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Et l'ame à peine peut fuffire

Aux tendres mouvemens que leur mêlange inspire.
Quel charme eft icy répandu?

A nous faire imiter ces amans tout confpire,
Par les foins de l'amour leurs foupirs confervez
Enflâment l'air qu'on y respire,

Et les cœurs qui fe font fauvez
De fon impitoyable empire
A ces deferts font rélervez.

Tout ce qu'a de charmant leur beauté naturelle
Ne peut m'occuper un moment.
Les reftes précieux d'une flâme fi belle
Font de mon jeune cœur le feul amusement.
Ah! qu'il m'entretient tendrement

Du bonheur de la belle Laure?
Et qu'à parler fincerement,

Il feroit doux d'aimer fi l'on trouvoit encore
Un cœur comme le cœur de fon illuftre amant.

CHANSON.

Pourquoy me reprocher, Silvandre,

Que je vous promets tout pour ne vous rien tenir? [dre Helas, c'est moins à moy qu'à vous qu'il s'en faut prenPour remplir vos defirs, j'attens un moment tendre: Que ne le faites-vous venir?

1674.

LES

MOUTON S.

Idylle.

HElas, petits Moutons, que vous êtes heureux,

Vous paiffez dans nos champs fans foucy, fans alarmes
Auffi-tôt aimez qu'amoureux !

On ne vous force point à répandre des larmes ;
Vous ne formez jamais d'inutiles defirs.

Dans vos tranquilles cœurs l'amour fuit la nature,
Sans reffentir les maux vous avez fes plaisirs,
L'ambition, l'honneur, l'interêt, l'impofture,
Qui font tant de maux parmi nous,

Ne fe rencontrent point chez vous.

Cependant nous avons la raifon pour partage,
Et vous en ignorez l'ufage.

Innocens animaux n'en foyez point jaloux.
Ce n'est pas un grand avantage.

Cette fiere raifon dont on fait tant de bruit
Contre les paffions n'est pas un fùr remede.
Un peu de vin la trouble, un enfant la féduit.
Et déchirer un cœur qui l'appelle à fon aide,
Eft tout l'effet qu'elle produit.
Toûjours impuiffante & fevére

Elle s'oppose à tout, & ne furmonte rien.
Sous la garde de vôtre chien.

Vous

Vous devez beaucoup moins redouter la colere
Des loups cruels & raviffans,

Que fous l'autorité d'une telle chimere

Nous ne devons craindre nos fens.

Ne vaudroit-il pas mieux vivre comme vous faites
Dans une douce oifiveté ?

Ne vaudroit-il pas mieux être comme vous êtes
Dans une heureuse obscurité,
Que d'avoir fans tranquillité
Des richeffes, de la naiffance,
De l'efprit & de la beauté ?

Ces prétendus tréfors dont on fait vanité
Valent moins que vôtre indolence.

Ils nous livrent fans ceffe à des foins criminels :
Par eux plus d'un remord nous ronge.
Nous voulons les rendre éternels,

Sans fonger qu'eux & nous pafferons comme un fonge,

Il n'eft dans ce vafte Univers

Rien d'afsûré, rien de folide,

Des chofes d'icy bas la fortune décide
Selon ces caprices divers

Tout l'effort de nôtre prudence

Ne peut nous dérober au moindres de fes coups.
Paiffez moutons, paiffez fans regle, & fans science :
Malgré la trompeuse aparence

Vous êtes plus heureux & plus fages que nous.

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Tome I.

C

SONNET EN BOUTS RIMEZ.

POUR LE ROY.

.....

....

roitelet,

Châtelet

Our chanter un Heros quittons le... flageollet, Louis cede au feul Roy qui fit le décalogue: Par luy l'Aigle eft reduite au vol du Et fon nom eft trop grand pour la champêtre.. églogue. La chicane 'mourante au fond du .. Luy seul aux autres Rois fervant de... pedagogue, Tous les voifins forcez à garder le ... mulet, L'hérefie enchaînée à fes pieds comme un.... dogue. De vices & d'erreurs fon Etat.. écuré, Le calme à l'Univers par les foins pro ...... curé Tout enfin met sa vie au deffus des plus..... belles. Il vient d'humilier l'orgueil de l'...... helefpont, A fes vastes projets la fortune répond Et va luy préparer des victoires......... nouvelles.

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37

EPITRE CHAGRINE.

à Mademoisellle **** QUel efprit vous féduit ? quelle gloire vous tente?

Quel caprice? à quoy penfez-vous ?

Vous voulez devenir fçavante,

Helas! du bel efprit fçavez-vous les dégoûts ?
Ce nom jadis fi beau fi reveré de tous,
N'a plus rien, aimable Amarante,

Ni d'honorable ni de doux..

Si-tôt

que par la voix commune

De ce titre odieux on fe trouve chargé,
De toutes les vertus n'en manquât-il pas une,
Suffit qu'en bel efprit on vous ait érigé,
Pour ne pouvoir prétendre à la moindre fortune.

Je fçay bien que le ciel à fçû vous départir
Ce qui foûtient l'éclat d'une illuftre naissance.
Que fans efpoir de recompenfe

Vous ne travaillerez que pour vous divertir,
C'est un malheur de moins, mais il en eft tant d'autres
Dont on ne se peut garantir,

Que je vous verray repentir

D'avoir moins écouté mes raifons que les vôtres.

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