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on paya aux Troupes les quinze rif dalles dont j'ai parlé. Après cela l'ordre fut publié pour r'ouvrir le grand Bazeftan, & les Boutiques des Marchands, & le foir les Soldats commencérent à rentrer dans leurs anciens quartiers, où l'on porta les Drapeaux, & autres Signes Militaires, ce que l'on continua -l'onze & le douze.

Quoique le Grand Seigneur eût ordonné plufieurs fois aux Janif faires de mettre bas les armes, & de fe retirer chez eux, ils ne laifférent pas pour cela de s'affembler tous les jours en grand nombre aux portes du Serrail, demandant avec hauteur la tête de plufieurs Miniftres. C'eft en conféquence des cris importuns de ces malheureux, que le Sultan envoya ordre au Bacha de Smirne, de faire étrangler Mufa-Hali, Ofman-Aga, & AgiAga, Favoris du Sultan dépofé; mais ils avoient prévenu ce malheur par une prompte fuite. Les Mutins

demanderent encore la dépofition du nouvel Hofpodar de Valachie, -fils du Prince Mauro-Cordato, & Sa Hauteffe fut obligée de le faire enfermer dans une Fortereffe, & de confifquer fes biens.

Les Séditieux n'ayant plus rien à demander, la paix, & la tranquilité publique étoient fur le point de fe rétablir dans cette grande Ville & par tout l'Empire, lorfqu'environ deux mois après la confufion & le défordre éclatérent tout de nou veau. Le vingt-un de Décembre, les Janniffaires & les Milices, reprirent les armes, s'étant d'abord rendus les maîtres des principales Places de la Ville, ils poférent des Sentinelles aux avenues des principales rues, & dans les environs du Port, pour empêcher le pillage des Boutiques & des Magafins. On entendit pendant ce jour-là & le lendemain, des cris de guerre en différens quartiers. Le vingt-deux, le Grand Vifir envoya dire à ces Mu

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tins: » Que puisqu'ils avoient tant envie de combatre, ils n'avoient qu'à traverfer le Canal, & joindre l'armée qu'on avoit affemblée pour faire la guerre au Roi de » Perfe. Cette propofition fut rejettée avec hauteur, & même avec menaces; les plus hardis d'entre les Janniffaires & les Spahis, déclarérent, en agitant Fair avec leurs fabres nuds, qu'ils ne fe fépareroient point, & que fi la paix n'é toit pas faite dans deux mois avec la Perfe, ils la concluëroient eux» mêmes, & la figneroient du fang des Principaux de l'Empire, puifqu'ils n'avoient dépofé lé Sultan Achmet Trois, que pour l'hon »neur de la Religion de Mahomet: ils ajoûtérent qu'en les laiffant unis, ils marcheroient de quelque » côté qu'on voudroit les conduire, excepté contre leurs freres » Musulmans.

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Le vingt-trois, les Janniffaires allérent jufqu'aux portes du Serrail,

ils firent demander au Sultan le rapel de Gianum-Coggia, qui avoit été relegué fous le Gouvernement précédent à une Terre près de Salonique, & de le rétablir dans fon Emploi de Capitan Bacha. Le Grand Seigneur exécuta fur le champ leur demande. Il fit dépêchér un Chiaoux à cet Officier Général , pour lui porter fes Lettres de rapel. Le vingt-fix cet Amiral arriva à Conftantinople avec toute fa famille; il fut reçû du Grand Seigneur avec beaucoup d'accueil. Il reprit le lendemain les fonctions de fa Charge, & commença par ordonner la conftruction de plufieurs Sultanes & Vaiffeaux de guerre, dont on avoit abandonné le travail depuis la derniere Révolution. Les Janiffaires non contens de toutes les demandes qu'ils avoient faites, & qu'on leur avoit accordées, revinrent encore ce jour-là à la charge, & avec de grands cris, ils demandérent une

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récompenfe pour Hali Patrona leur Chef. Le Grand Seigneur le déclara auffi-tôt Bacha à trois queuës, & Gouverneur de Niffa en Hongrie. Les Soulevés contens d'avoir obtenu de Sa Hauteffe toutes les graces qu'ils avoient voulu exiger d'elle, quittérent enfin les armes, & fe retirérent dans leurs quartiers.

Nous voilà infenfiblement arrivés au moment où ce fameux Chef des Révoltés & les fiens, reçûrent la jufte récompenfe que leur perfidie méritoit. Le Sultan réfléchiffant fur l'infolence de ces Conjurés, & en appréhendant toujours des fuites fâcheufes, réfolut de s'en défaire tout d'un coup. Pour cet effet, il tint un Divan, ou Confeil fecret avec fes meilleurs amis, fur la maniére que l'on devoit tenir pour les prendre tous à la fois. Le réfultat de ce Confeil fut, qu'il falloit les inviter poliment de la part du Grand Seigneur, de fe trouver au Palais

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