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De vitâ bea tá, L. 7.

fe trouve-t-elle pas également chez les Philofophes? Si on amaffoit en un corps d'Ouvrage tout ce que les Platon, les Socrate, les Confucius ont dit de beau fur la Divinité & fur la morale, n'en feroit-on pas un Recueil confidérable?

R. Les préceptes de l'Evangile étant très-con formes à la raifon & à la juftice, il n'eft pas poffible que les Sages de tous les fiécles, en differtant fur les devoirs de l'homme, n'en aient enfeigné quelquesuns. Mais c'est une chose infenfée de vouloir comparer la totalité de l'Evangile avec quelques maximes païennes. M. Freret, dans l'Examen critique des Apologiftes, raifonne à-peu-près de cette forte: telle maxime de la Loi Chrétienne fe trouve dans les Philofophes, telle autre dans les Légiflateurs: l'une eft prêchée à la Chine, l'autre en Egypte, ou au Japon : celle-ci a été connue du temps de Pithagore, celle-là cinq ou fix cents ans après; donc les hommes n'ont pas été mieux inftruits par JéfusChrist que par les Païens. A ce défaut de fyftême & d'enfemble (a), les Evêques de France, dans l'avertiffement donné à leurs Peuples en 1770, oppofent l'enchaînement des dogmes évangéliques. « Ce ne font pas des idées vagues & confuses, » des connoiffances fuperficielles ou fucceffives, des lueurs ou des apparences qui viennent par » intervalle éclairer ou fafciner les efprits. Toutes » les parties de la Religion fe prêtent une force

(a) « Ils n'ont jamais fu, dit Lactance, ce que c'est qu'un corps de doctrine, quoiqu'ils en aient entrevû chaque partie. Chacun, de fon côté, a trouvé quel» qu'une des pieces qui doivent y entrer, mais ils ne font pas venus à bout de les affembler, ni de déduire les conféquences des principes,»

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mutuelle, & fe tiennent par des rapports néceffaires. Nulle vérité n'y est stérile ni isolée. » — Le P. Mourgues a démontré la grande fupériorité de la morale évangélique fur celle des Philofophes (a). M. de Maupertuis obferve que quelques maximes de l'Evangile & de la Philofophie annoncées prefque dans les mêmes termes, ont néanmoins un fens, une étendue, un motif bien différents. Les premiers Nazaréens, dit l'Auteur » des Lettres Juives, qu'on peut citer ici avec affurance, ont prêché une Doctrine fi conforme à l'équité, & fi utile à la fociété, que leurs plus grands adverfaires conviennent aujourd'hui que leurs préceptes moraux font infiniment au-deffus de ceux des plus fages Philofophes de l'Antiquité..... La foi des Nazaréens telle que la prêchent leurs Docteurs de la premiere claffe a encore plus de brillant que la nôtre : ils ont tous nos premiers principes; mais il femble qu'ils en aient épuré les fuites. La nôtre a quelque chofe de farouche; la leur femble dictée par la bouche divine. La bonne foi, la candeur, le par» don des ennemis, toutes les vertus que l'efprit » & le cœur peuvent embraffer leur font étroite ment commandées. Un véritable Nazaréen eft un Philofophe parfait. Dans les autres Religions, l'homme, vil efclave, femble ne fervir Dieu que par intérêt. Les Nazaréens font les feuls qui aient le cœur d'un vrai fils pour un fi bon pere. ».... Un enfant de douze ans médiocrement inftruit de fa Religion en fait plus fur les perfections de Dieu,

(a) Parallele de la Morale Chrétienne avec celle des anciens Philofophes. Nous en parlerons plus amplement, Ch. 3, art. 6, §. 9.

elementis

tes; at ubi

fur fa propre deftinée, fur fes devoirs que le plus Cùm effemus vanté des Philofophes de l'Antiquité. C'est par parvuli, fub cette raison cette raifon que la race des Philofophes Paiens s'émundi era- teignit avec le Paganisme aux fixieme & feptieme mus fervien- fécles de l'Eglife. Il n'étoit plus queftion d'aller venit plenitu- philofopher fur les traces de Platon & d'Epicure: temporis, le Chriftianifme répandu par-tout mettoit plus de Zum fuum. lumieres dans l'efprit des hommes (a) que tous les exercices du Lycée & du Portique n'avoient pu en mettre dans les têtes philofophiques des Sages de la Grece.

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Cal. iv.

CHAPITRE II.

Livres dépofitaires de la Révélation.

ARTICLE PREMIER.

L'Ecriture fainte en général.

D. COMMENT faut-il raisonner au fujet des
Livres fondamentaux de la Religion?

R. S'il y a une Religion, un culte approuvé du Créateur, il eft évident que les dogmes de cette Religion, de ce culte doivent être conlignés dans quelques Livres, ou tranfinis par une tradition orale, telle qu'étoit celle des anciens Patriarches, qui ont pu conferver le dépôt de la révélation du

(a) C'est ici le cas de dire avec David: Super omnes docentes me intellexi, quia teftimonia tua meditatio mea eft. Super fenes intellexi, quià mandata tua quæfivi. Pl, 118.

rant un petit nombre de générations fans le fecours des Livres (a). Aujourd'hui que les générations font fans nombre, & que les erreurs ont couvert la terre, il n'eft plus poffible de remonter à la totalité de la révélation par la fimple narration de nos Peres. Il y a donc des Livres qui contiennent les inftructions des Peuples, & les dogmes de la Religion qu'ils doivent suivre.

D. Quels font ces Livres dépofitaires de la Révélation?.

R. Ce font les Livres de l'ancien & du nouveau Testament. Il n'eft pas poffible d'en douter raisonnablement. Je parcours toute la terre, je recherche par-tout ce Livre qui doit régler ma Religion; la certitude qu'il exifte foutient mon examen & nourrit mon efpérance; enfin j'en trouve un, & je n'en trouve qu'un feul qui me conduit jufqu'à l'origine du monde, qui m'apprend com ment l'homme eft forti de la main de Dieu, pourquoi il eft pécheur & malheureux, &c. Tout ce qui s'eft jamais dit & écrit de raifonnable fur ces grandes matieres eft vifiblement tiré de ce Livre. Tout y eft conféquent; tout y eft enchaîné de la maniere la plus indivifible. Les parties les plus effentielles dépendent de celles qui paroiffent prefqu'indifférentes. Les dogmes, les prophéties, les faits y font un ensemble qui ne laisse ni vuide,

(a) Il eft apparent néanmoins qu'avant Moïse il y avoit des Mémoires écrits par les Patriarches, que ce Législateur aura recueillis. On difpute beaucoup fur l'époque de l'art d'écrire. M. de V. qui a entrepris d'éclaircir cette matiere, y a jetté de nouvelles ténèbres par une foule de contradictions. Voyez Lettres de quelques Juifs Portugais, &c. pag. 99, & suiv. édit. de 1769.

ni fuperfluité. Des hommes féparés par des fiécles; très-différents par le goût, le génie, le caractere, concourent à écrire un feul & même Livre; partout les mêmes principes, le même but, les mêmes conféquences. Je commence à la naiffance du monde; &, fuivant toujours ce fil, je me trouve, fans m'en appercevoir, au milieu du Chriftianifme. Qu'on me montre un Livre où la Divinité m'ait mieux inftruit, & je quitterai l'attachement que j'ai à celui-ci.

D. Ces Livres fi propres à fixer l'efprit humain par la marche & l'intérêt des matieres, ont-ils de quoi le fatisfaire auffi par leur authenti

cité?

R. Ces Livres ont été écrits par des Auteurs contemporains. L'Hiftoire qui précéde Moïfe, Auteur du Pentateuque, comprend des faits qu'une tradition rapprochée de fon origine par la longue vie des hommes & le petit nombre des générations, a confervés aisément parmi des Patriarches fages & zélés pour les chofes de Dieu. Ces Livres ont été confiés à la garde de l'autorité publique: ils ont toujours été regardés par les Hébreux comme le plus précieux tréfor de la Nation; c'eût été un crime capital d'y altérer un feul mot, d'y inférer une feule lettre. Les Juifs & les Samaritains, quoiqu'ennemis acharnés, ont toujours refpecté les Livres de Moife. Les Juifs font dépofitaires des preuves qui établiffent la foi des Chrétiens, & ne difconviennent pas de l'existence de ces preuves. Les Chrétiens ont eu le même foin de leurs Evangiles. Delà je conclus que ni le défaut de connoiffance dans les Auteurs, ni la négligence, ni l'intérêt dans les dépofitaires de ces Livres, ne peuvent autorifer le moindre doute contre leur authenticité.

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