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compofition de l'œil de l'homme, j'ay confideré celles qui fe rencontrent également dans les yeux des ani& j'ay conclu que puifquelles devoient avoir un même usage, elles devoient auffi avoir une structure femblable ou aprochante.

maux

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Ainfi lorfque je fuis entré dans le détail, & que j'ay voulu décrire chaque particule, j'ay fait voir fa fituation, fa figure antérieure, fa compofition, fes vaiffeaux, fa couleur, fa convexion &c. J'ay fait voir, dif-je, toutes ces chofes telles quelles fe rencontrent dans l'œil de l'homme : mais lorfque la délicateffe de cette même partie m'a empêché de connoître sa structure, j'ay eü recours aux yeux des animaux, chez lefquels j'ay pris feulement ce qui pouvoit me fervir pour l'expliquer, & pour tout le refte je l'ay entiérement négligé, comme m'étant inutile.

Si mes fentimens ne s'accordent pas toûjours avec ceux des Anatomistes, on en jugera avec équité: je n'ay point crû être obligé de les fuivre en toutes choses. Je me fuis plûtôt attaché à ce que j'ay reconnu moi-même, qu'à ce que les autres ont écrit. J'ay embraffé leurs opinions, quand elles fe font trouvées conformes à la raifon & à l'experience, & lorfque j'ay connu quelles y étoient contraires, je les ay abandonnées.

J'ay eü auffi plus de foin d'etablir mes sentimens qu'a détruire ceux des autres: & fi je me fuis attaché à combatre quelques opinions, je ne l'ay fait que parce quelles font reçeües fans beaucuup de fondement par nos Anatomiftes modernes. Je n'ay pas

affez de préfomption pour croire que je ne me fois point trompé dans mes raifonnemens, & pour me perfuader que rien ne me foit échapé. Au contraire, je ne doute point qu'on ne puiffe raifonner plus jufte, & qu'on ne puiffe faire encore d'autres découvertes fur cette partie. Mais quand cela arriveroit ; j'auray au moins cette confolation, de n'avoir rien négligé pour pouffer autant loin que j'ay pû l'anatomie de l'œil.

A l'égard de l'explication que j'ay donnée de la vüe; on pourra peut-être dire, que pour un Anatomiste j'ay trop raporté d'expériences d'optique, & que je me fuis trop étendu fur cette matiére. Mais fi on confidere que les Chirurgiens font pour l'ordinaire si peu instruits de l'optique, qu'a peine en fçaveht-t'ils les termes : on jugera aifément que je ne pouvois pas en moins dire pour leur rendre fenfible l'ufage des parties principales de l'œil; & pour leur faire concevoir dans la fuite les fymptomes de quelques maladies. Ceux même qui font les mieux inftruits de cette fçience, ne feront peut être pas fachez de voir la methode que j'ay obfervée, en ne propofant que des expériences fimples, claires, & faciles à faire; & qui cependant prouvent affez évidemment les principes dont je me fuis fervy pour expliquer la vue, & qui ne font autre chofe que les conféquences que j'ay tirées de ces mêmes expériences.

J'ay, ce me semble, assez justifié la conduite que j'ay tenue pour décrire l'œil, & pour expliquer

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la vüe. Il est tems que je décrive toutes les maladies dont cet organe eft affecté, que j'enfeigne les remedes qui leurs conviennent & que j'explique les operations qui se pratiquent pour les guérir.

Fin de la defcription de l'Oeil.

DE

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Contenant les maladies du Cristallin, connües vulgairement sous le nom de Cataractes.

Diverfes opinions fur la nature de la Cataracte & quelques réfléxions fur ces opinions.

CE

CHAPITRE I

Eque les Grecs apellent Hypochyfis, ou Hypochy ma, les Arabes Gutta obfcura; ou Caliginofa, Ics Latins Suffufio, eft une feule & même maladie, connüc vulgairement fous le nom de Cataracte.

Prefque tous nos Auteurs depuis Galien jusques à present, difent que la cataracte eft un amas d'humeur fuperflüe, lente & épaiffe, qui fe congele & s'endurcit comme une pellicule dans l'humeur aqueufe, felon quelques-uns, entre la cornée & le cristallin, & felon, d'autres, entre l'uvée & le cristallin, & qui empêche

la vie.

Cequi les a fait tomber en cette erreur est l'opinion fauffe en laquelle ils étoient, que le cristallin étoit le principal inftrument de la vie, & par consequent abfolument néceffaire pour voir.

J'ay déja réfuté cette opinion au chapitre 22. de la

defcription de l'œil, ou j'ay fait voir qu'il ne fervoit que pour mieux voir : & dans la fuite en parlant des cataractes vrayes, je raporteray des obfervations qui prouveront encore plus fortement la fausseté de cette opinion.

Constants dans cette opinion, ces Auteurs n'ont jamais pû s'imaginer que la cataracte fût une maladie du cristallin, parce que cet obftacle étant détourné, les malades voyoient. Et c'eft fans doute cette raifon qui les a induits à s'éloigner du fentiment des plus anciens Medecins, quoique plus conforme à la verité.

Que nos plus anciens Medecins ayent crû que la cataracte fût une altération du cristallin, Galien m'en sera un auteur non suspect. Il dit au chapitre 12. de la particule 4. de fon livre, De oculis de fon livre, De oculis, en parlant de la cataracte, Hujus aquæ color eft diverfus : quædam enim aëri, quædam vitro affimulatur, alia eft quafi album habens coloalia quafi cœli colorem, alia quafi viridem, alia quafi venetum : unde antiqui cataractas, veneticos oculos, appellaverunt : fed differentia eft, quia venetici oculi duobus modis fiunt, vel propter aquam, fi nimiùm fuerit coagulata: vel propter fivitatem, quam patitur cristallinus.

rem,

Oribafe qui eft venu long-tems apres Galien s'en eft expliqué encore plus nettement au chapitre 47. du 8. livre de fon abregé de Medecine. Glaucoma, dit-il, & fuffufionem veteres unum eumdemque morbum esse existimarunt: pofteriores verò glaucomata humoris glacialis, qui ex proprio colore in glaucum convertatur, & mutetur, morbum eße putaverunt : fuffufionem verò eße effufionem humorum inter uvêam

cryftalloidem tunicam concrefcentium: cæterum glaucomata

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