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V. M. Bof fues, ei-def

hante d'adorer autant de dieux que de créatures dépendantes du vrai Dieu; autant de vices érigés en dieux, qu'il y avoit de dieux amateurs ou protecteurs du vice, & d'honorer tous ces dieux par fus, ch. 2 les plus abominables défordres (4). Nos Philofophes croient avoir trouvé le fecret d'une teinture qui blanchit tout ce qui eft noir, & qui noircit tout ce qui eft blanc.

Candida de nigris, & de candentibus atra.

D. Est-il bien vrai que les anciens Païens adoroient les ftatues? Ne regardoient-ils pas les Idoles comme des figures fymboliques de la Divinité?

R. 1. Quand cela feroit, eût-il été fort raifonnable d'adorer un Jupiter, une Junon, úne Vénus, &c. fous des figures fymboliques?

2.° Quoique quelques Philofophes ne plaçaf fent point la Divinité dans les plantes, les bois, le métal, &c. l'Ecriture nous apprend que le gros des Idolâtres adoroient toutes ces chofes, & les regardoient comme des dieux (b). Les Païens

(a) Ces facrifices & ces cérémonies font avoués par tous les Auteurs Païens. On ne peut les lire fans horreur dans les Ecrits pleins de zèle que les faints Peres ont pu bliés fur ces infames fuperftitions. M. de V. n'en est fans doute pas mieux inftruit que les Origenes, les Tertullien, les Lactance, les Clément d'Alexandrie, &c, On peut voir fur-tout ce dernier dans l'Avertiffement aux Paiens, L. 2,

c. 3.

(b) Deus autem nofter in cœlo, omnia quæcumque vo luit fecit. Simulacra gentium argentum & aurum, opera manuum hominum. Os habent & non loquentur, &c. Pfal.

213.

Drum effe

conviennent de la même chofe. Stilpon chaffé d'Athènes pour avoir dit que la ftatue de Minerve n'étoit point une Divinité, s'excufa en difant que Dean, non c'étoit une Déesse, mais point un Dieu. Sur quoi Bayle remarque que l'idée qui divinifoit les statues mêmes, étoit donc alors généralement reçue. M. de Voltaire après Julien l'Apoftat, nous cite en témoignage contraire quelques Epicuriens qui nioient toute Divinité, & qui par conféquent ne peuvent avoir parlé comme les idolâtres. Confondus par les Chrétiens, les Paiens ont déguisé leurs extravagances le mieux qu'ils ont pu, & l'idolâtrie a pris toutes fortes de figures pour cacher fes traits naturels, mais les faits & les aveux fubfiftent malgré les artifices d'une apologie tardive. A Ephese, on reprochoit à S. Paul comme un blafpheme énorme, d'avoir dit que les mains des hommes ne pouvoient former des Dieux (a). Peut-on exprimer plus clairement la croyance des Anciens que le judicieux Horace ?

Olim truncus eram ficulnus, inutile lignum,
Cum faber incertus fcamnum faceret-ne Priapum,
Maluit effe Deum: Deus inde ego. L. 1. Sat. 8.

D. N'avez-vous pas dit ailleurs que les Aniens avoient toujours confervé l'idée d'un feul Dieu invisible, tout-puiflant, éternel?

R. Oui, mais par-là leur culte étoit-il moins abfurde? ce mêlange d'erreurs avec un dogme fi fimple & fi fublime, n'eft il pas en quelque forte plus étonnant qu'une ignorance totale de la Divi

(a) Paulus hic fuadens, avertit turbam, dicens: quoniam non funt Dii, qui manibus fiunt. A&t. 19, 26.

nité (a): H femble qu'effrayés de la deftinée que la foi d'un Dieu prélage aux hommes pervers, ils aient voulu faire une efpece de diverfion en faveur de leurs défordres, & affoiblir par des fantômes imbécilles & vicieux, l'idée d'un Etre faint, jufte, tout-puiffant & terrible (b).

S. III

D. Quelles font les raifons qui empêchent un efprit raisonnable de s'attacher à la Doctrine de

Mahomet?

R. 1. Le Mahométisme eft moins un culte téglé, établi fur l'autorité d'une révélation quelconque, qu'un Déifme commode, accompagné de quelques pratiques peu gênantes.

2.o L'Alcoran eft la feule & unique preuve de cette Religion; c'eft un Livre ifolé, qui n'est lié à rien, appuyé fur rien, & qui n'a d'autre garant que fon Auteur. C'eft la judicieufe réflexion du lavant Evêque d'Avranche, M. Huet: Alcorano Dem. Eve uno omne Muhammedanorum doctrinæ præfidium P. 630. continetur. Il prouve cette affertion avec une éten due & une évidence qui ne laifle rien à defirer. Plufieurs Auteurs ont démontré la même chofe (a).

3. Cette légiflation rapfodique eft un tissu de

(a) Cùm cognovissent Deum, non ficut Deum glorifica verunt, aut gratias egerunt. Rom. 1, 21.

(b) Mutaverunt gloriam incorruptibilis Dei in fimilitu dinem imaginis corruptibilis hominis, & volucrum, & quadrupedum & ferpentium. Ibid. v. 23.

(c) V. Ludovici Vives de Mahomete & Alcorano cen furam.-Cribrationum Alcorani Libros tres à Card, Cufd. Alcoranorum à Bibliandro edis, cum nosis, 1559.

chofes recueillies dans les Livres des Juifs & des Chrétiens, & fur-tout dans l'ancien Teftament. L'ignorance du Rédacteur y a fait des anachronifmes & des bévues fans nombre, jufques-là que la Mere de Jéfus y eft confondue avec Marie fœur d'Aaron. Il n'y a aucune liaison, aucune dépendance des chofes. Les titres des Chapitres font non-feulement ridicules, mais fouvent fans aucun rapport aux matieres qui y font traitées, ou plutôt entaflées par caprice & par égarement d'imagination: il n'eft pas poffible d'en faire d'autre fommaire que celui qu'on voit dans Don Quichotte : Chapitre où l'on dit des chofes que l'on faura quand

on les aura lues.

4. Une Religion qui n'a commencé qu'en 622 de l'Ere Chrétienne, ne peut être la véritable. Le monde n'a jamais été fans révélation, ni fans connoiffance du vrai culte. L'Alcoran n'a été ni annoncé, ni figuré, ni préparé par le Judaïfme, ni greffé fur cette Religion qu'on peut regarder comme la bafe du Chriftianifme, &, pour ainfi dire, comme le Chriftianifme avant Jefus Christ.

V)

5.° L'Alcoran attefte la fainteté de Jésus-Chrift, la vérité de fa Doctine, la divinité de fa Miffion; or fi l'Evangile eft vrai, l'Alcoran eft une impofture (a). On pourroit pouffer plus loin ces réflexions, mais elles font déja plus que fuffifantes pour juger de la doctrine du Prophete Arabe.

(a) Il y a fur cette matiere un très bon Ouvrage imprimé à Tyrnau en Hongrie, en1717. Mahometanus in lege Chrifti Alcorano fuffragante inftrudus. On lit une conférencé curieufe de quelques Millionnaires Jéfuites avec des Maho métans, dans l'Hift. Soc. Jefu, part. 4td. in fine.

D. En

D. En quels termes Mahomet reconnoît-il la miffion de Jéfus-Christ?

in edit.

chim. 1

R. « La perfidie des Juifs, dit-il, a été punie Sura 4. mupour avoir nié la virginité de Marie, & pour lieres, .155 » avoir dit qu'ils avoient mis à mort Jéfus le Bibliandri »Chrift, Fils de Marie, Envoyé de Dieu. Ils ne fura five afoa l'ont ni tué, ni crucifié, ils n'ont eu en leur ph. Raynal, >> pouvoir que fon image; fa Perfonne leur a été citat. Cap. 3. » enlevée & placée auprès de Dieu : car Dieu de ftirpe Joa » eft juste & fage. » Les Commentateurs de l'Alcoran, & fur-tout Ali, parlent fur le même ton. Les Empereurs Ottomans dans leurs Diplômes, ont toujours refpecté Jesus Christ. Soliman II. écrivoit à Ferdinand I. Propheta Jefu, fupra quem Apud Buf & fuper noftrum Prophetam Mahometem fit fplen- bec, p. 271. dor & pax Dei..... Sanctæque ac caftæ urbis Je

rufalem Dominus. - Les Maures difent que Ma homet eft le Paraclet promis par Jésus-Chrift.... Ils ont une piété particuliere envers les monu- Petrus Mar ments qu'ils prétendent avoir en Egypte du féjour tyr. de legat. de Jéfus & de Marie. Babyl. L. 3.

D. N'a-t-on pas vu des Critiques modernes, s'ériger en Apologiftes de l'Alcoran, y trouver de la fageffe & des combinaisons admirables?

R. Nous avons déja remarqué que c'étoit la marotte des Philofophes à la mode, de renverser toutes les idées, & d'accréditer tous les paradoxes; mais les déclamations les plus multipliées, le plus fervilement & le plus opiniâtrément répétées, ne peuvent conclure contre la fimple vue des choses. M. Porter, Ambassadeur d'Angleterre à Constantinople, qui avoit bien étudié la Théologie Mufulmanne, ne peut concevoir que des hommes fenfés lui aient confacré des éloges. « Quelques per

c

S

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