Où l'on donne les définitions & les principes generaux qui fervent pour refoudre les Problémes, & démontrer les Theorémes de Geometrie. I. DEFINITIONS. Ly a deux fortes de propositions dans la 1. Les Theorêmes sont des propositions qui contiennent des veritez Geometriques qui ne dépendent d'aucune operation, & qu'il faut seulement démontrer... A 2. Les Problêmes font d'autres propositions qui demandent que l'on fasse quelque operation, & que l'on démontre que l'operation que l'on a faite, fatisfait à la question. Ce qui s'appelle refoudre le Problême. Il y a des Problemes déterminez, & d'autres indéter minez. 3. Les Problêmes déterminez sont ceux qui n'ont qu'une seule solution, ou qu'un nombre déterminé de solutions. Si l'on propose, par exemple, de couper une ligne donnée en deux également, on voit clairement que ce Problême ne peut avoir qu'une seule solution; mais si l'on FIG. 1. propose de couper une ligne donnée AB en un point C, en forte que le rectangle AC × CB soit égal au quarré d'une autre ligne donnée EF; il est clair que ce Problême peut avoir deux solutions, & qu'il n'en peut pas avoir davantage: car si après avoir trouvé le point C qui satisfait à la question, on la coupe encore en un autre point D qui soit autant éloigné de A que C l'est de B, le rectangle AD x DB sera égal au rectangle AC × CB puisque AD =CB, & AC=DB. Il est aisé de voir qu'il n'y a point d'autre point qui puisse satisfaire au Problême. 4. Les Problêmes indéterminez sont ceux qui ont une infinité de solutions : comme si l'on propose de diviser une ligne donnée en deux parties sans y admettre aucune autre condition, il est évident que tous les points de cette ligne fatisfont au Problême. De même si l'on propose de trouver deux lignes dont le raport foit égal à celui de deux autres lignes données; l'on voit évidemment que les deux lignes que l'on cherche, peuvent être prises d'une infinité de grandeurs differentes, & qui auront toujours entr'elles le même raport. Semblablement. FIG. 2. 5. Si l'on demande de trouver un point B sur la circonference d'un demi cercle ABC, en forte que la perpendiculaire BH, menée du point cherché B sur le diametre AC soit moyenne proportionnelle entre les parties AH & HC du diametre AC. On sçait que tous les points de la circonference ont cette proprieté, c'est-à-dire que toutes Mes perpendiculaires, comme BH font moyennes proportionnelles entre AH & HC en quelqu'endroit que l'on prenne le point B. DEFINITION. 6 LES lignes droites ou courbes qui renferment, ou fur lesquelles font tous les points qui resolvent un Problême indéterminé, sont appellez lieux Geometriques. Ainsi la demi circonference ABC est le lieu qui contient tous les FIG. 2. points B, d'où l'on peut tirer des perpendiculaires BH moyennes proportionnelles entre AH, & HC. AVERTIS VERTISSEMENT. 7. Quoique l'on se propose ici de donner la maniere de démontrer les Theorèmes de Geometrie par le moyen de l'Algebre; il ne faut pas entendre cela fi generalement qu'il n'y en ait quelques-uns d'exceptez: car il y en a d'Elementaires où l' Algebre n'a point de prise. On ne peut, par exemple, démontrer par l'Algebre que les cotez homologues des triangles semblables font proportionnels. Il en est de même de plusieurs autres ; & c'est particulierement de ces deux Theorèmes que l' Algebre a besoin, &par le moyen desquels on vient à bout de tout, comme on verra dans toute l'étendue de cet Ouvrage. Soit qu'il s'agisse de refoudre un Problème, ou de démontrer un Theorème de Geomeprie par le moyen de l' Algebre, il est toujours necessaire de trouver des équations & pour ce sujet il faut nommer toutes les lignes connues & inconnues qui y peuvent servir, par des lettres de Alphabet, avec cette difference que l'on nommera les données ou connues, ou déterminées, ou conftantes par les premieres a, b, c, d, &c. & les inconnues ou indéterminées, ou variables par les dernieres, r, f, t, u, x, y, z. Et parcequ'il y a fouvent plusieurs chemins pour trouver les équations necessaires pour la démonstration d'un Theorème, ou pour la résolution d'un Problème, on pourroit prendre celui qui se presenteroit le premier s'ils conduisoient tous à des équations également simples, & d'où l'on pût tirer des constructions également élegantes: mais comme l'on arrive quelquefois à des équa : tions très-composées, en suivant certaines routes, & que l'on arriveroit à de très-simples en en suivant d'autres ; il s'enfuit que lorsqu'on ne trouve pas les premieres équations ausquelles on est parvenu par les premieres suppositions, assez simples, il en faut chercher d'autres par d'autres voyes, & ne se point rebuter : car lorsqu'un Problème est simple de sa nature, on trouve ordinairement des équations fimples pour le refoudre : mais parceque pour trouver des équations simples, cela dépend particulierement des lignes que l'on nomme par des lettres inconnues, c'est-à-dire, qu'en nommant certaines lignes par des lettres inconnues, on arrive à des équations très-composées, au lieu qu'en en nommant d'autres par les mèmes lettres inconnues, on arrive souvent à des équations très-simples. 8. On ne peut donner de regles précises pour déterminer parmi les lignes inconnues celles que l'on doit nommer par des lettres inconnues, pour parvenir aux équations les plus fimples, ni pour tirer certaines lignes qui font necessaires tant pour la démonstration des Theorèmes, que pour la resolution des Problèmes, mais l'on peut faire certaines remarques, & établir certains principes qui ne laissent pas d'avoir un grand usage dans l'un &l'autre cas. On les trouvera ailleurs. II. PRINCIPES GENERAUX Pour appliquer l'Algebre à la Geometrie. L ORSQU'IL S'agit de resoudre un Problême, ou de démontrer un Theorême de Geometrie, on doit premierement bien entendre ce dont il s'agit, c'està-dire l'état de la question, & bien remarquer les qualitez des lignes qui doivent former la figure sur laquelle on doit operer: car il y a des lignes données de position seulement; d'autres données de grandeur, & de position tout ensemble; d'autres données de grandeur, & non de position; & d'autres enfin qui ne sont données ni de grandeur, ni de position. 1. Les lignes données de position seulement, font celles dont la situation est invariable & toujours la même, mais dont la longueur n'est point déterminée: comme la ligne EFG, qui étant une fois posée dans une situation perpen- FIG. 2. diculaire au prolongement du diametre AC d'un demi cercle ABC, à une certaine distance du point C, ne peut avoir aucune autre position. Les lignes données de grandeur & de position tout ensemble, sont celles qui ne peuvent changer de situation, & dont la longueur est déterminée, de forte qu'elles ne peuvent ni alonger ni acourcir : comme le diametre AC du demi cercle ABC, qui étant une fois posé dans une situation perpendiculaire à la ligne FG, ne peut avoir aucune autre position. Les lignes données de grandeur, & qui ne le font point de position, font celles dont la grandeur ne peut varier; quoique leur situation puisse changer, comme le demi diametre DB, qui demeure toujours de même grandeur en FIC. 2. quelque endroit de la circonference ABC que l'on prenne le point B. Les lignes données de grandeur font aussi appellées lignes connues ou lignes conftantes, & on les nomme par des lettres connues, a, b, c, d, &c. Les lignes qui ne font données ni de grandeur ni de position, sont celles qui en changeant de places, changent aussi de grandeur, comme la perpendiculaire BH qui changera de grandeur & de place autant de fois que le point H s'éloignera ou s'approchera du point D. Les lignes qui ne font données ni de grandeur ni de position, font aussi appellées lignes inconnues, indéterminées, ou variables, & on les nomme par des lettres inconnues x, y, z, &c. 2. Lorsqu'on veut resoudré un Problême, on le doit considerer comme déja resolu, & ayant mené les lignes que l'on juge necessaires, l'on nommera celles qui sont connues par des lettres connues, & celles qui font inconnues par des lettres inconnues, & sans faire de distinction entre les quantitez connues & inconnues, on examinera les qualitez de la question, & l'on cherchera le moyen d'exprimer une même quantité en deux manieres differentes ; & ces deux expressions d'une même quantité étant égalées l'une |