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RONDE AU

TAifez vous tendres mouvemens,

Laiffez-moy pour quelques momens :
Tout mon cœur ne fçauroit fuffire
Aux tranfports que l'amour m'infpire
Pour le plus parfait des amans.

A quoy fervent ces fentimens ?
Dans mes plus doux emportemens
Ma raison vient toûjours me dire
Taifez-vous.

La cruelle depuis deux ans .... Mais, helas! quels redoublemens Sens-je à mon amoureux martyre ? • Mon Berger paroît, il foupire: Le voicy, vains raisonnemens Taifez-vous !

LES

Q

FLEURS.

Idylle.

Ue vôtre éclat eft peu durable,
Charmantes fleurs, honneur de nos jardins :
Souvent un jour commence & finit vos deftins,
Et le fort le plus favorable

Ne vous laiffe briller que deux ou trois matins.
Ah! confolez vous-en Joncquilles, Tubereufes :
Vous vivez peu de jours, mais vous vivez heureuses.
Les médifans, ni les jaloux

Ne gênent point l'innocente tendreffe
Que le Printems fait naître entre Zéphire & vous.
Jamais trop de delicatele

Ne mêle d'amertume à vos plus doux plaifirs.
Que pour d'autres que vous il pouffe des foupirs,.
Que loin de vous il folâtre fans ceffe :
Vous ne reffentez point la mortelle trifteffe
Qui devore les tendres cœurs,

Lors que pleins d'une ardeur extrême
On voit l'ingrat objet qu'on aime

Manquer d'empreffement, ou s'engager ailleurs.
Pour plaire, vous n'avez feulement qu'à paroître :

Plus heureufe que nous,

que nous, ce n'est que

le trépas

Qui vous fait perdre vos appas.

1682.

Plus heureuses que nous, vous mourez pour renaître.
Triftes reflexions, inutiles fouhaits.

Quand une fois nous ceffons d'être,
Aimables fleurs c'eft pour jamais!

Un redoutable inftant nous détruit fans referve :
On ne voit au-delà qu'un obscur avenir.
A peine de nos noms un leger fouvenir
Parmi les hommes fe conferve:

Nous entrons pour toûjours dans un profond repos
D'où nous a tirez la nature,

Dans cette affreuse nuit qui confond les heros
Avec le lâche & le parjure,

Et dont les fiers deftins par de cruelles loix
Ne laiffent fortir qu'une fois

Mais, helas! pour vouloir revivre,
La vie eft-elle un bien fi doux ?

Quand nous l'aimons tant, fongeons

De combien de chagrins fa perte nous délivre ?
Elle n'eft qu'un amas de craintes, de douleurs,
De travaux, de foucis, de peines.

Pour qui connoît les miferes humaines,
Mourir n'eft pas le plus grand des malheurs
Cependant, agréables fleurs,

Par des liens honteux attachez à la vie

Elle fait feule tous nos foins,

Et nous ne vous portons envie

Que par où nous devons vous envier le moins.

1683

BALADE.

A M. CHARPENTIER.

Sur fon Livre intitulé: Défenfe de la Langue Françoife pour l'Infcription de l'Arc de Triomphe.

F

Ameux Auteur, de tous auteurs le Cocq :
Toy dont l'efprit agréable & fertile,
Des Latineurs a foûtenu le choc
Par un écrit dont fublime eft le ftile,
Plus éloquent que ne fut feu Virgile:

Tu leur fait voir qu'on doit les mettre au croc,
Pour chaque trait tu leur en rend deux mille,
Quand tu combats, la victoire t'eft hoc.

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Dans leurs difcours & ab hac & ab hoc,
Ils ont crié qu'à Paris la grand Ville,
Où l'étranger eft en proye à l'escroc,
Infcription Françoise eft inutile.
Latinité moins feroit difficile,

Difent-ils tous, pour la Gent vuide-broc.
On prêche en vain un fi faux Evangile,
Quand tu combats, la victoire t'eft hoc.

7

Du grand Louis qui de taille & d'eftoc
De l'univers fera fon domicile,

Et dont le cœur s'ébranle moins qu'un roc:
Pourquoy les faits, par une erreur fervile,
Mettre en Latin? Non, non, troupe indocile
D'inscriptions nous allons faire troc.
Par toy Damon Pedans vont faire gile,
Quand tu combats la victoire t'eft hoc.

茶湯

GRand

ENVO Y.

Rands fçavantas, Nation incivile,
Dont Calepin eft le feul uftancile,
Plus on ne veut icy de vôtre affroc.
François langage eft or, le vôtre argile,
Bon feulement pour gens qui portent froc;
Pourfuit Damon, ils n'ont plus d'autre azile,
Quand tu combats, la victoire t'eft hoc.

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