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CATÉCHISME

PHILOSOPHIQUE.

LIVRE QUA TRIEME,

LE CHRISTIANISME.

CHAPITRE PREMIER.

L'Evangile confidéré en lui-même.

S. I.

D. IL N'Y A donc qu'une Religion fur la terre qui puifle fixer les regards du Sage?

R. Une feule, & c'eft le Chriftianifme.

D. Cette Religion a-t-elle des marques cer taines de Divinité, & porte-t-elle clairement l'empreinte de la révélation?

R. Il n'eft pas poffible de n'en

pas demeurer

T. 3, P. 179.

Répun.à l'Archev. p. 108.

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D

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convaincu par la fimple lecture de l'Evangile, fi on la fait avec un efprit tranquille, équitable, défintéreffé. L'homme vrai y trouve la fin de fes incertitudes; l'homme vertueux y découvre les plus douces & les plus folides efpérances. Il faut qu'une Religion foit bien appuyée, quand fes adverfaires mêmes lui rendent des hommages auffi glorieux que nos Philofophes en ont rendu au Chriftianifme. Nous en rapporterons un qui, pour avoir été répété dans bien des Livres, n'a rien perdu de J. J. Rouf- fa vérité ni de fa force: « Je vous avoue que la feau, Emile, majefté des Ecritures m'étonne; la fainteté de l'Evangile parle à mon cœur. Voyez les Livres des Philofophes avec toute leur pompe; qu'ils font petits près de celui-là! Se peut-il qu'un Livre à la fois fi fublime & fi fimple foit l'ouvrage des hommes? Se peut-il que celui dont » il fait l'hiftoire ne foit qu'un homme lui-même ? Eft-ce là le ton d'un Enthousiaste ou d'un ambitieux Sectaire? Quelle douceur, quelle pureté » dans les mœurs, quelle grace touchante dans fes » instructions, quelle élévation dans fes maximes, quelle profonde fageffe dans fes difcours, quelle préfence d'efprit, quelle fineffe & quelle jufteffe dans les réponses, quel empire fur les paffions! Où eft l'homme, où eft le fage qui fait agir, fouffrir & mourir fans foibleffe & fans oftentation? Quand Platon peint fon Jufte imaginaire, >couvert de tout l'opprobre du crime, & digne » de tous les prix de la vertu, il peint trait pour trait Jésus-Chrift: la reffemblance eft fi frappante, que tous les Peres l'ont fentie, & il n'eft pas poffible de s'y tromper. Quels préjugés, quel aveuglement ne faut-il point avoir pour ofer comparer le fils de Sophronifque au Fils de

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Marie! Quelle diftance de l'un à l'autre! Socrate mourant fans douleur, fans ignominie, » foutient aisément jufqu'au bout fon perfonnage; » & fi cette facile mort n'eût honoré fa vie, on » douteroit fi Socrate, avec tout fon efprit, fût »tout autre chofe qu'un Sophifte. Il inventa, dit»on, la morale; d'autres avant lui l'avoient mife en pratique; il ne fit que dire ce qu'ils avoient fait; il ne fit que mettre en leçon leurs exemples. Ariftide avoit été jufte avant que Socrate » eût dit ce que c'étoit que juftice. Léonidas étoit » mort pour fon Pays avant que Socrate eût fait un devoir d'aimer la Patrie. Sparte étoit fobre avant que Socrate eût loué la fobrieté; avant qu'il n'eût défini la vertu, la Grece abondoit en hommes vertueux. Mais où Jefus avoit-il pris » chez les fiens cette morale élevée & pure dont » lui feul a donné les leçons & l'exemple? Du » sein du plus furieux Fanatisme la plus haute fa» gefle fe fit entendre, & la fimplicité des plus " héroïques vertus honora le plus vil de tous les » Peuples. La mort de Socrate, philofophant tran» quillement avec fes amis, eft la plus douce qu'on puiffe defirer. Celle de Jéfus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un Peuple, eft la plus horrible qu'on puiffe craindre. Socrate prenant la coupe empoisonnée, bénit celui qui la lui préfente, & qui pleure. Jéfus au milieu d'un fupplice affreux prie pour fes bourreaux acharnés. Oui, fi la vie & la mort » de Socrate font d'un Sage; la vie & la mort de Jéfus font d'un Dieu. Dirons-nous que l'hiftoire » de l'Evangile eft inventée à plaifir? Ce n'eft pas » ainsi qu'on invente (a), & les faits de Socrate,

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(a) Il eft évident, par la fimplicité du récit évangélique,

dont perfonne ne doute, font bien moins atte tés que ceux de Jésus-Chrift. Au fond c'eft reculer la difficulté fans la détruire. Il feroit plus inconcevable que plufieurs hommes d'accord euffent fabriqué ce Livre, qu'il ne l'eft qu'un feul en ait formé le fujet. Jamais les Auteurs Juifs » n'euflent trouvé ni ce ton, ni cette morale; & » l'Evangile a des caracteres de vérité fi grands, fi frappants, fi parfaitement inimitables, que l'inventeur en feroit plus étonnant que le Héros. »

D. Ces fortes de témoignages, rendus tantôt à la vérité de l'Evangile, tantôt à la fainteté de fa morale par des hommes non fufpecls, font-ils en grand nombre?

R. Il n'eft guères poffible de les recueillir tous. Il faudroit d'abord raffembler tout ce qu'ont écrit les Philofophes des trois premiers fiécles, qui ont quitté l'idolâtrie & renoncé à toutes les fciences pour profeffer la fcience de Jésus-Christ. Il faudroit enfuite rechercher tout ce que les Incrédules de tous les temps ont penfé & dit de l'Evangile dans des moments de calme & de fagefle; on entendra les Desbarreaux, les Bayle, les Voltaire, &c. parler comme les Peres de l'Eglife. Il faudra ajouter les jugements que des Politiques & des Littéra

que les Evangéliftes n'ont pas voulu infpirer de l'admiration. Confeils rai-pour leur Maître. M. de V. crie que cela eft faux, puif fonn. adref- qu'ils en rapportent des chofes admirables. Ce trait fuffit fés à M. B. pour faire connoître la logique du Poëte Philofophe....

R. I.

Luc. 23.

Ils parlent froidement de fa doctrine, de fes miracles; ils ne font point de réflexion pour en relever l'éclat : ils racontent fes fupplices & fan ignominie, comme les honneurs & les acclamations des Peuples. « Ibi crucifixerunt eum, & latro»›nes, unum à dextris, & alterum à finiftris. » Voilà la ca taftrophe & l'événement principal de cette Hiftoire,

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teurs de toutes les Nations du monde ont porté de la Loi Chrétienne; nous en rapporterons deux qui font moins connus. L'Empereur de la Chine, En 636 au feptieme fiecle, dans l'Edit accordé pour la publication de l'Evangile, parle de la forte : « La véritable Loi n'a pas de nom particulier, & les Saints ne renferment pas leur zèle dans les bor>nes d'un feul lieu. Le defir d'être utile les conduit dans tous les Pays du monde. Un homme de Judée eft venu annoncer à notre Cour une » nouvelle doctrine. Après un mûr examen, nous avons admiré la grandeur & en même temps la fimplicité de cette Religion, & nous avons jugé qu'elle indiquoit le véritable chemin du falut. Elle eft d'ailleurs conforme à l'opinion de la création du monde. Ainfi, nous penfons que nos Sujets en retireront un grand avantage, & qu'il eft de notre devoir de leur en procurer la connoiffance. L'Edit de 1692 eft encore bien plus favorable au Chriftianifme. Les plus fervents d'entre les Chrétiens n'ont jamais parlé de JéfusChrift avec plus d'admiration & d'une maniere plus fublime que ne l'a fait un Poëte Perfan, qui lui Bibliotheque adreffe ces vers traduits par M. d'Herbelot.

D

« Le cœur de l'homme affligé tire toute la confo»lation de vos paroles.

» L'ame reprend la vie & fa vigueur en attendant feulement prononcer votre Nom.

Si jamais le cœur de l'homme peut s'élever à la contemplation des myfteres de la Divinité,

D

» C'eft de vous qu'il tire fes lumieres pour les » connoître, & c'est vous qui lui donnez l'attrait » dont il eft pénétré. »

D. L'excellence de la Doctrine évangélique ne

orient. art. Ia ebn. mi

riam.

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