PREFACE. A * Mon retour de l'Afie & des Côtes d'Affrique il y a environ un an, m'étant trouvé parmi quelques Gens de Lettres, à qui par complaifance je voulus bien faire le récit des principaux Evénemens contenus dans cette Brochure; une perfonne de la compagnie, Libraire de fa profeffion, me fit comprendre que fi je voulois lui abandonner mes Mémoires, nous pourrions faire quelque profit enfemble: Mais, Monfieur, ajoûta-t-il avec la derniere fran "" chife, le temps n'est pas aujourd'hui propre pour cela ,, parce qu'il eft des Livres & des Ouvrages d'efprit, comme des modes, des fleurs & des fruits qui ne font bons que dans leur faifon. Pour ,, moi, continua-t-il, il y a plus de trente ans que je fuis, ,, graces à Dieu, Libraire, && j'ai toujours remarqué qu'il y a des Ouvrages qui ,,germent & fructifient plutôt dans un temps que dans un autre. C'eft pourquoi, cro,, yez-moi, attendez une occafion favorable, je vous en avertirai. " در در در در در زو رد رو J'attendois donc toujours l'occafion en question, & je ne me fouciois pas qu'elle ar rivât, n'ayant pas grande envie de me donner pour Au-: teur. Mais ces jours-ci, mon ami le Libraire m'étant venu trouver, il a fallu lui ceder mon Manufcrit. L'ayant ouvert, & le trouvant fans Pré-, face; comment donc, me ditil, un Livre fans Préface! cela n'est pas pardonnable : " faites-en une au plus vîte, fans cela on ne vous lira point, & vous n'aurez au,, cune entrée dans la République des Lettres. "" " در Comme je ne me fuis jamais donné pour Auteur, je me fuis trouvé fort embaraffé par raport à cette Préface que l'on fouhaitoit, ne fçachant par où la commencer, ni la finir; mais un de mes amis m'ayant affuré que les Préfaces alloient n'être plus à la mode, parce que la plupart des Lecteurs paffoient par-deffus, pour venir au corps de l'Ouvrage, j'ai crû que le Lecteur me fçauroit bon gré de lui épargner la lecture d'un morceau auffi ennuyeux que l'eft ordinairement une Préface. |