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triarches fe regardoient tous comme des étrangers & des Pèlerins fur la terre: S. Paul prouve admirablement que cela ne peut s'entendre par rapport à la Méfopotamie, dont ils étoient fortis (a). Les Juifs confultoient les morts; Moïfe leur défend févérement cette curiofité criminelle (b). David dit que la mort des Saints eft précieuse devant Dieu (c). Sail pria la Pythonisse de lui faire voir Samuel (d). Le Livre de l'Eccléfiaftique, qui ne refpire que le dogme de l'immortalité, eft un Recueil des fentiments & des maximes des plus anciens Juifs. (e) Job dit qu'il reffufcitera & qu'il verra fon Dieu (ƒ) &c.

D. Si les Juifs ont cru l'ame immortelle, pour

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(c) Pretiofa in confpectu Domini mors fandorum ejus. Pl. IIS.

(d) I. Reg. cap. xxviij. Eccli. xlvj.

(e) Jefu, filii Sirach, prologus: Multorum nobis & magnorum, &c.

(f) Quis mihi tribuat ut fcribantur fermones mei? Quis mihi det, ut exarentur in libro ftilo ferreo, & plumbi lamind, vel celte fculpantur in filice? Scio enim quòd Redemptor meus vivit, & in noviffimo die de terrâ furrecurus fum, & rursùm circumdabor pelle meá & in carne med videbo Deum meum. C. 19. Il eft ridicule de dire que Job parle de fa guérison. 1.o Ce n'étoit pas là une vérité à être gravée fur le plomb & le marbre. 2.o II y auroit contradiction avec d'autres paffages, où Job n'efpere pas d'être délivré de ses maux, Č. VII. 7. C. XIX, 6. 10. C. XXIV. (15.3.o Job ne pouvoit efpérer de voir des yeux corporels) que le fils de Dieu revêtu de notre chair: Oculi mei confpeduri funt. 4° Les Septante difent expreffément : L'Eternel me détruira, & refufcitera ce corps accablé de maux.

quoi eft-il dit dans l'Ecriture, que les morts ne loueront plus le Seigneur (a)?

R. On fait que, dans l'ancienne Loi, les ames des juftes n'étoient point admifes à la jouiffance de Dieu, qu'elles attendoient le médiateur pour trouver leur félicité dans les louanges éternelles du Créateur. Mais, indépendamment de cette réponse ordinaire, l'Ecriture-Sainte en préfente une autre, & s'explique parfaitement elle-même. Les morts ne glorifioient pas Dieu comme les vivans, en inftruisant la génération future (b); ils ne pouvoient plus convertir les méchants en leur enfeignant les voies de Dieu (c); ils ne lui rendoient pas leurs hommages au milieu du Temple, dans la grande assemblée des fidèles (d); enfin ils n'admiroient plus les ouvrages du Seigneur, & l'éclat de fa puiffance dans la terre des vivans (e).

D. Le Livre de l'Eccléfiafte ne nous dit-il pas qu'il n'y a pas de diftinction entre l'homme & la brute, que l'un périt comme l'autre?

R. Voici le fens de ce paffage, qui ne paroît pas avoir été lu de ceux qui l'ont tant de fois objecté. En raifonnant fur la nature & la defti

(a) Non mortui laudabunt te, Domine, neque omnes qui defcendunt in infernum. Pfal. 113.

(b) Vivens, vivens ipfe confitebitur tibi ficut & ego hodie: pater filiis notam faciet veritatem tuam. Ifai. 38. (c) Docebo iniquos vias tuas, & impii ad te converten tur. Pfal. so.

(d) Vota mea Domino reddam in confpedu omnis populi ejus, in atriis domús Domini. Pfal. 115.

(e) Non videbo Dominum Deum in terra viventium. Ifai. 38.

née des hommes, j'ai dit que Dieu avoit voulu éprouver leur foi & leur efpérance, & que »pour cela il avoit mis quelque reflemblance en

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tre eux & les bêtes ; que la vie & la mort étoient »communes aux ups & aux autres. Ce font à-peu près les termes mêmes du Livre (a), qui à la fin dit expreffément, qu'après la mort l'efprit de l'homme retourne à Dieu pour recevoir le prix du bien ou du mal qu'il aura fait (b). 11 eft inutile de raisonner fur la fignification du mot Efprit; de quelle nature eft l'efprit qui va à Dieu pour en être jugé ?

D. D'où vient donc qu'une doctrine fi propre à conferver les Loix, & à affermir la conftitution d'un Etat, n'a pas fervi de fondement à la légiflation de Moife?

R. 1. Quoique Moife n'ait pas expreffément employé les peines & les récompenfes éternelles pour attacher les Juifs à la Loi de Dieu, la connoiffance qu'ils en avoient, les y attachoit indépendamment des difcours du Législateur. C'est ainfi que parmi nous l'autorité du Prince eft cimentée par celle de Dieu, & par la foi de l'immortalité, fans que les loix de l'Etat nous rappellent ces motifs généraux & trop connus.

2. Un Peuple indocile, attaché avec excès à la vie & aux biens périffables étoit peu touché de

(a) Dixi in corde meo de filiis hominum, ut probaret eos Deus, & oftenderet fimiles effe beftiis, Idcircò unus interitus eft hominis & jumentorum, & æqua utriufque conditio. Cap. 3.

76) Revertatur pulvis ad terram unde erat, & fpiritus redeat ad Deum qui fecit illum.... Cunda quæ fiunt, adducet Deus in judicium pro omni errato, five bonum five malum. Eccle. 12.

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ces biens & de ces châtiments que fes yeux n'apperçevoient pas, & dont fon efprit ne comprenoit ni le prix ni l'étendue : quand il commença à être plus attentif & plus docile, le dogme de l'immortalité lui fut prêché plus fortement & plus frequemment : les Livres fapientiaux en font remplis.

3. La jouiffance des récompenfes éternelles ne devant commencer qu'à la mort du Rédempteur, c'étoit un bien éloigné qui touchoit foible ment des hommes qui ne goûtoient que les plaifirs préfents. On montrera plus bas que le péché originel & fes effets étoient très-connus aux Juifs.

4.o La Loi de J. C. devoit être à tous égards fupérieure à celle de Moïfe, fon effet devoit être de détacher les hommes de tout ce qui périt, & de fixer fes regards fur l'éternité. L'immortalité fait donc la bafe de la Loi nouvelle, comme les biens & les maux temporels avoient fait la base de la Loi ancienne. La figure ne devoit pointavoir l'éclat de la réalité, ni les ombres l'excellence de la lumiere; la prédication du Maître devoit avoir une fublimité, que le ferviteur n'avoit Difcours fur pu atteindre. Cette réflexion de M, Boffuet eft Hift. univ. exprimée dans un grand nombre de paffages de l'Ecriture (a).

(a) Mifit me prædicare diem retributionis. Luc. 4. Ifai. 61. Non fecundum Legem mandati carnalis factus eft, fed fecundum virtutem vitae infolubilis. Heb. 17. Nunc autem melius fortitus eft minifterium, quantò melioris teftamenti mediator eft, quod in melioribus promiffionibus fancitum eft. Heb. 8.

СНАРІTRE

I I I.

Liberté de l'homme.

D. L'AME SPIRITUELLE & immortelle eft-elle

douée de la liberté ?

R. Penfer autrement, c'eft faire de l'homme une machine à reffort, un jouet de la fatalité.

D. Dieu prévoit avec une entiere certitude toutes les actions des hommes; un être raisonnable prend néceffairement le parti qu'il juge être le plus avantageux; l'habitude devient une feconde nature, un penchant infurmontable. Tout cela ne femble-t-il pas détruire le dogme de la liberté?

R. Nous avons répondu à la premiere de ces L. 1, eh. si objections en parlant de la prefcience de Dieu. S.. La feconde eft démentie par l'expérience.

Si l'amour du bonheur déterminoit infaillible ment le choix de l'ame, le Chrétien perfuadé de la vérité de fa foi, ou même un Profane inftruit des malheurs du crime, ne pourroient ne point être vertueux; cependant le contraire n'est que trop vifible. Tout le monde adopte cet aveu humiliant d'un ancien Poëte:

Aliudque cupido, Ovid. Me Mens aliud fuadet; video meliora proboque, tamor. L. 7. Deteriora fequor.

S'il étoit vrai qu'un long usage du vice & de la vertu pût former une efpece de néceffité & d'infenfibilité aux attraits contraires, ce feroit l'effet d'une infinité d'actions libres, & dès-lors une vraie liberté dans fon principe & dans les causes:

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