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de plus vrai. Si le marbre s'amolliffoit, il ne feroit pas propre à bâtir.

D

Les lobes (dit M. Valmont de Bomare, Dictionnaire d'Hiftoire Naturelle, imprimé en 1769, article Plante) « après s'être épuisés au profit de la jeune plante, fe pourriffent & fe » defféchent. Il en eft de même des feuilles féminales.... Quand leur service eft fini, elles se » fannent, &c. » Le germe eft épuifé lorsque le nouveau grain eft formé. Qu'est-ce que la femence, finon l'abrégé de la plante, c'eft-à-dire, la plante déja deffinée & préexiftante dans toutes fes parties? Le moyen de concevoir que cette plante foit encore dans la femence après en être fortie ? Il faut qu'on ait une bien mauvaise cause à défendre, lorf qu'on s'amufe à affembler de pareilles frivolités, & qu'on les donne pour des objections sérieuses. Lorsqu'on a la patience de les entendre, on croit affifter à la plaifante conférence dont parle le Spectateur Anglois. Quatre Incrédules de la lie du Peuple, assemblés à un dîner, cenfurent l'Ecriture-fainte. Le Boulanger s'éleve fortement contre ces paroles: Non ex folo pane vivit homo; puifque le pain feul fuffit à la nourriture de l'homme. Le Matelot dit qu'il a fait le tour du monde avec l'Amiral Anfon, fans voir la Mer rouge. Le Frippier condamne le feftin de Cana. Le Maçon foupçonne que le hasard pourroit bien avoir bâti le monde, &c. Encore ces gens-là renfermoient-ils en quelque forte leurs idées dans la sphère de leur profeffion.

CHAPITRE III

Preuves du Chriftianifme.

D. OUTRE LES CARACTERES de vérité que l'Evangile porte en lui-même, & l'authenticité des Livres qui en tranfmettent les dogmes, fur quelles autres preuves fa croyance eft-elle fondée ?

R. Sur les faits les plus inconteftables; tels que font les miracles, l'accompliffement des prophé ties, la propagation de l'Evangile, les Martyrs,

&c.

ARTICLE I

Les Miracles.

S. I.

D. QU'EST-CE qu'un miracle?

R. C'est un événement qui n'a pu arriver par aucune cause naturelle, qui eft contraire aux loix conftantes & reconnues de la nature, & qu'on ne peut attribuer qu'à l'Auteur & au Maître de la Nature même.

D. Les miracles font-ils poffibles?

R. En douter, c'eft douter de la toute-puiffance de Dieu, & dès-lors de fon existence. Öu il faut fe dire Athée, ou reconnoître la possibilité

des miracles.

D. Des Philofophes n'ont-ils pas enfeigné, que Dieu ne pouvoit violer les régles éternelles de la

nature; qu'il eft effentiellement ami de l'ordre ; que tout miracle eft un défordre phyfique, &c?

R. Quand les Philofophes raifonnent de la forte, ils ne s'entendent plus eux-mêmes. Quoi, Dieu ne pourra empêcher un roc de m'écrafer, il ne pourra me foutenir fur les eaux, ni me conferver dans les flammes, quelques raifons qu'il puiffe en avoir, parce que les loix de la nature ont pofé les bornes de fa puiffance! D'où viennent ces loix: Qui leur a donné une marche uniforme? L'ordre phyfique eft l'ouvrage de Dieu; quand Dieu veut y déroger, il eft très en ordre que cette dérogation fe faffe, & il eft en ordre qu'il le veuille quand des raifons dignes de fa fageffe l'engagent à le vouloir.... Les loix de la nature periffent-elles par quelques exceptions paffageres? La pierre ceffe-t-elle d'être pefante, le feu brûlant, les eaux liquides, parce que dans un grand nombre de fiécles il y a quelques moments où ces qualités reftent fans effet?... Ecoutons fur cet article un des plus grands adverfaires des miraJ. J. Rouf- cles. « Dieu peut-il faire des miracles, c'eft-àfeau Lettre dire, peut-il déroger aux loix qu'il a établies? » Cette queftion férieufement traitée feroit im

de la Mont. P. 94.

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pie, fi elle n'étoit abfurde. Ce feroit faire trop » d'honneur à celui qui la réfoudroit négativement » que de le punir; il fuffiroit de l'enfermer. »>

D. Quelle raifon Dieu peut-il avoir de faire des miracles?

R. Un Être infiniment faint, jufte, `bienfaisant ne peut manquer de motif d'exercer quelquefois fa puillance contre le cours ordinaire des agents phyfiques ; & pour nous renfermer dans les matieres de Religion, voici comme je raisonne: Nous avons montré la néceffité d'une révélation,

d'où nous concluons que Dieu veut la faire connoître; & fi les miracles peuvent fervir à ce def fein, Dieu a eu des raifons très-fages de les employer.

S. I I.

D. Les miracles peuvent-ils fervir effectivement à prouver la Religion?

R. Comme les miracles font des œuvres de Dieu même, il est évident qu'il ne peut s'en faire en faveur de l'erreur. Il eft donc auffi certain qu'une Religion confirmée par de vrais miracles eft la véritable, qu'il eft certain que Dieu eft ennemi de l'impofture & de la féduction.

D. Ne dit-on pas que les démons, amis & propagateurs du menfonge, ont le pouvoir de faire des prodiges?

R. L'activité des démons ne peut être ni auffi bornée, ni auffi dépendante, ni auffi facilement arrêtée que celle des hommes, puifque ce font de purs elprits: elle doit donc opérer des chofes incomparablement plus furprenantes que tout ce que fauroit produire l'induftrie humaine.

D. Puifque le démon a le pouvoir d'opérer des chofes qui fortent de l'ordre naturel, comment les miracles peuvent-ils fervir de preuve à la ré

vélation?

R. 1.° Quelque pouvoir que l'on attribue au démon, il y a eu des miracles, tels que la réfurrection de Lazare, la réfurrection de Jéfus-Chrift, &c. que le démon ne peut contrefaire, & qui font évidemment l'ouvrage du Maître de la nature, qui vivifie tous les êtres, qui appelle ce qui n'eft pas comme ce qui eft, qui étend fon bras fur l'efpace

immenfe du néant comme fur le féjour de la vie (a).

2.° L'Ecriture en nous parlant des prodiges opérés par les démons, les appelle de faux prodiges, des illufions, des menfonges (b). Voici à-peu-près à quoi on peut les réduire. 1. Au pouvoir de mouvoir, d'ébranler, de tranfporter les corps. Ainl voyons-nous que Satan, ayant eu la permiffion de perfécuter le Serviteur de Dieu Job, assemble dans les airs, & en fait tomber des feux qui confument tous les troupeaux ; il excite des vents & des tempêtes qui ébranlent, renversent la maison où la famille de Job eft affemblée, & écrafent tous ceux qui s'y trouvent: 2.° à une agilité inconcevable, les démons peuvent paffer d'un lieu à `un autre avec la même rapidité que la pensée d'un homme parcourt toutes les parties de l'univers : il n'eft donc pas furprenant qu'ils puiffent annoncer des chofes qui fe paffent ou viennent de se passer dans des lieux très-éloignés: 3.o à une intelligence bien fupérieure à celle de l'homme, parce qu'elle n'eft pas fujette à l'humiliante influence du corps, C'eft pour cela que Platon, Plutarque & la plupart des anciens Philofophes les appellent Daimones, c'est-à-dire, intelligents, connoiffeurs. Delà vient qu'en examinant la conduite, le caractere & les difpofitions des hommes, ils font des conjectures plus juftes, devinent affez fouvent, & même peu

(a) Refurrectionem mortuis imperare, divinæ folius eft poteftatis. Amb. in cap 4. Luca.-M. Huet (Démonft. evang. p. 550.) le P. Griffet (Preuves de l'hift.) démontrent la fauffeté de toutes les prétendues réfurrections rapportées par les Payens.

(b) In fignis & prodigiis mendacibus. 2 Thess, 2, 9.

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