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Les Oiseaux de ce bocage
Se taifent pour écouter
Ce qu'ils entendent chanter
Du beau Berger qui l'engage:
Ils voudroient le repeter,
Mais leur plus tendre ramage,
Ne la fçauroient imiter.

Jamais cette triste amante,
Ne voit fur l'herbe naiffante
Folâtrer d'heureux amans,
Qu'elle ne fe represente
Combien l'abfence d'Achante
Luy vole de doux momens.

Jamais des Bergers, ne viennent
De ces bords delicieux,
Où les deftins les retiennent,
Que fon amour curieux

Ne s'informe fi ces lieux
Ont des Nymphes affez belles
Pour faire des infidelles.

Enfin mille fois le jour
Elle veut, elle apprehende
Tout ce que craint & demande

Le plus violent amour.

Qu'on doit plaindre une Bergere

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Si facile à s'allarmer!
Pourquoy du plaifir d'aimer
Faut-il fe faire une affaire?
Quels Bergers en font autant
Dans l'ingrat fiecle où nous fommes ?
Achante qu'elle aime tant,
Eft peut-être un inconstant
Comme tous les autres hommes.

CHANSON.

DU charmant Berger que j'adore

Un fort cruel menace les beaux jours. Ruiffeaux vous le fçavez, & vous coulez toûjours ; Roffignols vous chantez encore.

Vous les feuls confidens de nos tendres amours;
Taifez-vous, arrêtez votre cours.
Du charmant Berger que j'adore

Un fort cruel menace les beaux jours

Pour la Naiffance

DE M. LE DUC

DE BOURGOGNE.

L'An

Idylle.

'Amour preffé d'une douleur amere
Eteint fon flambeau, rompt fes traits,
Et par le Stix jure à fa mere
Qu'il ne s'appaifera jamais.
Tout fe reffent de fa colere:
Déja les Oyfeaux dans les bois,
Ne font plus entendre leurs voix,
Et déja le berger neglige fa bergere.
Ce matin les jeux & les ris,
De l'Amour les feuls favoris,
M'ont découvert ce qui le defefpere;
Voicy ce qu'ils m'en ont appris.
Un divin Enfant vient de naître
M'ont-il dit, à qui les Mortels

Avec empreflement élevent des autels,

Et pour qui fans regret nous quittons nôtre Maître.
Si l'Amour est jaloux des honneurs qu'on luy rend,
Il l'eft encor plus de ses charmes :

1682.

En vain pour effuyer fes larmes,
Venus fur fes genoux le prend,
Luy fait honte de fes foibleffes;
Et quand par de tendres careffes
Elle croit l'avoir adouci,

D'un ton plus ferme elle luy parle ainsi.
Vous avez fourni de matiere

Au malheur dont vous vous plaignez ;
L'aimable Enfant que vous craignez,
Sans vous n'eût point vû la lumieṛe;
Mais confolez-vous-en: luy qui vous rend jaloux,
Un jour foumis à vôtre empire,

Quoy que la gloire en puiffe dire,

Fera de vos plaifirs fon bonheur le plus doux.
Reprenez donc vôtre arc; quoi, mon fils, feriez-vous
Aux ordres des Deftins rebelle?

Songez que vous devez vos foins à l'univers,
Que par vous tout fe renouvelle;

Que dans le vafte fein des mers,

Que fur la terre & dans les airs,

La nature à fon aide en tout tems vous appelle
Ha! s'écria l'amour, je veux me vanger d'elle!
Contre elle avec raifon je me fens animé:
Avec de trop grands foins cette ingrate a farmé
Cet Enfant, ce rival de ma gloire immortelle.
Concevez-vous quelle eft ma douleur, mon effroy !
Il eft déja beau comme moy.

Mais jufqu'où les Mortels portent-ils l'infolence?

Sans refpecter mon pouvoir ni mon rang,
On oze comparer fon fang avec mon sang:
On fait plus; fur le mien il a la préference.
On ne craint point pour luy la celeste vangeance;
Il a dans fon ayeul un trop puiffant appuy;
Quel Dieu pour la valeur,quel Dieu pour la prudence,
Pourroit avec Louis difputer aujourd'huy?
Depuis qu'il fut donné pour le bien de la France,
On n'a plus adoré que luy.

De l'univers il regle la fortune,
Par un prodige il eft tout à la fois
Mars, Apollon, Jupiter & Neptune :
Ses bontez, fes foins, fes exploits,

Font la felicité commune.

Au delà de luy-même il porte fon bonheur,
A fon augufte Fils luy-même fert de guide;
On voit ce Fils brûler d'une héroïque ardeur,
Et de gloire en tout tems avide,

Dans le fein même de la paix,

Aux frivoles plaisirs ne s'arrêter jamais.
Il fe plaît à la chaffe image de la guerre,
Il fe plaît à dompter d'indomptables chevaux
En attendant le jour qu'armé de fon tonnerre,
LOUIS en triomphant du refte de la terre
Fournisse à fa valeur de plus nobles travaux.
Bien que de la beauté vous foyez la Déeffe,
Vous ne luy cauferiez ni transport ni defirs.
Heureux & digne époux d'une jeune Princesse,

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