de Dieu fe dévoilant dans le délire de fon orgueil & se montrant telle qu'elle eft, fe couvre ellemême d'ignominie & d'opprobre (a). D. Ne feroit-il pas à fouhaiter que les talents prodigués à l'impiété, euffent été confacrés à la défense de la Foi? R. Au lieu de gémir fur les pertes que la Religion peut avoir faites par-là, l'homme lage ne gémit que fur le malheur des Philofophes aveugles, & fe plaît à faire les confidérations fuivantes: 1. Ces Meffieurs, aujourd'hui fi célébrés par le Peuple des Incrédules, n'auroient pas généralement réuffi en faveur de la Religion, comme ils ont réuffi en d'autres matieres. Ce genre eft trèsdifférent de ceux qui ont partagé leurs talents. — La Religion demande dans fes défenfeurs de la modeftie, de la modération de la véracité, de l'exactitude; la plupart de ces Meffieurs n'ont rien de tout cela. Le ftyle mordant, fatyrique, injurieux, les jugements hardis, les obfervations malignes, &c. n'euffent pu leur fervir. 2. La plupart de leurs admirateurs actuels euffent été leurs ennemis, & euffent affecté de les méprifer, comme ils méprifent les autres Apologiftes de la Religion. Leur réputation n'eût point été ce qu'elle eft; la cabale philofophique eût fait rage 162. contre leur gloire, ce qu'elle a fait pour la pro mouvoir. 3. Des Ecrivains célèbres par des Anecdotes fcandaleufes, devenus les Apologiftes du Chrif (a) Revelabo pudenda tua in facie tua, & oftendam genibus nuditatem tuam & regnis ignominiam tuam: & projiciam fuper te abominationes, & contumeliis te afficiam, & ponam te in exemplum. Nahum, 3. tianifine, n'euffent fait honneur ni à fes dogmes, ni à fa morale, ni au choix de la providence. Les Incrédules fe voyant combattus par des hommes de ce caractere, auroient pu dire comme TertulApologet. lien le difoit de Néron: Tali dedicatore damnationis noftræ etiam gloriamur. L'avantage de cette obfervation refte tout entier aux enfants de la Foi Chrétienne, dont les défenfeurs ont prefque toujours été des homines vertueux, & les adverfaires des libertins. 6. 6. 4. Leurs Ecrits fourniflent d'excellentes preuves de la foibleffe & de la contradiction des Incrédules. Ils fe réfutent eux-mêmes, ils réfutent les autres Incrédules; ils changent tous les jours, & ne fe fixent à rien. Nous les avons vu débuter Page 262. par le Tolérantifme: fur le Tolérantifine ils ont grefié le pur Déifme; ils ont fini par l'Athéifine, comme les Géants de la Fable ont entaffé une montagne fur l'autre pour atteindre & détruire la Maifon de l'Eternel (a), fans être plus avancés à la fin qu'au commencement de leurs travaux : fouvent ils reviennent à la Religion qu'ils ont combattue; & long-temps renvoyés d'une erreur à l'autre, ils femblent fe repofer enfin dans une foumiffion paifible aux lumieres de la Foi. 5. Quelques grandes vérités reconnues par des hommes très-intéreflés à les rejetter, reçoivent un nouvel éclat de l'hommage qu'ils leur ont rendu. Il faut qu'une chofe foit bien prouvée quand des efprits fi difpofés à nier, à contefter, n'ont pas trouvé de raifon pour la combattre. (a) Ter funt conati imponere Pelio Offam, Scilicet atque Offee frondofum involvere Olympum. 6. Dieu a donné de grands génies pour défenfeurs à la Religion, afin de la venger de l'accufation de folie, & d'en faire connoître la fageffe: Dieu permet que de grands génies combattent la Religion, pour faire voir que cette fageffe n'eft point la fageffe humaine, mais la vertu & la fa- Chriftum Dei geffe de Dieu. * virtutem & fapientiam. V. la Ré reurs de V. les &c. pientia, non efprudentia, 7. L'impoffibilité où les ennemis de la Reli-1. Cor. 1, gion fe font trouvés de réfuter quelques Ouvrages qu'ils n'ont affurément pas méprifés, tels que le Déifme réfuté par lui-même, l'Examen du Maté rialisme, &c; la réponse abfolument infuffifante qu'ils ont faite à d'autres, le défordre, l'inconféquence, l'embarras, la paffion qui y régnent, nous apprennent que les reffources de l'Incrédu-Ponfe aux Erlité font épuifées, que tous les efforts du génie Confeils raine peuvent prévaloir contre les droits de la vé-fonnables, rité, & que les plus grands hommes font abandonnés à la foibleffe dès le moment qu'ils s'élevent Non eft facontre Dieu. 8.o Les vains efforts de tant de Philofophes, non eft confipour fubftituer à la Religion quelque fyftême qui Dominum. pût en remplacer les confolations & les avantages, Prov. 21. ont fervi à démontrer que la Religion étoit un bien dont la perte ne fe réparoit pas : & c'eft là affurément un des grands motifs qui doit attacher les Chrétiens à la Foi de Jéfus-Chrift: après l'avoir quitté, ils ne fauroient plus où aller, ni où le tourner. Si dans la contagion générale de l'erreur le Sauveur du monde nous demandoit, comme à fes Apôtres: Numquid,& vos vultis abire? Nous n'au- Jean. 6. rions pas d'autre réponse à lui faire que celle qu'il reçut alors: Domine, ad quem ibimus? verba vitæ æternæ habes. FIN. lium contra TABLE DES CHAPITRES ET ARTICLES. LIVRE PREMIER. DE L'EXISTENCE DE DIEU. |