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Le jeune Icar ainfi tomba des Cieux,
Point on ne doit contraindre fon génie.

Sur Helicon, où maint Sçavant troupeau,
Sous verds lauriers à pas lents fe promene,
Et vient puifer feu divin dans cette eau
Que d'un Cheval fit ruade foudaine,
Jaillir d'un Roc, & nommer Hipocrene,
Phoebus départ de fon docte domaine
Trompettes, Luths, Pipeaux délicieux,
Il donne à l'un ce qu'à l'autre il dénie,
Et dit à tous ce vers fentencieux,
Point on ne doit contraindre son génie.

Bien qu'en faveur de mon doux Chalumeau,
De beaux efprits fameuse Quarantaine
Ait décidé d'un prix rare & nouveau,

Quand de Louis (qu'Alger, Tunis, & Gene,
Virent punir entreprise trop vaine)

J'eus publié puiffance fouveraine,

Maintien, témoin qu'il eft du fang des Dieux,

Valeur, clemence & fageffe infinie,

Lire & clairon me duifent encor mieux :
Point on ne doit contraindre fon génie.

Voilà

ENVO r.

pourtant Balade ronde & pleine:

Reçoi-la bien, Dame qui fur la Seine
Fais oüir chant enjoüé, serieux,
Tendre, heroïque & digne d'Uranie;
Quant eft de moy, je publie en tous lieux,
Point on ne doit contraindre fon génie.

VERS

SUR LA

MORT

DE MAD. DESHOULIERES.

DEshoulieres n'eft plus, cette digne heritiere,

D'une illuftre & fçavante Mere,

*

Au même âge, & comme elle, a vû finir les jours. Un mal prefqu'incurable en a borné le cours : Onze luftres au plus ont remply fa carriere. Autrefois dans mes vers ou tendres, ou galans, * L'une & l'autre font mortes d'une espece de Cancer fous le fein.

Je vantay fes
appas, & fes rares talens.
Mais fans avoir recours aux louanges prophanes,

Ce n'eft qu'un encens pur que je dois à fes manes.
Penetré de fon trifte fort,

Des fentimens chrétiens qu'elle eut jufqu'à la mort,
J'oublie alors ces dons que luy fit la nature :
Nobleffe, efprit, douceur, graces, vivacité,
Et tout ce qui n'eft plus qu'une ombre, une figure,
Quand on pense à l'Eternité.

Dieu feul fut fon objet; de fon amour éprife,
On la vit nuit & jour & fouffrante & foumile;
Bien que par la douleur le corps fut abattu,
L'ame à la voix du Ciel fut docile & fidelle,
Muse, neloüons plus, n'admirons plus en elle,
Que fa conftance & fa vertu.

MOREAU DE MAUTOUR.

MADRIGA L.

DE M. LE DUC DE SAINT AIGNAN.

A MADAME DESHOULIERES.

Uy, je l'ay dit fans hyperbole,

Vous écrivez d'un air qui partout eft vainqueur.
Je veux bien confeffer qu'il me refte du cœur,
Mais je demeure fans parole.

1684.

1687.

REPONSE

DE MADAME DESHOULIERES.

Q

Uand vous me cedez la victoire,

Vous vous couvrez d'une nouvelle gloire,
De vôtre Madrigal tout le monde eft charmé;
Eft-ce ainfi d'un combat qu'on cede l'avantage,
Qu'on fe dit vaincu, défarmé ?
On connoit bien qu'à ce langage
Vous n'êtes pas accoûtumé.

CHANSON

DE M. DE SAINT GILLES

A MADAME DESHOULIERES.

Sur l'air de. Reveillez-vous, belle endormie.

P

Ourquoy, fçavante Deshoulieres
M'enlevez-vous dix-huit couplets?

Quoy, n'êtes-vous pas affez fiere
Des beaux vers que vous avez faits ;

Reftituez donc à faint Gilles

Le foible honneur de ses chansons
Contentez-vous de vos Idylles,
Et retournez à vos moutons.

REPONSE

DE MADAME DESHOULIERES

A M. DE SAINT GILLES.

Sur le même Air.

Si le public à l'aventure;

I

A répandu fous nôtre nom
L'agréable & vive peinture
De l'Opera de Campistron.

Il ne vous a pas fait d'outrage,
N'en foyez pas mal fatisfait:
Ce n'eft pas tant pis pour l'Ouvrage,
Quand on dit que nous l'avons fait.

FIN.

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