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Mille fleurs fur mon chef fleuriffent à la fois

Par le feul defir de vous plaire ;

On dit que ce n'eft pas une petite affaire,
Et qu'on a vû plus d'un Berger
Jeune, bienfait, galant & tendre,
Inutilement y fonger.

Malgré cela j'oze prétendre,
A l'honneur de vous engager.
Fuffiez-vous cent fois plus fevére,
Climene, on ne réfuse gueres,
Les fleurettes d'un Oranger.

IMITATION DE LUCRECE en Galimatias fait exprés.

DEeffe en volupté feconde,

Toy, dont le nom eft reveré,
Toy, dont l'abîme est desiré,

De tous les habitans de l'un & l'autre monde ;

Je t'invoque fille de l'onde,

Venus! Sert de port

affûré,

A ce qu'une étude profonde,

M'a, fur d'immenfes faits, pour toy feule infpiré.

Conduis ma voix, belle Déeffe,

Pour chanter fur ma lyre en termes fimples & clairs,
L'immerfion que fait ta secourable adresse,
J'ay percé quelques nuits à compofer ces vers.
Quand de la machine des airs,

L'efprit a penetré la mobile fageffe,

Et

que de ce fuc dont la Grece
A long-tems nourri l'univers,

On s'eft fait un objet semblable à chaque espece,
On peut de tes regards foûtenir les éclairs,

L'ordre d'une caufe excentrique,
Fait par d'invifibles refforts,
Entrer en forme dans les corps,
Tout le Pathos Academique ;
Les fens par une route oblique,
Ouverte feulement alors,

Roulent une vertu premiere & fpecifique,
Dont rien, graces à toy, ne rompra les accords.

Auffi-tôt des efprits fixes & vegetables,
Les mouvemens fuligineux,

Rendent les defirs transpirables,

Et ces fources intariffables,

Où la nature puize, & fa force, & fes feux,
En d'autres fources tranfmuables,

Rendent à jamais inflâmables,
Tous les principes limoneux.

Ces atomes conjoints avecque la lumiere,
Par leur extrême fluidité,

Sont toûjours en focieté,
Avec l'effence reguliere,

Et dans un tourbillon de fubtile matiere,
Repandant à grands flots leur inégalité,
De tout le genre humain font l'heureuse miniere
Dont monte à l'infini la multiplicité.

Plus on regarde, plus on fouille,

Dans le cahos du vray, d'où circule en tous fens,
Les individus innocens,

Et plus de la raifon l'organe fe déroüille;
Les faits l'un de l'autre naiffants,
Font que dans ce fyftême aifément on débrouille
Tous les êtres obéiflants 3.

Et que d'une enveloppe enfin on les dépoüille.

Charmante mere des amours,

Venus, aprés l'excez où je porte ta gloire',
Eft-il quelqu'un qui puiffe croire,

Que rien fe faffe ici fans ton divin fecours?
De cette phyfique victoire,

Rien ne puiffe arrêter le cours !

Et puiffe dans ces vers en durer la memoire
Jufqu'au renversement de la sphere des jours.

EPIT RE

A Monfieur Lucas.

U

N illuftre & galant berger,

Me confeille de m'engager,

Il n'eft rien de plus fot, dit il, qu'un cœur tranquille,
Il vaudroit affûrement mieux,
Qu'il fut en defirs trop fertil,
Iris, ce bijou précieux,

N'eft pas fait pour être inutile,
Timandre, un tel confeil n'eft-il point dangereux?
De bonne foi peut-on le fuivre ?
Décidez de mon fort en amy genereux,
Voyez à quels maux fe livre

Un cœur qui s'abandonne aux transports amoureux,
Confultez vôtre experience,

Sur les dépits jaloux, fur l'ennuyeuse absence,
Sur la douleur qu'on fouffre alors qu'on voit changer,
Une ame qu'on penfoit qui feroit toûjours tendre
Et puis fage & prudent Timandre,

Dites-moy fi j'en dois courir tout le danger?

RONDE AU

A Monfieur ***

Quand on dit d'or, n'eut-on, j'oze le dire,

Nul des talens que poffedez, beau Sire,
Point il ne faut trop fe déconforter,

En grands perils; moins encor redouter,
D'encombrier en amoureux martyre.

Que contre écueils brife nôtre navire,
Un Ex voto de ce danger nous tire,
Le ciel l'entend, on fe fait écoûter,
Quand on dit d'or.

Órmon Époux doit chandelle de cire
Au Benoift faint qui vous a fait m'écrire,
Que maints louis font prêts à luy compter,
Et non à moy; car comme icy conter,
Vertu femelle à peine peut fuffire

Quand on dit d'or.

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