Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Nul en Amour ne daigne être hypocrite;
Ou fi parfois un de ces étourdis

A quelques foins s'abbaiffe, & s'habituë,
Don de mercy feul il n'a pas en vûë:
On n'aime plus comme on aimoit jadis.

Tous jeunes cœurs fe trouvent ainfi faits,
Telle denrée aux foles fe débite.

Cœurs de barbons font un peu moins coquets.
Quand il fut vieux le diable fut hermite,
Mais rien chez eux à tendresse n'invite.
Par maints hyvers defirs font refroidis.
Par maux frequens humeur devient bourruë
Quand une fois on a tête chenuë,
On n'aime plus comme on aimoit jadis,

ENVO Y.

Fils de Venus, fonge à tes interêts,

Je voy changer l'encens en camouflets:
Tout eft perdu fi ce train continuë.
Ramene-nous le fiecle d'Amadis.

Il t'eft honteux qu'en cour d'attraits pourvûë,
Où politesse au comble eft parvenuë,
On n'aime plus comme on aimoit jadis.

REPONSE.

DE M. LEDUC DE SAINT AIGNAN.

BALAD E.

A Caution tous ne font pas sujets

Autre maxime en ma tête eft écrite ;
Et pour parler de mes tourmens fecrets,
Onques de cour ne connut l'eau benîte.
Si dans maints cœurs probité plus n'habite,
Au mien les faits fuivent toûjours les dits.
Par moy l'aftuce au monde n'eft venuë,
D'amans loyaux fi la mode eft perduë,
Moy j'aime encor comme on aimoit jadis.

Nul riche atour, nul nombre de valets,
Ne contribue à mon peu de merite.
Toûjours me tiens au rang des plus difcrets:
Tant mieux pour moy fi la troupe eft petite,
Amour chez moy n'eft jamais décrepite,
Et quand les fots font les plus applaudis
Dûffay-je en tout paffer pour une gruë,
Faveur fe cache auffi-tôt qu'obtenuë,
Tant j'aime encor comme on aimoit jadis.

Jeunes beautez qui tendez vos filets,
Chaffez bien loin cette engeance maudite
De jouvenceaux, quand prés des beaux objets
D'être indolent chacun fe felicite.
Je fers l'amour fans faire l'hypocrite,
Et le fers mieux qu'un de ces étourdis:
Mais fi pour vous aux foins je m'habituë,
Don de mercy j'auray toûjours en vûë,
Car j'aime encor comme on aimoit jadis.

Quand jeunes cœurs fe trouvent ainfi faits
Prefent meilleur à Dame on ne débite.
Cœurs de barbons peuvent être coquets.
Le diable éût tort quand il fe fit hermite.
Si ma perfonne à tendreffe n'invite,
Mes fens au moins point ne font refroidis.
Par aucuns maux mon humeur n'eft bourruë,
Et peu m'en chaut, fi j'ay tefte chenuë
Car j'aime encor comme on aimoit jadis.

ENVOY.

FIIs de Venus fonge à tes interêts,

Reprend l'encens, & rends les camouflets,
Accorde à tous que ce train continuë,
Nous reverrons le fiécle d'Amadis ;

[ocr errors][merged small]

Et fi jamais Dame d'attraits pourvûë
A m'enflâmer fe trouve parvenuë;
Je l'aimerai comme on aimoit jadis.

[blocks in formation]

Aimer eft un badinage,
Et l'amour

N'eft dangereux qu'au Village,
Un Berger,

Si fa Bergere n'eft tendre,
Śçait fe pendre,

Mais il ne fçauroit changer.
Et parmi nous quand les belles
Sont legeres ou cruelles,
Loin d'en mourir de dépit,
Ön en rit,

Et l'on change auffi-tôt qu'elle.

Tome 1.

D

[ocr errors]

REPONSE

A M. LE DUC DE SAINT AIGNAN.

BALADE.

Duc, plus vaillant

Uc, plus vaillant que les fiers Paladins
Qui de géans conquêtoient les armures :
Duc, plus galant que n'étoient Grenadins,
Point contre vous ne font mes écritures.
Grand tort aurois de blafonner vos feux.
Hé qui ne fçait, beau Sire, je vous prie,
Qu'en fait d'amour & de chevalerie
Onques ne fut plus véritable preux.

Vous pour fendez vous seul
fendez vous feul quatre assasins ̧
Vous réparez les torts & les injures,
Feriez encor plus d'amoureux larcins
Que jouvençeaux à blondes chevelures;
Ce que jadis fit le beau tenebreux
Prés de vos faits n'eft que badinerie.
D'encombriers vous fortez fans féérie
Oncques ne fut plus veritable preux.

« AnteriorContinuar »