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outre cela, que l'on portoit à ce premier Miniftre, tout cela, dis-je, avoit fi fort irrité le Peuple de cette Ville, qu'il auroit été capable de tout entreprendre pour en tirer vengeance, file Sultan n'eût prévenu fon Peuple, en dépofant le premier Miniftre; ce qui appaifa le Peuple, & rétablit la tranquilité.

Après avoir rapporté les principaux événemens, dont j'ai été témoin, je ne crois pas devoir paffer fous filence un fait qui attira au nouveau Capitan Bacha des railleries fort piquantes. Cet Amiral ayant fait équiper trois Sultanes, les envoya à l'Ile de Malthe, pour reclamer au nom du Grand Seigneur tous les Efclaves Turcs, qui pourroient être dans cette Ifle. Les trois Vaiffeaux ayant donc fait voile avec un vent favorable, ne tardérent pas à arriver à la vûë de T'Ile de Malthe, & à y répandre la terreur. Les Sentinelles qui ap'perçûrent les premiers les Vaiffeaux

ne manquérent pas à donner les fignaux ordinaires. Tous les Chevaliers fe rendirent auffi-tôt au Palais du Grand Maître; on y affembla le Confeil d'Etat, & celui de Guerre. Il y fut résolu de distribuer des Troupes dans les principaux Poftes de la Cité de la Valette, & de la Marine; & d'envoyer une partie des Milices dans les endroits les plus expofés du païs, ce qui fut promptement exécuté; mais on en fut quitte pour la peur, parce qu'on apprit bien-tôt ce dont il s'agiffoit, par la Lettre qu'un Chiaoux apporta au Grand Maître de la part du Commandant des trois Vaiffeaux Turcs, & qui contenoit ce qui fuit.

Adgi Bacha, Capitaine Général, & Commandant des Forces Ottomanes.

» On fait fçavoir au Principal, & au Premier de l'Ifle de Malthe, » aux Chefs de fon Confeil,& à tous ceux des Nations qui adorent le

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» Meffie, & qui fe trouvent dans » cette Ifle, que nous avons été expreffément envoyés par le Grand Seigneur, Maître de l'Univers, Refuge du Monde, pour qu'on » nous configne, & qu'on nous ren» de tous les Efclaves, tant Turcs qu'autres, qui ont été pris fur les Vaiffeaux des Sujets de S. H. depuis 1721. afin qu'ils se préfentent devant fon Augufte, & Suprême Tribunal. Telle eft fa volonté nous ayant armés à cet effet, & » ordonné très - férieufement de » vous faire fçavoir par cet écrit no» tre arrivée; & à faute de nous re> mettre lefdits Efclaves, ou de »nous donner une réponse fatisfaifante, vous vous attirerez l'indignation de fa fublime Porte, Vous verrez ce qui en arrivera, & » vous aurez lieu de vous en repentir. Ecrit le douze de la Lune de Rabic de l'Egire 1109. ce qui finifie le 4. d'Octobre 1732.

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Le Grand Maître, après avoir déliberé

déliberé fur cette Lettre avec fon Confeil, y fit la réponse suivante. Le Grand Maître de Malthe & fon Vénérable Confeil, à Adgi Bacha, Capitaine Général, & Commandant des Forces OttoMer.

manes par

TRES-EXCELLENT SEIGNEUR,

» La Lettre que votre Excellence » nous a fait rendre en datte du qua>>tre d'Octobre de la présente an»née, a été luë devant notre Confeil; nous y avons admiré le zéle » du Grand Seigneur votre trèspuiffant Monarque; nous loüons » le deffein qu'il a eu en envoyant » votre Excellence dans ces Mers, » pour demander la reftitution de » tous les Efclaves Turcs, qui font dans cette Ifle, & dans les autres lieux de notre dépendan

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ce.

» Votre Excellence fçaura, fans. doute, que les Loix de notre Inf

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»titut ne nous engagent point à faire des Efclaves, mais à affûrer avec » toutes nos forces la navigation, » & le Commerce des Chrétiens. » S'il arrive qu'en faisant nos cour>>fes, nous rencontrions quelques Corfaires, nous les faifons Ef claves, comme ayant été pris felon les Loix militaires, vous n'i»gnorez pas que le nombre des Pirates Turcs eft beaucoup plus grand que celui des Armateurs » Chrétiens; ainfi on ne doit pas être furpris que nous ayons un » très grand nombre d'Efclaves Turcs, & qu'il furpaffe de beaucoup celui des Chrétiens, qui peuvent être entre vos mains, & que nous fouhaiterions de tour »notre cœur de pouvoir racheter. » Nous vous affurons la que propofition que vous nous avez faite de la part du Grand Seigneur, » votre Maître, nous eft tout-à-fait agréable, & qu'elle excite en nous le défir d'arriver à une même fin

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