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A

MONSIEUR

PERRICHON,

CONSEILLER

D'ETAT

ordinaire, Chevalier de l'Ordre du Roi, Prevôt des Marchands, & Commandant dans la Ville de

Lyon.

M

ONSIEUR,

POUVOIS-JE préfenter

le fruit de mes travaux à un Ci

toyen plus illuftre que vous dans ma Patrie, puifque vous en êtes devenu le pere par la dignité de premier Magiftrat qui difpenfe la Juftice aux Négocians de la premiere Ville de l'Etat pour le commerce, & qui exerce le pou

voir de Commandant de cette grande Ville? Le Roi, après vous avoir confié cet Emploi, vous a encore nommé dans la fuite Confeiller d'Etat, pour récompenser dans vous le Prevôt des Marchands, & le Commandant qui avoit fçu fi bien concilier l'intérêt du Roi avec l'intérêt du Public. On a penfé que les hommes étoient comme une piece de monnoie, à laquelle le Prince met le prix qu'il veut par les Emplois dont il les honore: mais, lorfqu'il vous a élevé, MONSIEUR, il ne

vous a pas donné un nouveau prix; il a feulement expofé dans un plus grand jour vos talens,qui étoient déja appréciés dans l'ef prit de la faine partie du monde. Ces talens, qui font ceux du Magiftrat & du Commandant, vous les uniffez à une affabilité, une douceur, un accès facile, un defir de répandre des bienfaits fur tous ceux qui les méritent: vous poffédez l'art difficile de gagner les efprits par des refus, parcequ'on voit fur votre vifage que vous fouffrez en refufant. On ne vit jamais un affemblage plus parfait des dons de l'ame. C'est cet heureux mélange qui vous a gagné tous les fuffrages; & parmi tous les cœurs qui volent vers vous, voit ceux du peuple & des

on y

Citoyens du plus haut rang, qui s'empreffent à l'envi de vous of frir leur zele.

L'art de commander renferme la connoiffance de la force & de la foibleffe des efprits. Il faut fe prêter aux uns & aux autres, en leur prefcrivant des Loix: il faut Sçavoir fe plier & replier ; tantot montrer de la fermeté, tantôt avoir l'art de céder à propos, forcer ceux-ci par la crainte qu'on inspire, & s'accommoder à la foibleffe de ceux-là,en defcendant jufqu'à eux. Il faut connoître toutes les routes du cœur humain, même les plus difficiles, pour choifir celles qu'il faut prendre dans des conjonctures délicates, afin d'arriverquelquefois directement à fon but; quelquefois par uncircuit,quand cela est néceffairestou

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