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Craint, adoré .... Mais j'entens la victoire
Qui vous appelle à des exploits nouveaux.
Que de hauts faits vont groffir vôtre Histoire?
Partez, courez à des destins fi beaux.
Je vois l'Espagne aux traitez infidelle
De fes Païs payer les attentats.
Je vois vos coups détruire les Etats
Du fier voifin qui foûtient fa querelle.
Et je vous vois vainqueur en cent combats,
Donner la Paix, & la rendre éternelle.

T

MADRIGAL.

Iran dont tout fe plaint, Tiran que tout adore,
Amour, impitoyable Amour,

Donne quelque relâche au mal qui me devore
Et la nuit & le jour.

Fais pour me foulager que mon aimable Alcandre
Devienne un peu plus tendre:

Va porter dans fon fein cette bouillante ardeur, Ces violens transports, cette langueur extrême Dont tu remplis mon trifte cœur

Depuis l'heureux moment qu'il aime. Ne crains pas que tes foins foient mal récompenfez : Mon Alcandre connoît ta puiffance fuprême. Il aime. Mais, helas! il n'aime pas affez.

RONDE AU.

LE

RONDE A V.

E bel efprit, au fiecle de Marot, Des dons du Ciel paffoit pour le gros lot; Des grands Seigneurs il donnoit accointance, Menoit par fois à noble joüiffance,

Et qui plus eft, faifoit bouillir le pot.

Or eft paffé ce tems, où d'un bon mot,
Stance, ou dizain, on payoit fon écot;
Plus n'en voyons qui prennent pour financê
Le bel efprit.

A prix d'argent l'auteur comme le fót,
Boit la chopine & mange fon gigot;
Heureux encor d'en avoir fuffifance.
Maints ont le chef plus rempli que la
Dame ignorance à fait enfin capot
Le bel efprit.

pance.

Tome 1.

B

RONDE A U.

Contre

Ontre l'amour, voulez-vous vous défendre? Empêchez-vous & de voir & d'entendre Gens dont le cœur s'explique avec efprit. Il en eft peu de ce genre maudit,

Mais trop encor pour mettre un cœur en cendre.

Quand une fois il leur plaît de nous rendre
D'amoureux foins, qu'ils prennent un air tendre ;
On lit en vain tout ce qu'Ovide écrit
Contre l'amour.

De la raison il ne faut rien attendre:

Trop de malheurs n'ont fçû que trop apprendre,
Qu'elle n'eft rien dés que le cœur agit.
La feule fuite, Iris, nous garantit.
C'eft le parti le plus utile à prendre

Contre l'amour.

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CELIMENE.

EGLOGUE.

A

SSISE au bord de la Seine,
Sur le penchant d'un côteau,
La Bergere Célimene
Laiffe paître fon troupeau.

Il defcend dans la prairie,
Sans qu'elle daigne fonger
Que le loup pourra manger
Sa brebis la plus chérie.

Le fouvenir d'un Berger,
Que la fortune cruelle
Force à vivre éloigné d'elle
Dans un climat étranger,
Caufe la douleur mortelle
Qui luy fait tout negliger.

Tantôt cedant à la force
De fes amoureux transports,

-Elle grave fur l'écorce
Des arbriffeaux de ces bords:

1680

Puiffe durer, puisse croître
L'ardeur de mon jeune amant,
Comme feront fur ce hêtre
Ces marques de mon tourment!

Tantôt mèlant fur le fable
Le nom d'Achante, & le fien',
Elle trouve infuportable
Qu'un Zephir impitoyable
En paffant n'en laiffe rien.

Quelle cruelle avanture,
Dit-elle avec un foupir,
Si ce que fait le Zephir
M'eft un veritable augure,
Que de fi tendres amours
Ne dureront pas toûjours!

Je briferois la muzette
Que me laiffa l'impofteur;
Et du fer de ma houlette
Je me percerois le cœur.

A ces mots elle, repaffe
Dans fon efprit allarmé,
L'air, les traits, l'efprit, la grace.
De ce Berger trop aimé.

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