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Egive reine de France & femme de Charles le Simple, enterrée auffi dans la même crypte, n'a auffi qu'une fimple tombe de pierre, fur laquelle on a affez de peine de lire l'epitaphe fuivante.

Que fueram quondam titulis generofa fuperbis,
Que ducibus regni regimen memorabile Francis:
Hic Ethgiva premor, terræ fub pulvere pulvis.
Quòd quifquis cernis, cafus reminifcere mortis,
Orans ut requies detur mihi carne foluta.
VII. Kal. Jan.

Quelques-uns ont cru qu'il y avoit eu autrefois à faint Medard quatre cens religieux qui chantoient les louanges de Dieu jour & nuit, fans interruption. C'est un fait dont nous fouhaitterions avoir des preuves auffi incontef tables, qu'il eft certain que le monaftere a été dans tous les tems très-celebre, qu'il s'y eft tenu plufieurs conciles que S. Boniface apôtre d'Allemagne & archevêque de Mayence y a couronné Pepin roi de France, que l'em. pereur Louis le Debonnaire y a été mis en prifon par fes propres enfans, que Pepin le jeune roi d'Aquitaine y a été renfermé & contraint d'y recevoir la tonfure, qu'il comte au nombre de fes abbés les rois Eude & Raoul, qu'il a donné à l'eglife plufieurs grands evêques, & entre autres Raoul archevêque de Bourges, Foucher evêque de Noyon, Ingrand evêque de Laon, S. Arnoul evêque de Soiffons, Geoffroy evêque de Châlons. Qu'il a fervi de retraite à de grands prélats qui ont quitté volontairement leurs evêchez pour le mettre à couvert des dangers pres

que

inévitables de l'epifcopat, & fe fanctifier avec tant de pieux folitaires. Ce fut la vûë qu'eut le venerable Leidrade en quittant l'archevêché de Lyon pour fe faire religieux à S. Medard.

Če Monaftere fubfifta avec fplendeur jufqu'à ce que la fureur des Calviniftes le reduifit à n'être plus qu'une ombre fort legere de ce qu'il avoit été. Ces împies s'en étant emparés pillerent les chaffes d'argent de trente corps faints, & les trois chaffes d'or où étoient les reliques de S. Medard, S. Sebaftien, & S. Gregoire le Grand. Ils renverferent tous les lieux reguliers. L'Eglife qui étoit

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magnifique ne tarda pas long-tems après à tomber. Le relâchement des anciens moines s'étant joint à cela, le monaftere paroiffoit entierement enfeveli dans fes ruînes, & affurement il falloit la Congregation de faint Mau pour lui rendre quelque luftre. Car lorfque la reforme Y fut introduite, il n'y avoit plus que huit religieux, qui vivoient prefque fans regularité, tous les ornemens de la facriftie confiftoient dans une aube & un calice d'étein, le cloître étoit plein de decombres, les voutes du chapitre & du refectoire étoient à bas, l'herbe avoit cru dans le dortoir, l'eglife avoit plus la reffemblance d'un prêche que d'une eglife; car l'abbé commendataire qui l'avoit fait rebatir, s'étant fervi d'un Calvinifte, & sui ayant confié cette entreprise, il lui donna la veritable forme d'un prêche, n'y faifant ni autel ni chapelle. Les chofes étoient en cet état lorfque environ l'an 1637. les religieux de la Congregation de S. Maur furent introduits au monaftere de S. Medard. Ils n'y trouverent point d'autre bâtimens pour fe loger, que la prifon de Louis le Debonnaire, qui fert aujourd'hui de preffoir. Elle leur fervit de dortoir, de refectoire, de chapitre, d'infirmerie, & de chambre d'hôtes, & lorfqu'ils alloient à matiils étoient obligés de marcher fub dio, dans les bouës & dans les neiges; mais l'amour de Dieu qui les animoit & le defir de retablir la regularité dans un lieu d'où le bon ordre étoit banni, leur rendoit cette demeure agréa ble. Ils ne la regardoient pas comme une prifon, mais comme un palais, & Dieu donna une telle benediction à leur zele, qu'en très-peu de temps on vit revivre la pieté dans un lieu, dont elle fembloit être éteinte, les obfervances monaftiques reprendre leur premiere vigueur, & tous les lieux reguliers retablis. Le cloître eft un des plus beaux qui foient dans le royaume. Les piliers & les feuillages qui ornent les chapiteaux font d'une delicateffe qui femble furpaffer l'att. Au-deffus de la porte par laquelle on fort du monaftere, on voit une ancienne pierre fur laquelle les fentimens ne font pas uniformes. Quelquesuns croyent qu'elle a fervi au tombeau d'une perfonne de grande diftinction. D'autres difent qu'elle a fervi à un temple

nes,

i

temple d'idoles, ce qui n'eft pas vrai - femblable. Nous la rapporterons ici afin que les curieux & les antiquaires puif. fent nous dire ce qu'ils en penfent.

Le chapitre eft grand, élevé, & bien vouté. Le re fectoire bâti fur les ruînes de l'ancien, eft très-long clair à proportion, & orné d'une très-belle boiferie. Les dortoirs & les jardins repondent au refte du monaftere, c'eft-à-dire qu'ils font très-beaux. On voit encore dans le jardin des mazures d'une ancienne eglife bâtie fur le modele de celle de Sainte Sophie de Constantinople, auffi a-t-elle retenue le nom de fainte Sophie. Il y a douze chanoines, qui font obligez d'affifter les dimanches à la meffe des religieux. Je ne parle pas de l'eglife parce qu'il n'y a rien de remarquable dans le vaiffeau, qui a été bâti fur le modelle d'un prêche, on y a mis le grand autel dans le milieu du fond'; aux deux extremitez on a pratiqué deux chapelles,, de faint Sebastien & de faint Gregoire le Grand. Et au bas du choeur on a menagé dans la nef deux petits autels, l'un confacré à la Vierge & l'autre à faint Benoift. On montre dans la facriftie un très-beau bufte d'argent, dans lequel eft renfermé le chef de faint Medard.

De tous les anciens monumens, il ne refte à S. Medard qu'un ancien texte des Evangiles, qu'on ne peut trop cfti..

mer. Ileft écrit en lettres d'or onciales, toutes les pages fon en deux colonnes, mais travaillées avec tant de foin, qu'il n'y en a pas deux de femblables. C'eft un prefent que l'empereur Louis le Debonnaire fit au monaftere, lorfqu'on y apporta le corps de S. Sebastien : il eft couvert d'un très-beau filagrame de vermeil doré, qu'Ingran abbé de S. Medard fit faire, comme nous l'aprenons de l'infcription fuivante. Hæc tabula falta eft a domno Ingranno abbate hujus loci anno Incarnati Verbi M. C. LXVIIII. papatus Alexandri III. decimo, regni Ludovici Junioris XXXIII: librum autem iftum obtulit Lodovicus Pius Imperator Beato Sebaftiano, in exceptione ejufdem martyris inclyti & papæ Gregorii Urbis Roma.

On nous montra auffi une ancienne infcription gravée fur une pierre qui fut trouvée il y a quelques années dans une dependance du monaftere. Les curieux ne feront peut-être pas fâché de la trouver ici.

IMP. CAES. L.
SEPTIMO SE
VERO PIO PER
TINACE AVG. ARA
BICO A DIABENIC,
PARTHICO MAX.

PP. COS. III. ET IMP. CES.
M. AVRELIO ANTONINO:
PIO FELICE.

AVT. P. VII, COSS. III. PPE
COS. CURANTE L. P.
POSTVMO LEG. AVG G,
PP. AB AV G. SVESS.

LEVG. VIII.

Il faut joindre à cette infcription, celle qui eft gravée fur une colomne de pierre dans la cour du château de Vic fur Aine, appartenant à M. l'abbé de S. Medard.

IMP. CAES.

M. AVRELIO AN

TONINO PIO.

AVG. BRITANNI.
COMAX. TRIB.

POT. XIIII. IMP. II.

COS. IIII. PP. PRO
COS. AB AVG.

SVESS. LEVG.
VII.

On regarde à Soiffons S. Crefpin & S. Crefpinien com- S. Crefp'ne me les apôtres du pays. Il y a deux abbayes fondées en leur honneur. Celle de S. Crefpin le Grand eft la plus confiderable, tant parce qu'elle eft la plus ancienne, que parce qu'elle a eu l'honneur de conferver les reliques de ces faints martyrs. On dit que c'étoit autrefois la Cathedrale, & que cela a duré jufqu'à S. Bandaride, qui là tranfera dans la ville en l'eglife de S. Gervais: auffi eft-il refté une très-grande union entre les Chanoines de cette eglife & les religieux de S. Crefpin. Les jours de S. Bandaride & de S. Crefpin, les chanoines viennent en procession au monaftere, & y chantent la meffe folemnelle avec les religieux. Et le Dimanche dans l'octave de l'Af cenfion les religieux vont à S. Gervais avec les corps de leurs SS. Patrons, où ils chantent la meffe avec beaucoup de folemnité. Le Monaftere de S.Crefpin a fubfifté avec alfez d'éclat jufqu'à la guerre que les Calviniftes declarerent à tous les lieux faints. Pour lors il fut ruîné de fond en comble. Tout ce que les religieux purent faire fut de fauver les reliques de leurs faints Patrons, qui étoient confervez dans une belle chaffe d'argent. Ils crurent qu'ils ne pouvoient pas les depofer dans un lieu plus fûr, que dans l'abbaye de Notre-Dame, oú madame de Bourbon four du prince de Condé, qui en étoit abbeffe, avoit parole qu'on ne toucheroit pas à fon monaftere: comme en effet il fut le feul qui échapa à la fureur de ces impies,

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