dira comme on le dit d'Alger,
Mosquée & Tours giffent fur le rivage.

ENVOY.

P Euples d'Alger franchement dites-moy

De Charles-Quint que mit en defarroy
Vôtre valeur auffi-bien que l'orage,
Ou de Louis qui fçait vous corriger ?
Quel eft plus grand, plus vaillant, & plus fage?
Bien mieux que nous vous en pouvez juger
Mosquée & Tours giffent fur le rivage.

RONDEAU REDOUBLE'

A M. LEDUC DE SAINT AIGNAN.

Sur la guérifon de fa fiévre quarte.

S Ans dégaifner & fans monter Moreau :

Mettez à fin périlleuse avanture:

Onc Chevalier ne fit exploit plus beau!
Contre vous-même en feroit la gageure.

Quoy de felonne & laide créature,
Fiévre qui fçait ouvrir l'huys du tombeau
Sçavez en bref faire defconfiture

Sans degaisner, & fans monter Moreau!

Vaincre pour vous n'eft pas un fait nouveau,
Ne gift, beau Sire, en ce point l'encloueure.
Dés vôtre avril comme Hercule auberceau
Mettez à fin périlleuse avanture.

Mais qu'en combat où rien ne fert armure,
Où rien ne fert qu'on ait feé la peau,

Ayez dompté qui dompte la nature!
Onc Chevalier ne fit exploit plus beau!

Cy vous verrons encor faire Rondeau Fendre Géants du chef à la ceinture, Faire de vous plus d'un vivant tableau, Contre vous-même en ferois la gageure.

Or de mes vœux file deftin a cure,

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Point n'entrerez dans le fatal batteau Qu'un fiecle n'ait accompli famefure. Point ne ferez fans amour, fans pipeau, Sans dégaifner.

1688.

EPITRE

A MADAME DE MAINTENON.

Toy dont la pieté, la vertu, la sagesse

Sont les fruits d'un efprit & d'un cœur fans foibleffe,
Que fans étonnement on ne peut regarder;
Toy que le Ciel conduit & traite en favorite,
Maintenon, pour qui vient de fe raccommoder
La fortune avec le merite,
Daigne par tes divins regards

Raffûrer mon ame éperduë.

La carriere où je cours ne prefente à ma vûë
Que des périls de toutes parts.
Combien de beaux efprits entendons-nous fe plaindre
De n'avoir encor pû, malgré tout leur fçavoir,
Arriver à ce but où je voudrois atteindre ?

Mais cependant qu'aurois-je à craindre,
Si tu foûtenois mon espoir ?

N'es-tu pas en ces lieux l'arbitre fouveraine
De la gloire où nous aspirons ?

Helas! fans ton aveu follement nous courons
Aprés cette chimere vaine.

Ainfi Rome vit autrefois

Un de fes Citoyens forti du fang des Rois.

Sous un Prince moins grand, moins aimé, moins habile
Que le Heros dont nous fuivons les loix,

Décider des Chanfons d'Horace & de Virgile:
Mais tandis que Mécene étoit leur ferme appui,
Son efprit vafte & fort à tout pouvant suffire,
N'en foûtenoit pas moins le fardeau de l'Empire :
Il partageoit d'Augufte, & la joye & l'ennuy,
Encor que le Ciel t'ait fait naître

D'un fexe moins parfait peut-être,

Il t'a fait un deftin plus beau, plus grand qu'à luy,
La plus entiere confiance,

LOUIS ne l'a-t-il pas en toy

Par ce qu'il commet à ta foy, N'a-t-il pas racourci l'effroyable distance

Que met la fuprême puissance

Entre une fujette & fon Roy?
Mais, par le vif éclat des vertus les plus pures
Tu brille plus encor que par tant de grandeurs,
Et tu n'as point ces fiertęz dures

Qui font aux malheureux sentir tous leurs malheurs,
Tes foins ont prévenu les triftes avantures
Où l'extrême befoin jette les jeunes cœurs,

Ah!

que ces
ces foins pieux chez les races futures
T'attireront d'adorateurs!

Contre la cruauté des fiéres destinées

Ils donnent ces foins généreux,

Un azile facré, vaste, durable, heureux
A d'illuftres infortunées..

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